KaBoum! Ça Boume!
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| En Brassant le Couscous... suite | |
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DMaudio Admin
Nombre de messages : 2416 Age : 73 Localisation : Montréal Date d'inscription : 19/12/2008
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Sam 14 Fév - 13:19 | |
| Le beauPierre FogliaLa Presse Le 12 janvier 2007, c'était un vendredi, un peu avant huit heures du matin à la station de métro L'Enfant Plaza à Washington, D.C. Un type avec une casquette de baseball s'est installé dans la galerie en haut des escaliers mécaniques d'où émergent les gens qui sortent du métro, et là, adossé au mur, à côté d'une poubelle, entre un marchand de journaux et le stand d'une cireuse de souliers, le type s'est mis à jouer du violon. C'était l'heure du rush vers les bureaux des tours voisines où logent différents ministères fédéraux, dont celui du Commerce et celui de l'Énergie. L'étui du violon était ouvert aux pieds du type pour que les gens, en passant, jettent des sous dedans. Le type a commencé à jouer la Chaconne de Bach, une des plus belles pièces de musique jamais écrites de toute l'histoire de l'humanité; une des plus difficiles à jouer aussi, ce n'est pas moi qui le dis. Je n'ai jamais entendu la Chaconne de ma vie et je ne pense pas que j'aimerais ça; quand y'a pas des guitares électriques qui jouent lourd et profond, comme Foreigner mettons, j'aime pas ça. Le type qui jouait dans le métro n'était pas n'importe qui, c'était Joshua Bell. Actuellement le plus grand, le plus doué, le plus génial des violonistes; ça non plus ce n'est pas moi qui le dis, je n'avais jamais entendu son nom avant de lire cette histoire. Donc, le type n'était pas n'importe qui, et son violon n'était pas n'importe quoi, mais un stradivarius fabriqué par Antonio Stradivari lui-même en 1713. Prix de la chose: trois millions et demi. Après la Chaconne, le type a joué l' Ave Maria de Schubert, puis une pièce de Massenet, pour revenir finalement à Bach, une gavotte. Joshua Bell a joué 45 minutes. Quarante-cinq minutes de pure beauté. On sait par un jeu de caméras cachées que 1070 personnes sont passées à côté de lui. Vingt-sept ont jeté de la monnaie dans l'étui du violon, la plupart machinalement, en passant sans s'arrêter, tiens toé! pour un total de 32$. Juste pour le fun, quand Bell joue en concert, il est payé autour de 1000$ la minute. Une seule personne sur 1070, une employée du ministère du Commerce, Stacy Furukawa, a reconnu Bell, stupéfiée qu'il joue dans le métro, mais plus encore stupéfiée que personne ne le reconnaisse, ne le salue, n'arrache son t-shirt. O my gosh! What kind of a city do I live in that this could happen? Traduction très libre: serait-il possible que je vive dans un monde d'abrutis? Mais le chiffre intéressant, celui qui va au coeur de l'expérience: sur 1070 personnes, sept seulement se sont arrêtées de faire ce qu'elles étaient en train de faire pour jouir de cette pure beauté qui les avait saisies. Cette expérience a été menée par le Washington Post, dont on peut lire le reportage et voir la vidéo sur le Net. C'est, de toutes mes lectures confondues des trois derniers mois - essais, romans et poésie -, la plus vivifiante. La plus surprenante aussi. On n'attend pas cela d'un quoditien. Oui, oui, on attend qu'il déguise un maestro en guenillou, le fasse jouer dans le métro et dise: vous ne l'avez pas reconnu, bande de nonos. Ça oui, ça se fait beaucoup. Mais cette recherche que le Washington Post a menée à travers son reportage sur la beauté - la beauté transcende-t-elle toujours l'instant? -, les renvois à Platon, à Kant et David Hume, ça non, c'est pas dans les journaux d'habitude. Cela dit, je n'embarque pas avec leurs conclusions; surtout avec celle, très américaine, qui avance que les innocents - les enfants donc - seraient plus immédiatement sensibles à la beauté. Les caméras montrent que tous les enfants de l'expérience ont manifesté un intérêt en passant près de Bell. Parce que spontanément sensibles au beau, concluent les auteurs de l'expérience. Moi je dis parce que amusés, distraits par l'événement. Je dis même exactement le contraire. Que le beau n'a rien à faire avec l'innocence. Et je vous entends hurler d'ici, je dis que le beau vient plus aisément aux gens intelligents qu'aux autres. Le beau est affaire de goût bien sûr; or, le goût est une disposition de l'intelligence - le nec plus ultra de l'intelligence (Rimbaud). Sept personnes sur 1070 ont montré une forme de goût, cela correspond plutôt bien à la moyenne des ours. Le beau est très difficile - c'est d'ailleurs pour cela que le bien l'a remplacé; le bien est à la portée de n'importe quel abruti, avec 25 sous tu fais le bien. Si j'étais descendu ce matin-là à la station L'Enfant Plaza, je n'aurais pas entendu la Chaconne parce que j'aurais été en train d'écouter Foreigner dans mon iPod, Bam, bam, don't give a dam, bam, bam, do you? Ai-je bien cité Rimbaud, le nec plus ultra de l'intelligence? Et oui, aussi, j'aurais jeté 25 sous dans l'étui de ce pauvre mec sans même le regarder. LA BEAUTÉ ENCORE. MAIS AUTREMENT - Le grand gagnant du Westminster Dog Show de New York, qui avait lieu cette semaine, est un épagneul curieusement âgé de 10 ans. Jamais n'avait-on vu un aussi vieux chien remporter le grand prix d'une aussi prestigieuse exposition canine. C'est un peu comme si le titre de Miss Univers était remporté cette année par une femme dans la cinquantaine... Attendez un peu, vous, là. Vous me faites penser. Je connais une fort jolie femme justement dans la cinquantaine et qui a de l'épagneul les oreilles un peu grandes et soyeuses... Fiancée? Coâ? À bien y repenser, elle a plus du corbeau que de l'épagneul. Fiancée? Coâ? Oublie ça, tu ne voudras pas de toute façon. Tant qu'à dire des folies, savez-vous pourquoi le chien est le meilleur ami de l'homme? C'est Tonton, un de mes sept chats, qui m'a demandé ça l'autre jour. Il n'est pas censé parler, je sais bien, mais bon, ça lui est arrivé juste cette fois-là; depuis la mort de Picotte, Tonton est mon chat préféré, j'aime bien le prendre dans mes bras, le papouiller, le coller sur ma joue. C'est dans cette position que l'autre jour il m'a dit à l'oreille: sais-tu pourquoi le chien est le meilleur ami de l'homme? Non, Tonton, je sais pas. Parce que les chats ne voulaient pas, calvaire! Lâche-moi! | |
| | | DMaudio Admin
Nombre de messages : 2416 Age : 73 Localisation : Montréal Date d'inscription : 19/12/2008
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Sam 21 Fév - 12:49 | |
| Des pervers?Pierre FogliaLa Presse Vous entendre parler de Wolfe, de Montcalm et de cette partie de votre histoire que vous appelez «La Conquête» me renvoie en courant à mon statut d'immigré. Soudainement, je ne veux plus être d'ici, je ne veux même pas entendre ce que vous dites.Je ne connais pas un autre peuple qui ait autant besoin d'Histoire que vous, non pour s'en éclairer ou s'en libérer, mais pour s'en irriter encore et encore, s'en oppresser toujours un peu plus. Dans La Vigile du Québec, Fernand Dumont parle d'un peuple qui a grandi dans «l'obscurité historique». Vous connaissez ma trivialité, je parlerais plutôt d'un gros bouton sur le front que vous vous plaisez à vous regratter régulièrement au sang.Mais ce n'est pas du tout ce que je voulais dire à propos de la reconstitution de la bataille des plaines d'Abraham. Je me fous que cette bataille ait été une grande défaite ; ce que je trouve complètement débile, moi, c'est de reconstituer une bataille, n'importe quelle bataille. Gagnée ou perdue, j'en ai rien à foutre, ce que je trouve niaiseux tout autant que cette mode des spectacles moyenâgeux, c'est de se prêter à des bouffonneries touristico-historiques.Vous saviez, vous, qu'il existe à Ottawa cette chose incroyable que l'on nomme la Commission des champs de bataille nationaux? Moi pas. Je vous rappelle que notre grand et beau pays, le Canada, n'est pas foutu de se donner un ministère de la Culture qui porte courageusement le nom de ministère de la Culture du Canada, mais il se vante d'une Commission des champs de bataille nationaux!Vous saviez, vous, qu'il existe des gens, des adultes, des pères de famille, des plombiers, des chefs de bureau, des barbiers, des policiers, peut-être même des journalistes qui font partie de corps civils rassemblés tout exprès pour reconstituer des batailles? Pour composer des tableaux vivants qui vont faire revivre les grandes boucheries de l'Histoire?L'Histoire n'a rien à faire ici. Ni la culture. Ils sont dans la plate figuration, dans l'émoustillement au son du fifre et du tambour. Sont tout à la joie de se déguiser en hussard, en grenadier, en zouave, en bachi-bouzouk portant tricorne, molletières, tunique rouge fendue au cul, et vont s'exposer par de beaux samedis après-midi à la fausse mitraille, ah je meurs, et de s'abattre dans l'herbe en se tenant le coeur.Dites-moi, sont-ce d'incultes naïfs qui s'imaginent servir l'Histoire? Ou des pervers qui s'excitent à enfiler l'habit du zouave et qui le soir retournent sur les Plaines, cette fois déguisés en infirmière?Ira-t-il au cégep?Pourquoi n'a-t-on pas aidé David? se demandait une dame dans notre page Forum, l'autre jour. Elle ne comprend pas pourquoi ses amis ne l'ont pas défendu, pourquoi ses tourmenteurs n'ont pas été sanctionnés avant, pourquoi les parents, pourquoi l'école, pourquoi, pourquoi.Elle parle de ce garçon de 14 ans, David Fortin, disparu depuis une semaine, qui était le souffre-douleur de son école à Alma.Pourquoi n'a-t-on pas aidé David? C'eût été une bonne question il y a 15 jours, sauf que, il y a 15 jours, elle ne se posait pas. Il y a 15 jours, le jeune David était un enfant rejet comme des centaines d'autres dans les écoles du Québec, du Canada et d'ailleurs. D'ailleurs, il recevait de l'aide. Pas assez? Qui peut le dire?C'est un vieux thème qu'ont traité souvent la littérature (Les désarrois de l'élève Törless - Musil) et le cinéma. Même moi, comme journaliste, j'y ai touché quelquefois, un sujet éprouvant qui va touiller au plus glauque de l'homme et de sa fiancée.Pourquoi n'a-t-on pas aimé David? C'est déjà une bien meilleure question.Parce que c'était un rejet. Le rejet, dans une école, fait l'objet d'une sorte d'activité parascolaire et carnassière. En tout cas, il n'est pas là pour qu'on l'aime; il est là pour qu'on le fasse chier.Je me souviens parce que je l'ai déjà écrit pour illustrer le même sujet : je suis chez des amis, leur fille de 12 ans me parle d'une autre fille en me précisant, sans aucun état d'âme, que cette fille-là est le rejet de l'école.Pourquoi c'est le rejet?Parce qu'elle l'a pas.Elle a pas quoi?Elle l'a pas! Tu comprends pas ce que ça veut dire? Elle l'a pas, c'est tout.Ça vaut toutes les explications de tous les psys que j'ai entendus toute la semaine. Je vais vous raconter un truc un peu épouvantable. À trois reprises au cours des dernières années, des parents m'ont téléphoné pour me parler de leur enfant rejet. Les trois fois, je les ai rencontrés. Les trois fois, ils me sont tombés sur les rognons quelque chose de rare. Et quand j'ai rencontré les enfants, même réaction épidermique, même épouvantable lien: Ah! c'est pour ça!Je ne suis pas en train de vous dire qu'on est rejet de mère en fils. Je ne suis pas en train de vous dire que lorsqu'on est rejet on a juste à prendre son trou. Je vous dis qu'un rejet est un petit malaise ambulant.Pourquoi n'a-t-on pas aimé David?Parce qu'il voulait trop qu'on l'aime.Lucas, aujourd'hui monteur de lignes, me raconte: Je voulais trop. S'il y a un mot que tu peux accoler aux rejets c'est bien celui-là: trop.Sauf que c'est un mot qu'on peut aussi accoler à tous les ados, non? Trop d'hormones, trop d'intensité, trop de fébrilité?Justement. C'est aussi le but ultime de leur game: cacher cette intensité, cette fébrilité, avoir l'air cool. Le rejet, c'est celui qui n'arrive pas à avoir l'air cool. Plus il essaie, plus il est ridicule. Moins il est cool. Plus on le niaise.Lucian (d'origine roumaine), aujourd'hui à l'Université McGill: à un moment donné, à mon école, tout le monde s'est mis à apprendre par coeur les répliques d'Elvis Gratton. Alors moi aussi. Mais j'avais un petit accent et je zozotais un peu. C'est allé aussi loin que de me forcer à donner un show au salon des étudiants. Ce fut un freak-show, bien entendu. J'étais devenu plus pathétique qu'Elvis Gratton.Ça s'est fini comment?Ça ne s'est pas fini avant le cégep. Tous les rejets, le soir, rêvent du cégep.Pourquoi David est-il parti?Pour quelques-uns, le cégep est bien loin. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Sam 21 Fév - 13:16 | |
| He bé.... Surtout, que Monsieur Foglia evite la France; non seulement nous sommes des acharnés de la reconstitution historique et des Medievales à toutes les sauces (guerrière, religieuse, artistiques et vie quotidienne) mais en plus, on a meme des endroits où se jouent tous les ans de grandes bagarres de l'Histoire -il faut dire que les français ont occupé une grande partie du dernier millenaire à se mettre des peignées-, mais parfois meme sur des lieux qui s'appellent Castillon-la-Bataille. Nous on peut, remarque; on a un ministere de la Culture ----------------------- "Pourquoi n'a-t-on pas aimé David? C'est déjà une bien meilleure question."Mais si, on aime David ! On l'aime beaucoup meme (hein, les autres ?) ! Blague à part, ici, quand un enfant est la risée de sa classe, on ne dit pas qu'il l'a ou qu'il ne l'a pas, mais qu'il l'est ou qu'il ne l'est pas. Populaire. Ce n'est pas de la bonne psychologie, c'est simplement l'effet "troupeau". Si un populaire, celui qui attire spontanement l'admiration de ses condisciples, dedaigne ou moque un timide, un qui ne sait pas trop se defendre, on peut etre tranquille, les moutons de la classe suivront sans se demander pourquoi. Un gamin, pris individuellement, est potentiellement un diamant, mais en groupe, ils sont d'autant plus sots qu'ils n'ont pas encore appris les codes des adultes pour eviter de trop manifester leur rejet. Je ne rejoins pas du tout monsieur Foglia -qui s'en fout d'autant plus qu'il ne sait meme pas que j'existe- dans son analyse de "malaise ambulant", parce que les vilains petits canards d'une année peuvent etre parfaitement integrés l'année suivante (de preference dans un autre college ou lycée). Mab -monsieur Foglia eut mieux fait de s'en prendre aux vilains petits quonnards, hein, ceux la ont beaucoup moins de chances de changer un jour- |
| | | Lise2cc
Nombre de messages : 312 Localisation : De l'autre coté de la Grande Mare Date d'inscription : 01/01/2009
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Sam 21 Fév - 13:24 | |
| Mab, ici aussi, c'était la grande mode, la popularité. Ca continue, d'ailleurs, c'est devenu une institution. Ca s'appelle aussi 'LE PEER PRESSURE ", ça dit bien ce que ça veut dire : et ça nous a donné Colombine, il y a quelques années.
je reste persuadée qu'on peut résister au perr pressure. On peut le démolir, on peu le faire disparaître. mais il faudrait, ici encore, s'y mettre à tous. Au lieu de clea, que faisons-nous ? on en rit, on en ecrit un article, on fait de l'es[prit, on ne le prends pas au sérieux : le gamin s'en apperçoit, il est encore plus désespéré, il disparaîet et là, tout le monde pleure : ça devient dramatique Faudrait ouvir les yeux avant d'entrer dans le pilier du pont.
Je vous ai éjà dit que j'étais contre les étiquetages, quels qu'ils soient ? | |
| | | Karoli
Nombre de messages : 1677 Localisation : Montréal Date d'inscription : 06/01/2009
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Sam 21 Fév - 16:42 | |
| C'est bien triste l'intimidation à l'école. Il y a vraiment des enfants qui en restent traumatisés pour la vie ou presque. C'est que derrière l'intimidation, il y a celui de l'éducation des parents et de leur responsabilité parentale et sociale. Un parent pas éduqué ne peut donner ce qu'il n,a pas. Et l'école .... la seule institution sociale qui reste au Québec et qui serait susceptible d'interagir pour aider à contrer le phénomène. Ben, callez vos tuques jusqu'aux yeux parce que vos attentes sont franchement irréalistes. 1- Les responsables, directeurs, profs de tout acabit, ne bougeront pas. Pourquoi ? Pour éviter les poursuites judiciaires ou, pire encore, les accusations de racisme. Quand deux enfants se chamaillent, on appelle cela une chicane. Quand un Noir et un Blanc se chamaillent, c'est un cas de racisme inévitablement ! Et par dessus tout .... chut ...que l'affaire n'arrive pas dans les journaux ! Ainsi, le directeur poura toujours dire qu'il n'était pas au courant, la belle affaire ! 2- Les directeurs n'ont pas assez d'argent pour poursuivre des parents irresponsables et ne veulent pas s'occuper des cas de taxage, d'intimidation, de chicanes où, malheureusement, ils n'ont aucune solution à proposer, sauf le renvoi de l'élève qui reviendra crever les pneus des profs ... casser des vitres .... causer des dommages à la propriété du directeur ou chez les profs ... ou s'en prendre aux enfants de ceux-ci .... Rien de moins ! 3- Dans ces cas-là, le directeur ne peut nullement compter sur le soutien moral, financier ou juridique de la Commission scolaire. La solution ? laissez aller les choses, s'il arrive un malheur tout éclatera dans les journaux, les bonnes gens s'indigneront et les directeurs se croisent les doigts et espèrent que des mesures draconniennes seront mises en place pour contrer le phénomène. On attend probablement un Colombine ! C'est triste, hein. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Sam 21 Fév - 18:08 | |
| « Un parent pas éduqué ne peut donner ce qu'il n,a pas. »
Ça s'apprend Karoli.
Mes parents n'ont pas su me donner confiance en moi. Quand mon fils est né - et non souhaité, il est advenu -, je n'ai pas eu longtemps à réfléchir : je devenais responsable un peu de cette vie-là. Dès bébé (il avait six mois), je fus celui qui l'accompagnerait jour après jour durant la semaine ouvrable de ma carriétiste d'épouse. J'ignorais alors que la « journée » s'étalerait entre 6 h 30 du matin à 22 heures du soir, cinq jours semaine. Pas grave, j'ai appris à m'adapter, même si ce n'est pas tout le temps aisé.
Bébé, je l'observais FAIRE et je décidais dans l'instant ceci : si je le laisse s'aventurer, ne risquerait-il pas quelques bobos ? Ma logique était : on apprend de nos erreurs. Il avait 2 ans à peine le jour où il se mit en tête d'utiliser une perceuse électrique. Que fut son premier geste, crois-tu ? Évidemment de saisir de sa main gauche (il était droitier) le mandrin, la partie tournoyante de la perceuse électrique. Il fut fort surpris ! Je savais qu'il le saurait. Mais on n'apprend jamais mieux que de ses erreurs. Jamais plus il a saisi l'outil électrique par le mandrin.
Idem avec les prises de courant. On ne fout pas une pince à cil dans ses deux ouvertures, ça déclenche un choc électrique. Le fiston le fit UNE FOIS, curieux comme il était (et qu'il est resté) d'explorer son environnement. Des boulettes grises (de métal fondu) ont surgi de la prise du courant et ont semblé lui courir après, je l'entends encore hurler son épouvante, le voyant reculer devant l'assaut. Plus jamais il taquina une prise de courant. Et plus jamais, après une expérience vécue par plusieurs, tint-il une prise mâle les doigts sur les deux pattes de métal à insérer dans la prise de courant.
L'éducation de la confiance en soi se fait de même façon rationnelle : tente ta chance et... si tu rencontres un mur, je te dirai : apprends le pourquoi et PERSISTE. T'es capable pas parce que tu le veux, mais parce que tu le PEUX. Saprée nuance. Pour savoir si tu le peux, essaie encore en tablant sur tes erreurs.
Un enfant apprend vite. Très vite. Suffit de le mettre en confiance, de lui faire comprendre que s'il rate une fois, il ne sera pas jugé négativement. Il pourra essayer à nouveau.
Mes parents ne me l'apprirent pas, ils avaient la CONCLUSION explosive. Si tu réussis pas dès le premier coup, c'est que tu es un bon-à-rien. J'ai préféré une autre pédagogie.
Mais Dieu que c'est bête, ce que j'ai réussi à bien inculquer à mon enfant, à moi-même, je ne le réussis pas aussi bien. Il reste un nesti de doute, tout le temps. Ce qui me fait croire que le doute « appris » au début (doute concernant soi-même, sa capacité de réussir) demeure à jamais présent. Au contraire, si l'enfant, cette toise vierge (quasiment), apprend à se surpasser, ça lui reste à vie. Comme le doute...
Voilà la réalité de l'engin humain. La poésie n'y changera rien, sinon de masquer cette inéluctabilité. On est ce qu'on a appris à l'abord de nos jours.
Voilà la terrible responsabilité des parents, les premiers pédagogues du bébé. L'école ne pourra défaire ce qui a été fait, seulement le lustrer. |
| | | Karoli
Nombre de messages : 1677 Localisation : Montréal Date d'inscription : 06/01/2009
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Dim 22 Fév - 11:32 | |
| Voilà la terrible responsabilité des parents, les premiers pédagogues du bébé. L'école ne pourra défaire ce qui a été fait, seulement le lustrer. et surtout continuer dans la même veine ! Ça, c'est l'enseignement idéal, ce dont rêve tous les profs. Quand tu dois éduquer le parent, recommencer l'éducation de l'enfant et que tu dois en plus l'instruire ... Chose, t'as une job de missionnaire qui aboutira à l'échec : y a une limite à demander l'impossible. Kog, as-tu déjà réfléchi aux dérives de la maladie mentale. Elle n'envahit pas l'individu le matin de ses 18 ans ! Ça commence peu à peu, à un moment donné, ça progresse, des attitudes asociales apparaissent et puis, il y a un comportement erratique qui s'installe... Comment tu distingues l'ado hyper actif, du déprimé, de l'enfant en téflon, de celui qui a le syndrome de la Tourette qui te crache en pleine face à chaque fois que tu lui demandes de répondre, de celui dont la maladie mentale est en évolution .... Hein ? L'enseignant est un pédagogue : il a appris à dire, en choisisssant, des mots compris par un enfant de cet âge pour lui expliquer des notions difficiles. L'enseignant n'est un pédopsychiatre ! | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Dim 22 Fév - 11:57 | |
| « Kog, as-tu déjà réfléchi aux dérives de la maladie mentale »
De toujours et encore.
JeMeMoi. Nous naissons dans la schizophrénie - en tout dans la schizoïdie. Le Je est inéluctable, c'est ce poupon-là. Le Me est déjà en place, comme une part naturelle de l'instinct de conservation, de défense, d'appropriation aussi.
Reste à compléter le Moi. Mais déjà le Je est stoppé dans la marche vers le Me, il n'y a pas que sa volonté en jeu, d'autres volontés l'environnent, avec des intérêts parallèles, convergentes ou, hélas, divergentes aussi. Le JeMe ne l'aura pas facile, pour construire son Moi.
De fait, le Moi est une résultante entre le Je proposant son Me et la réaction de l'entourage à cette affirmation. On nait « Homme » mais on a à l'apprendre, l'Homme laissé à lui-même... d'abord ça ne se peut pas, le poupon ne survivrait pas. Même abandonné à lui-même à 2 ans, alors qu'il sait marcher suffisamment pour exploiter (fort relativement) son environnement immédiat, il ne saurait pas construire un « Homme », il se tournerait instinctivement vers la « nature », il serait plus près de l'animal que de l'Homme « éduqué ».
Le bébé alligator ne prend que quelques minutes pour être alligator (mais il ne fait peur à personne encore, trop petit, le mignon bien denté pourtant), le bébé gazelle quelques petites heures pour être solide sur ses pattes véloces, le bébé humain prend de longues années pour apprendre son « texte existentiel ». Abandonné trop vite, il se réfugie dans la nature animalière, vers ce qui est commun à tous, vers l'acte spontané inscrit dans la chimie biologique. On ne devrait pas dire « animalière » mais « naturelle ». Non éduqués, on reste néanmoins naturels.
Quand on dit : « Je suis moi ! », on affirme un résultat plutôt aléatoire. On peut encore en être fier, on n'a rien d'autre à proposer. Faut faire avec. Le meilleur outil pour « évoluer », pour consolider, pour personnaliser ce JeMeMoi, est alors une conscience éveillée. Ça s'adonne qu'on n'en trouve pas chez Réno Dépôt, en spécial ou pas ! Pis de toute façon, ce qui a été fait ne peut être qu'apprivoisé, pas défait.
Le naturel est une compulsion, pas une suggestion qu'on peut déporter du revers de la main. |
| | | DMaudio Admin
Nombre de messages : 2416 Age : 73 Localisation : Montréal Date d'inscription : 19/12/2008
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Ven 27 Fév - 7:18 | |
| Les rejets, les lettresPierre FogliaLa Presse Savez-vous, monsieur le chroniqueur que si l'on pouvait vous faire entrer dans la peau d'un adolescent d'aujourd'hui, vous seriez le plus grand rejet qu'on n'aurait jamais vu? Votre accent, vos lunettes franchement nulles, votre intelligence un peu rugueuse, et en plus vous lisez des livres! ... C'est plus qu'il n'en faut pour se faire insulter tous les jours, 181 jours par année, pendant 5 ans dans n'importe quelle polyvalente du Québec. R, 20 ans, étudiant en droit Comme je l'évoquais samedi, le rejet est de toute éternité, de toutes les communautés, de toutes les armées, c'est souvent sur le dos du rejet que se solidifie le groupe. Attendez que je me souvienne: ai-je été moi-même rejet? Je ne leur en ai jamais laissé le temps. J'ai toujours pris le groupe de vitesse, je l'ai toujours rejeté en bloc avant qu'il me rejette. Refaire la même chose aujourd'hui? Je me ferais lyncher. En ce temps-là régnait dans les écoles une lourde autorité, des règles, des interdits, des contraintes, des sanctions souvent tyranniques, tout cela était peut-être du fascisme comme on l'a un peu vite dénoncé en mai 68. N'empêche que cette soumission obligée à l'autorité empêchait la barbarie dans l'école et ses alentours. Plutôt que sur le dos du rejet, le groupe se solidifiait sur celui des maîtres de discipline. Rien de neuf dans le mécanisme du rejet, ce qui est neuf, c'est cette pathogène impuissance des directions d'école, incapables qu'elles sont de gérer leur cour et les alentours. Nouvelle dynamique, nouvelle ère, l'école est malade de son refus de sanctionner. Chercher à comprendre quand il faudrait exclure, discutailler avec des petits tortionnaires, les excuser, leur donner une dernière chance... Écoutez-les les pédagogues, écoutez-les depuis la disparition du petit David nous asséner à pleins micros: tolérance zéro. Mon cul. Ils tolèrent justement n'importe quoi plutôt que de sanctionner et d'exclure. Sont prêts, sans qu'on sache très bien si c'est par pédagogie ou pour avoir la paix, sont prêts à tolérer cette jungle qu'est devenue la cour de l'école, une jungle où les règles sont dictées par des babouins tarés qui ont la haine de l'étude. Les tourmenteurs du petit David étaient connus. Ma question: et ils continuaient de tourmenter? Vous disiez dans votre chronique que les rejets sont «trop». Pas toujours, monsieur, pas toujours. À l'école où je suis allé à Granby, une des ces écoles qui traînent dans le fin fond du classement annuel de L'actualité, pas besoin d'être trop pour se faire écoeurer. Il suffisait d'être appliqué dans ses études, il suffisait d'être surpris à parler à un rejet, parfois même pour absolument rien, et adieu tranquillité pour les cinq prochaines années. Vous pensez que j'exagère? Savez-vous pourquoi tant d'élèves vomissent avant un exposé oral? Parce qu'il va falloir performer devant le prof? Non. Parce qu'il va falloir se montrer, se révéler devant les cools défoncés comme d'habitude qui vont peut-être mal prendre que l'on parle d'un livre que l'on a aimé, que l'on pratique un autre sport que le hockey, que l'on est allé au musée avec ses parents... Je vais vous dire quelque chose d'infiniment triste, monsieur le chroniqueur: pour avoir la paix avec ses congénères à l'école d'aujourd'hui, il vaut mieux ne pas trop montrer que l'on sait lire, écrire et surtout réfléchir. R, le même, étudiant en droit Afghanistan J'avais 11 ans M. Foglia. Je m'en souviens comme hier. Représentez-vous un petit garçon de 11 ans. Pas bien gros, pas bien grand. C'était ma première journée au Collège Laval. T'es fif toi? Deux ou trois imbéciles. Hé, réponds on te parle, t'es fif ou quoi? Je l'étais bien sûr. Mais je ne le savais pas encore. 11 ans, rien ne pressait il me semble. Je l'ai su quand même ce jour-là. Ma vie a changé dans l'instant. Fif. La condamnation ultime. J'étais fini. Ça été l'enfer. 20 ans plus tard les cicatrices sont toujours là. Heureusement j'ai reçu de l'aide, mes parents notamment ont été parfaits. J'ai entendu que le jeune David Fortin, celui qui a disparu à Alma, lui aussi se faisait traiter de fif. Quand je me revois à 11 ans, quand je pense à David curieusement je pense à... l'Afghanistan. On nous dit que nos soldats combattent là-bas l'intolérance. François Il y avait un reportage l'autre soir à Radio-Canada sur une école à New York pour gais et lesbiennes seulement. Pour ou contre, nous demandait-on à la fin. Contre! Contre pour toutes les bonnes raisons d'intégration que l'on devine, il me semble que l'école est précisément le lieu où apprendre à reconnaître les différences. Oui, mais pour les tout-petits qui ne peuvent pas se défendre? OK d'abord, je suis d'accord pour des pouponnières pour gais et lesbiennes. Le grain Mon secondaire un s'était bien passé, en secondaire deux (à Stanislas), du jour au lendemain je suis devenu lépreux. Un rejet en règle. Ça a duré toute l'année, des fois j'allais pleurer tout seul dans une classe. Je n'étais pas laid mais j'avais, j'ai toujours, une mâchoire légèrement prognathe, et c'est ce que j'ai entendu un milliard de fois cette année là: crisse de guenon, crisse ton camp. Ça a arrêté comme ça a commencé, sans raison. Charles Dans Les Bienveillantes, l'auteur, Jonathan Littell fait passer l'horreur absolue des camps nazis par des hommes ordinaires, par des fonctionnaires qui comptabilisent les portions des prisonniers, par les aiguilleurs des trains qui s'arrêtaient aux portes des fours, par des fabricants de béton, par des secrétaires. Par la foule, c'est-à-dire par le sable grain par grain. Grain par grain. Crisse de guenon, crisse de fif, criss de juif. Le comble Je m'appelle Audrey, je suis un ancien «rejet». J'étais rousse, grassouillette, peu douée pour les sports... Rousse et rejet! Mon dieu comment est-ce possible? C'est bien ce que je vous disais, des barbares. | |
| | | Lise2cc
Nombre de messages : 312 Localisation : De l'autre coté de la Grande Mare Date d'inscription : 01/01/2009
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Ven 27 Fév - 9:03 | |
| la différence : tout est là . Si on ne rentre pas dans le moule, on est foutus. N'importe quoi, et qui que nous soyons.
Oui, des barbares.
Merci à toi, David, et à Foglia. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Ven 27 Fév - 9:08 | |
| - DMaudio a écrit:
- "J'étais rousse, grassouillette, peu douée pour les sports..."
Rousse et rejet! Mon dieu comment est-ce possible? C'est bien ce que je vous disais, des barbares. Monsieur Foglia, vous raisonnez avec vos pieds ou vous le faites exprès ? Dans "Rousse et grassouillette", depuis le seconde moitié du XXe siecle, ce n'est pas "rousse" qui provoque le rejet... Ecole catholique, automne 1981, en France. Un changement de classe, à la rentrée, plus de copains sur le banc d'à côté et faute de lecher les bonnes bottes, on devient vite paria dans sa classe. Il faut attendre les récrés pour retrouver les ami(e)s, ne pas connaitre le prof dont ils parlent, devenir une piece rapportée, etre la laissée pour compte des binomes en sport et en biologie (nan, on court pas en bio, on fait des experiences à deux... Comment pensez-vous que j'ai fait sauter le plafond du labo ?). Moquée ? Ah non, il faut exister pour cela, méprisée ? Non plus, quel interet d'en marquer pour l'ecoliere invisible (surtout celle qui montre perpetuellement les dents pour ne suuurtout pas devenir la petite chose affligée qu'elle voit dans d'autres classes) ? Tout juste quelques allusions à mon patronyme et au IIIe Reich -vieille habitude des mous du bulbes de peres en fille- lorsque j'osais lever la main. Deux trimestres pour etre acceptée, et simplement parce que je ne venais pas du groupe majoritaire de l'année precedente ! Ce n'est pas drole, monsieur Foglia, mais on survit jusqu'à l'année suivante. Et puis on ne va pas sulfater la meute, il ne resterait plus de francophones en ce bas monde On ne choisit pas toujours sa place, surtout à l'age où les adultes detournent le regard et où la cruauté est encore pardonnable, mais si quelqu'un connait le monde parfait où l'égalité absolue et l'acceptation universelle gommeraient les douleurs des exclus, hein, qu'il ne se gêne pas, qu'il raconte... Des classes pour les rejetons de gays ou gouines, monsieur Foglia ? Et pourquoi pas pour les enfants d'immigrés italiens à mauvais caractère ? Mab -faut pas deconner, Popov- |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Ven 27 Fév - 12:20 | |
| Au primaire, il y avait un gars un peu trop gras justement. Pas roux mais avec de grosses lunettes, pas sportif pour deux cennes et qui était toujours tiré à quatre épingles. Premier de classe il faisait le bonheur de tous les enseignants, la cible parfaite de ses petits camarades, quoi.
Nous avons partagé les même classes lui et moi jusqu'au secondaire. Et si je n'ai pas fait de lui ma cible personnelle, j'ai quand même été complice des stupides risées dont il a fait les frais. Bref.
Un jour à la polyvalente, alors que quelques centaines d'étudiants étaient regroupés dans le hall, il a fait une crise d'épilepsie. J'étais juste à-côté de lui et j'ai figé sur le coup comme tout le monde. Mais il y a une étudiante qui connaissait cette maladie et qui s'est précipitée pour le maîtriser. Elle a demandé de l'aide et...j'ai été celui qui a répondu à l'appel jusqu'à ce que des adultes interviennent.
J'ai perdu sa trace dès l'année scolaire suivante. Je me souviens encore aujourd'hui, et de son prénom et de son nom de famille. Toute un leçon. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Ven 27 Fév - 12:57 | |
| « Dans "Rousse et grassouillette", depuis le seconde moitié du XXe siecle, ce n'est pas "rousse" qui provoque le rejet... »
Ce que Pierre exprimait est le fait que les rousses le font bander (il n'est pas le seul). On ne rejète pas qui nous fait bander dès l'abord du regard comme du concept (elle est rousse) parce qu'elle n'a pas la ligne parfaite. Des gars n'aiment pas la couleur blonde, ça les fait moins bander même si la fille est splendide, ils accrochent sur la « couleur ».
J'ai fait toute mon école, moins une année (mon secondaire 5 - appelé 11e année dans le temps) avec un gars, premier de classe naturel, qui un jour me pointa une fille du doigt, la déclarant belle. Point à la ligne, est belle, stella. Un premier de classe doit savoir mieux raisonner (argumenter) qu'un dernier de classe. Je lui ai demandé en quoi il la trouvait belle car, en vérité, elle était assez peu joli avec son long visage étroit, son nez en couteau et une bouche à l'avenant. Elle était mince (comme beaucoup d'adolescentes du temps, McDo n'attirait pas encore les jeunes, qui buvaient relativement peu de boissons gazeuses car l'argent de poche était assez rare - voilà tout ; donc, ça aidait la bonne majorité, gars et filles, à être plutôt minces à l'adolescence, surtout bien sûr les sportifs).
Laurent me répondit, convaincu à souhait : « J'adore ses cheveux longs. » Ça te suffit donc à la trouver belle juste pour ça, de longs cheveux droits ? Oui, qu'il a dit, inébranlable.
J'en hoche encore la tête, environ 45 ans plus tard !!
Foglia a déjà souligné son « atavisme » pour les rousses - c'est notre Eddie locale ! Surpris est-il qu'on rejète une ROUSSE sous prétexte qu'elle n'est pas physiquement d'adon. Laurent aurait écrit : de beaux longs cheveux et grassouillette, que c'est barbare de la rejeter ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Ven 27 Fév - 13:21 | |
| Je ne peux pas parler à la place des garçons, mais pour ce que j'en ai constaté, surtout chez les jeunes, la couleur du poil interesse moins que la silhouette ou le visage.
Ensuite, les goûts et les couleurs... J'ai aussi ete stupefaite, parfois, de ce(ux) qui était declaré "plaisant", notamment des figures perpetuellement plongées dans la soupe à la grimace et qui malgré tout trouvaient à enchanter quelqu'un. Ce sont des mysteres chimiques qui depassent le stade de la beauté ou de la joliesse.
Mab, qui ne joue plus avec les eprouvettes |
| | | DMaudio Admin
Nombre de messages : 2416 Age : 73 Localisation : Montréal Date d'inscription : 19/12/2008
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Mer 4 Mar - 18:50 | |
| J'sais pas trop moi mais s'il y a du vrai dans ce qu'écrit Mab, moi ça fait quand même quarantes petites années que je craque pour une blonde, une vraie, pour sa voix, ses yeux et son odeur. Sa silhouette ? Pas vraiment bien que... C'est vrai que je suis pas mal ado attardé, immature et presque full hormones, voui ? | |
| | | DMaudio Admin
Nombre de messages : 2416 Age : 73 Localisation : Montréal Date d'inscription : 19/12/2008
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Mer 4 Mar - 18:56 | |
| La crise économique Pierre FogliaLa Presse La crise économique, c'est la faute des gens. Parce qu'ils ne consomment pas. Si les gens consommaient, il n'y aurait pas de crise économique. Les gens ne consomment pas parce qu'ils n'ont pas d'argent. Moi non plus je ne consomme pas. Pourtant, moi, j'ai de l'argent. En fait, la crise économique, c'est surtout de ma faute. Je m'excuse. Tous les jours à la radio ou à la télé, y a un type qui dit ça: la crise économique, c'est parce que les gens ne consomment pas. Je me sens coupable, vous n'imaginez pas. Je me sens comme un traître. Tous les jours, je me dis: faudrait quand même bien que j'aille acheter quelque chose pour aider l'économie. Attendez que j'y pense... Si on ne compte pas les livres, la dernière fois que j'ai acheté quelque chose, je ne niaise pas, c'était il y a deux mois dans une animalerie à Birmingham, en Alabama, une sorte de plumeau pour amuser Zézette, qui n'a même pas joué avec. 1,87$. Pur gaspillage. Jeudi, ma fiancée avait rendez-vous chez le dentiste à Saint-Jean. Je me suis lancé: j'y vais avec toi, j'ai dit. Pendant que tu seras chez le dentiste, je vais aller faire des courses. Elle n'aurait pas été plus surprise si je lui avais dit que j'allais me faire vasectomiser. Des courses! Où ça? J'ai répondu ce qui m'est venu: Chez Sears! Chez Sears! De quoi as-tu besoin? De rien. Hélas, la triste vérité. J'ai eu beau me creuser la tête durant le trajet auto, il ne me venait que des pensées négatives: pas besoin de toaster, pas besoin de parapluie, pas besoin de marteau, pas besoin de piscine hors terre (je ne sais pas nager), pas besoin de chemise, j'en ai déjà trois si c'est pas quatre. Pas besoin de meubles, un ami qui s'en va en Afrique vient de me donner son sofa, fait que je vais pouvoir jeter celui que m'avait donné ma belle-soeur voilà quelques années, même s'il est encore bon (vous le voulez?). J'ai laissé ma fiancée chez le dentiste: T'as besoin de rien, toi? Comme quoi? Je ne sais pas, des trucs pour la maison, des ampoules électriques, des bols en Tupperware, j'adore acheter des bols en Tupperware, je me sens utile. Une teutonnière? T'as pas besoin d'une teutonnière? Bleue? Allez, pour encourager l'économie... Chez Sears, je me suis tout de suite retrouvé dans la section des télévisions. La dame m'a accueilli avec une grande nouvelle: c'est déjà nos soldes des séries. Les séries? Elle m'a expliqué: le meilleur moment pour acheter une télé, c'est juste avant le début des séries de la Coupe Stanley. Cette année, à cause de la crise, les soldes commencent plus tôt. Et si le Canadien ne fait pas les séries? Elle m'a laissé tomber pour se précipiter vers un couple qui, en moins de 15 minutes, est reparti avec une des télés en démonstration à612$ au lieu de780$. En fait, non, disait la vendeuse, 780$, c'est le solde des séries. Le vrai prix, c'est 1020$. Six cent douze au lieu de 1020? s'est récriée, ravie, la dame du couple. Tu te rends compte? elle a dit à son compagnon. On aurait juré qu'ils n'achetaient pas une télé pour vrai mais qu'ils jouaient dans une pub de Sears. Ou une pub de la chambre de commerce de la Montérégie: et voilà, mesdames et messieurs, comment nous allons sortir de la crise. On les applaudit. J'étais subjugué. J'allais essayer de me rendre utile avec le même allant que ces deux-là. Allez, c'est décidé, cette fois, je me lance. J'achète quelque chose. Quoi? Je n'en savais encore rien. J'irais à l'inspiration. Je peux vous aider, monsieur? Je traversais la mercerie. Je peux vous aider? Oui, je voudrais un chapeau. L'inspiration. Un chapeau! Quelle bonne idée. Mais la vendeuse a tout de suite tout gâché: Quel genre de chapeau? Un chapeau chapeau ou une casquette? Un béret peut-être? J'étais tout débandé. Grinçant, j'ai dit: Vous ne faites pas les turbans? Elle ne faisait pas. En repassant par le boulevard du Séminaire pour aller chercher ma fiancée chez le dentiste, je me suis arrêté au Canadian Tire pour acheter des bottes de caoutchouc, les miennes sont percées. Y en avait pas de ma pointure. Y a des journées comme ça où tu ne peux pas aider l'économie même si c'est ton voeu le plus cher. THÉORIE DU PROGRÈS - J'en parle légèrement, n'empêche que pas de consommation, pas de progrès. Ah si. L'autre jour, il y avait un prof d'économie à la radio qui expliquait ça - sur ce ton, vous savez, ce ton fatigué d'avance d'avoir à expliquer une autre fois le b. a.-ba de l'économie à une bande de nuls comme vous et moi. Je vous résume ce que disait le type: la consommation est le moteur principal du progrès. C'est parce que vous achetez des télés comme des fous qu'on a pu mettre au point la haute définition. C'est parce vous êtes tout le temps en train d'acheter n'importe quoi de complètement inutile et ridicule que d'immenses progrès peuvent être faits en science, en médecine, en communication. Vous comprenez bien le sens de cette théorie? Plus vous dépensez , plus vous achetez n'importe quoi n'importe comment, plus vous vous précipitez pour acheter le dernier iPod, le dernier portable, plus vous avez besoin, pour exulter et peut-être pour exister, de consommer, bref, plus vous êtes un peu con, plus vous contribuez au progrès Le monde est drôlement bien fait, quand même. Et à l'inverse, quand, sans être frugal, vous n'êtes pas obsédé par l'«avoir», quand, dans la vie, vous tirez votre satisfaction non pas de l'acquisition mais de la conservation, quand vous êtes assez allumé pour échapper à la pub et à l'obsolescence programmée de la technologie, quand votre petite voisine que vous connaissez depuis qu'elle est haute comme ça vient vous présenter son nouveau chum en première année aux HEC et que ce petit crisse, déjà plus à droite que Mario Dumont et Facal ensemble, vous balance au bout de deux minutes de conversation que la consommation est «le fondement de notre psychologie comportementale» et que vous lui répondez va donc, hé, fondement toi-même, alors c'est que vous êtes contre le progrès. Je suis, bien entendu, contre le progrès. | |
| | | Karoli
Nombre de messages : 1677 Localisation : Montréal Date d'inscription : 06/01/2009
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Mer 4 Mar - 19:54 | |
| David, je veux te remercier et te dire combien j'apprécie le fait que tu publies les chroniques de Foglia. Le samedi, j'achète régulièrement La Presse, mais les autres jours, quand tu le peux, pourrrais -tu les mettre sur Kabom ? De même toutes les chroniques que tu trouves intéressantes. Merci d'avance si tu acceptes le job ! | |
| | | DMaudio Admin
Nombre de messages : 2416 Age : 73 Localisation : Montréal Date d'inscription : 19/12/2008
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Mer 4 Mar - 20:00 | |
| J'ai toujours fait, il n'y a pas de raison pour moi de ne pas continuer. Bonne soirée. xOx | |
| | | DMaudio Admin
Nombre de messages : 2416 Age : 73 Localisation : Montréal Date d'inscription : 19/12/2008
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Ven 6 Mar - 13:39 | |
| Une guerre comme çaPierre FogliaLa Presse Reprenons. Sauf les Anglais pour des raisons coloniales, l'Occident ne s'est jamais intéressé à l'Afghanistan et à ses guerres tribales. Quand l'Occident commence à s'intéresser à l'Afghanistan au début des années 80, ce n'est pas pour l'Afghanistan, c'est pour faire chier les Russes qui occupent le pays. Les Américains vont s'acoquiner entre autres avec les fous furieux religieux qui vont devenir les grands amis d'un certain ben Laden, en les armant et en les finançant. Avec l'aide des Américains en sous-main, les Russes sont chassés en 89. Les fous furieux devenus talibans prennent le pouvoir après une épouvantable guerre civile (1992-1996), et instaurent un régime islamique de grande terreur. Que fait l'Occident entre 1992 et 2001 pour empêcher cela? Rien. Nada. Sweet nothing. S'en contre-crisse. La démocratie? De quoi parlez-vous? Arrive le 11 septembre 2001, les avions dans les tours du World Trade Center et sur le Pentagone, attentats commandités par un certain ben Laden et son ami le mollah Omar. Un mois plus tard, début des frappes américaines sur l'Afghanistan. La guerre juste. Tout le monde, ou presque, était d'accord avec cette intervention-là. Guerre juste, surtout en pensant à celle en Irak qui ne l'était pas. Chassés du pouvoir, les talibans se replient dans les montagnes à la frontière du Pakistan d'où ils organisent la résistance. Guerre juste ou pas, cela fait sept ans et demi qu'elle dure. De plus en plus d'observateurs, d'analystes de la question afghane, d'historiens, d'ethnologues, de journalistes de terrain, d'éditorialistes, de chroniqueurs, répètent que les Américains et leurs alliés de l'OTAN ne gagneront pas cette guerre sur le terrain parce qu'une guerre comme ça ne se gagne pas sur le terrain. Une guerre comme ça? Supposons que vous ayez des punaises chez vous. Vous faites venir des exterminateurs. Ils arrivent à cinq ou six, envahissent votre maison, shootent leurs trucs partout, gros chantier, gros dégâts, mais bon, il faut ce qu'il faut. Le lendemain, les exterminateurs sont toujours là et deux jours après aussi. Ils vous expliquent que les punaises c'est bien maudit : elles reviennent tout le temps. Ils restent pour vous protéger. Ils vont s'installer avec leur barda sur le toit et dans la chambre d'ami. On ne vous dérangera pas, promettent-ils, faites comme si on n'était pas là. La vie reprend avec ces étrangers dans votre maison. Sont pas méchants. Vous veulent du bien. Ils vous veulent, notamment, la démocratie. La démocratie, la démocratie, répètent-ils tout le temps. Rappelez-vous, ils sont venus chasser les punaises. Ils ont des fusils pour tirer la punaise. Mais au fond, leur but, c'est la démocratie. Ils ne vous ont pas demandé votre avis ; comment pourriez-vous ne pas vouloir la démocratie, cette culture commune à tous les pays développés (développés et capitalistes bien évidemment, vous ne l'avez peut-être pas encore remarqué, mais la démocratie est toujours livrée avec son mode de production)? Sept ans plus tard, une question vous turlupine : et si la démocratie était un concept purement occidental? Et s'il était plus naturel d'être démocrate quand on est norvégien que quand on est pachtoune? Vous ne voulez plus de punaises. Ça, c'est sûr. Mais voulez-vous la démocratie? Je reprends. Les gens que vous avez appelés il y a sept ans et demi pour exterminer une invasion de punaises sont toujours là. Les punaises aussi. Elles ne sont plus au pouvoir - c'est un grand soulagement. Mais sont toujours aussi présentes dans le décor - c'est une grande inquiétude. C'est ce que je voulais dire par «une guerre comme ça». Plutôt que la parabole de la punaise, j'aurais pu emprunter celle du loup à ce colonel de l'armée soviétique (1) : en Afghanistan, on cherchait des loups dans une vaste forêt, on a foutu le feu à la forêt et on est morts dans notre propre incendie. Plus le temps passe, plus la forêt (le milieu) devient hostile. Plus les gens qui vous font des sourires le jour hébergent des talibans la nuit ; soit qu'ils n'aient pas le choix, soit qu'ils ne savent plus ce qui est pire : le loup ou le chasseur? Le loup, du moins, est leur cousin. Plus le temps passe, plus des enfants trouvent des engins explosifs en jouant. L'autre jour, trois enfants ont été tués. Les villageois se sont rassemblés pour scander «Mort aux Canadiens». Ce n'est pas nous, se sont défendus les militaires canadiens, probablement avec raison. Les villageois ont tout de même scandé, spontanément : «Mort aux Canadiens.» On ne gagne pas ces guerres-là. Nous sommes nombreux à le dire depuis 2001. Que nous répond-on? On nous répond taisez-vous. Vous êtes indécents. Nos soldats meurent là-bas. Effectivement. Il en mourait encore mardi dernier. Trois qui ont sauté sur une mine. Plus deux blessés. One ne gagne pas ces guerres-là. M. Stephen Harper l'a reconnu mardi. Sous réserve qu'il ne se rétracte pas, je le félicite. Sous réserve qu'il ne nous dise pas une connerie du genre : je voulais dire que nous ne gagnerons pas cette guerre sur le terrain mais que nous resterons tant que l'armée afghane ne sera pas prête à la gagner pour nous. Sous cette réserve, je félicite chaudement M. Harper. Mais alors, ces trois soldats, mardi, seraient morts pour rien? Ils sont morts parce qu'ils étaient soldats. C'est un risque du métier de soldat. Au Canada on est soldat par choix. Ceux qui meurent pour rien à la guerre, ce sont les conscrits, les civils dans leur maison bombardée par erreur, les enfants qui trouvent les mines qu'ont posées les soldats. ---------------------------- (1) Colonel Viktor Baranets, ancien porte-parole de l'Armée rouge, cité par l'hebdomadaire français Le Point, numéro 1521. | |
| | | DMaudio Admin
Nombre de messages : 2416 Age : 73 Localisation : Montréal Date d'inscription : 19/12/2008
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Ven 6 Mar - 13:45 | |
| « Ceux qui meurent pour rien à la guerre, ce sont les conscrits, les civils dans leur maison bombardée par erreur, les enfants qui trouvent les mines qu'ont posées les soldats. » | |
| | | DMaudio Admin
Nombre de messages : 2416 Age : 73 Localisation : Montréal Date d'inscription : 19/12/2008
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Sam 14 Mar - 12:55 | |
| Les Québécois veulent savoirPierre FogliaLa Presse Au coeur du déficit de la Caisse de dépôt et placement, il y a le fameux papier commercial. Vous l'avez entendu comme moi cent fois plutôt qu'une: M. Henri-Paul Rousseau, ex-PDG de la Caisse, aurait trop acheté de papier commercial. Passons maintenant au vox-pop. Bonjour, monsieur, qu'est-ce donc que ce fameux papier commercial dont on nous rebat les oreilles depuis des mois? Le monsieur: Euh, du papier journal, je suppose? La madame: Oui, oui, c'est bien ça, du papier journal. Moi? Je n'aurais pas dit papier journal. Je viens de l'imprimerie, comme vous le savez, et dans l'imprimerie, le terme «papier commercial» désigne tous les papiers sauf le papier journal. Papier à imprimer des livres, des affiches, des carnets, des registres, papier cadeau, mais surtout le papier kraft, ce papier brun d'emballage tout usage. Je me suis réellement demandé pourquoi diable la Caisse de dépôt avait tant acheté de papier kraft; je savais qu'on pouvait spéculer sur à peu près n'importe quoi, mais sur du papier kraft? Mais non, m'a dit mon collègue Claude Piché avec sa bonté habituelle, mais quand même un peu désespéré comme chaque fois que je l'appelle; mais non, mon vieux, papier dans le sens de papier-monnaie. Des titres, tu comprends, des titres! Je suis pas en train de faire mon petit comique. Vérifiez. Demandez autour de vous. Chéri, c'est quoi, au juste, du papier commercial? Je ne suis pas en train de faire mon petit comique, mais il y a quand même quelque chose de drôle; c'est quand Mme Marois martèle: Les Québécois veulent savoir! T'es sûre de ça, madame Chose? La libertéVous savez comme je suis grand amateur de morticoleries. Mais en fait, c'est même pas moi, c'est ma fiancée qui part toujours à rire en lisant la page des décès (oui, oui, j'y ai pensé: un jour, ça sera le mien). Mais l'autre jour, c'était pas encore le mien, c'était ce grand-papa qui, selon l'expression consacrée, laissait dans le deuil sa femme, ses enfants et une vingtaine de petits-enfants tous prénommés normalement - Louise, Hélène, Christophe, Janic, Ève, Sébastien, etc. -, sauf quatre: Hirondelle, Caribou, Wapiti et Co-a-sou (?). Au lieu de déconner comme d'habitude, je me suis posé la question: cout'donc, y a-tu une limite? Y a-tu une loi qui interdit d'appeler ta fille Bric-à-Brac, mettons? Non, y en a pas. Y en a déjà eu. Quelqu'un a déjà voulu appeler son fils Spatule. Il s'est fait refuser. Puis il y a eu ce couple de journalistes qui a appelé leur fille Juliette C'est-un-ange, ce qui leur a d'abord été refusé; mais ils sont allés en Cour supérieure et ils ont gagné. Depuis, tu peux appeler ta fille Marie-Christine-c'est-mon-petit-canard-coincoin; c'est bien correct. Quand le fonctionnaire de l'état civil qui enregistre les formulaires que les parents doivent remplir à la naissance de leur enfant tombe sur un prénom vraiment curieux, il en réfère au directeur de l'état civil. Le directeur joint les parents dans les cas limites: Vous êtes bien certain de vouloir prénommer votre fils Tondeuse-à-Gaston? Oui, monsieur. Ça finit là. On vit dans un pays extraordinaire où la liberté d'appeler ses enfants comme on veut s'étend d'une mère à l'autre. Excusez-moi de m'excuserLe monsieur au téléphone me félicite de mon beau programme mais conclut: Dommage que votre chronique d'aujourd'hui se termine par une grosse faute de français. Ni froissé - je fais plein de fautes de français, d'orthographe et de frappe; vous devriez voir ma copie avant que les correcteurs passent dessus! - ni froissé, ni étonné, je lui demande: Ah oui? Quelle faute? Votre chronique se termine par: je m'excuse. C'est une faute? Bien sûr. Il faut dire: excusez-moi. Et le monsieur de m'expliquer: Littéralement, je m'excuse signifie Je excuse moi; on ne peut pas excuser soi-même. D'ailleurs, ce n'est pas ce qu'on veut faire; on demande aux autres de nous excuser. Pour cela, il faut dire: excusez-moi. J'ai raccroché pour découvrir que les gens autour de moi donnaient raison au monsieur et que même mon Petit Robert décrète en toutes lettres: Je m'excuse s'emploie incorrectement pour excusez-moi. J'avais hâte d'arriver chez moi pour voir ce qu'en dirait ma grammaire Grevisse. Ah! Je savais bien: C'est À TORT que des puristes rejettent je m'excuse employé pour excusez-moi. En illustration, des exemples pris chez Flaubert, chez Proust et chez Bernanos. Pas vraiment des gens auxquels on peut donner des leçons de grammaire. Prenons cette phrase chez Flaubert dans Madame Bovary: La vieille bonne s'excusa de ce que le dîner n'était pas prêt. Quand on connaît un peu Flaudert, son génie et sa passion de la langue, son obsession d'écrire juste, on ne peut pas imaginer Flaubert ne s'interrogeant pas sur ce pronom réfléchi qui réfléchit si mal selon les puristes. S'il avait eu le moindre doute, Flaubert, qui revenait cent fois sur sa copie au point de n'en laisser qu'une phrase à la fin de la journée, s'il avait eu le moindre doute, Flaubert eût facilement pu corriger, par exemple: La vieille bonne pria qu'on l'excuse de ce que le dîner n'était pas prêt. Savez-vous pourquoi il ne l'a pas corrigé? Parce que même obsessivement pointilleux, Flaubert n'était pas con comme le sont les puristes. Il comprenait que le génie de cette langue ne doit rien à ces analyses bébêtes premier degré du genre: je excuse moi. C'est d'ailleurs Flaubert qui a dit un jour (enfin, je suis presque sûr que c'est lui qui l'a dit): il n'y a aucune espèce de génie à masturber une mouche avec des gants de boxe. C'est pourtant pas compliqué: par convention, convention consacrée par l'usage depuis bien avant Flaubert, je m'excuse a le sens de je vous présente mes excuses. Ce que je ne ferai pas. J'attends plutôt les vôtres. *** Il y a peut-être plus pressé au Québec que de s'excuser de la bonne façon. Des profs qui enseignent l'histoire en troisième secondaire sont en train de se monter une collection de perles glanées dans les textes de leurs élèves ; quelques-unes amuseraient prodigieusement Flaubert: aseillé (essayer), aubéir, auffrire, un castaure, une ipotaise, n'autre (nôtre), un serqueil... Quant à l'acte de Québec, qui rattachait notamment le Labrador au Québec, il est devenu Le lac de Québec qui s'étendait jusqu'au L'abradort grâce à l'Anglataire Brithanique. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Sam 14 Mar - 15:28 | |
| De monsieur Foglia :
"Parce que même obsessivement pointilleux, Flaubert n'était pas con comme le sont les puristes. Il comprenait que le génie de cette langue ne doit rien à ces analyses bébêtes premier degré du genre: je excuse moi. C'est d'ailleurs Flaubert qui a dit un jour (enfin, je suis presque sûr que c'est lui qui l'a dit): il n'y a aucune espèce de génie à masturber une mouche avec des gants de boxe. C'est pourtant pas compliqué: par convention, convention consacrée par l'usage depuis bien avant Flaubert, je m'excuse a le sens de je vous présente mes excuses. Ce que je ne ferai pas. J'attends plutôt les vôtres."
... Si si, pourtant, monsieur Foglia, on n'ecrit ni ne dit "Je m'excuse" lorsqu'on veut se faire pardonner une erreur ou une faute, pour une raison on ne peut plus logique : on ne s'excuse pas soi-meme quand on pretend les presenter à quelqu'un.
Par ailleurs, effectivement, la formulation brusque de ce "Je m'excuse" à contre-sens est considéré comme fortement discourtois, ou du moisn une marque de mauvaise maitrise de la langue. Ce dont tout le monde peut se remettre, dans les deux cas.
En revanche, la narration autorise parfaitement l'usage du verbe, d'autant plus si l'explication suit; la vieille bonne pouvait donc et Flaubert respectait dans sa prose les frilosités des puristes. Voila voila.
Mab -qui n'est pas sûre d'etre bien claire...- |
| | | Karoli
Nombre de messages : 1677 Localisation : Montréal Date d'inscription : 06/01/2009
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Sam 14 Mar - 19:11 | |
| Par ailleurs, effectivement, la formulation brusque de ce "Je m'excuse" à contre-sens est considéré comme fortement discourtois, ou du moisn une marque de mauvaise maitrise de la langue. Ce dont tout le monde peut se remettre, dans les deux cas.
Eh ben, eh ben... nous disons couramment « Je m'excuse» et cette formulation est socialement admise et elle est en quelque sorte moins grave que de dire «Excuse-moi»,formulation dans laquelle on admet un tort, une erreur. C'est plus humiliant. Je m'excuse est pour nous l'équivalent de Sorry, en anglais. Bon... | |
| | | Lise2cc
Nombre de messages : 312 Localisation : De l'autre coté de la Grande Mare Date d'inscription : 01/01/2009
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Sam 14 Mar - 19:34 | |
| aouche aouche .. "sorry" en anglais est la contraction de I'm sorry.. Et par exemple, John ne dit jamais sorry tout cru, mais oh, I am sorry.. en apputyant sur le am.. ici encore il evite la contraction.
On m'a tant et tant reprise dans mon jeune âge sur le "je m'exucse" désinvolte, que je ne saurais plus le dire .. et que, à mon tour, j'ai été sévère avec mes enfnats sur ce point.. Comme aussi sur la désinvolture, mais c'est une autre question. | |
| | | Karoli
Nombre de messages : 1677 Localisation : Montréal Date d'inscription : 06/01/2009
| Sujet: Re: En Brassant le Couscous... suite Sam 14 Mar - 20:05 | |
| aouche aouche .. "sorry" en anglais est la contraction de I'm sorry.. Mais je le sais ! Mais on entend sorry pour tout et pour rien, ici. Par exemple, quelqu'un veut rejoindre un autre dans une file ... « sorry, sorry ....» et la personne tasse les autres et elle avance. Je vais retenir la leçon ! Est-ce pis de dire de « Je m'excuse ou j e me divorce» ? Deux horreurs ! | |
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