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 En Brassant le Couscous... suite

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Karoli
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MessageSujet: Re: En Brassant le Couscous... suite   En Brassant le Couscous... suite - Page 12 EmptyMar 1 Juin - 7:28

Le merveilleux

En Brassant le Couscous... suite - Page 12 8120

Pierre Foglia La Presse

Samedi, dans notre cahier Vacances/Voyage, une demi-page de pèse-valises. Je ne savais même pas que cela existait. Je ne pouvais pas imaginer. Cinq modèles. Le genre de truc qui me met en joie, vous n'imaginez pas. La joie de constater une fois de plus combien notre civilisation touche parfois au merveilleux.

Prenez par exemple une famille de paysans du Bangladesh. Le papa, la maman, les huit enfants. Tu leur demandes de quoi ils ont besoin. Vous avez besoin d'eau? OK, tu leur fais creuser un puits. Vous avez besoin d'un peu de terre pour cultiver du riz et des céréales? OK, tu leur donnes quelques acres de terre irriguée. Un meilleur salaire pour les enfants qui travaillent dans une usine de vêtements à la ville voisine? OK, tu doubles le salaire des enfants, au lieu de 2 dollars par jour, 4 dollars par jour. Les voilà tout d'un coup avec de l'eau, du riz, des sous... sont fous comme la marde. Vous êtes contents?



Ouiiiiii!

Vous avez bien tout ce qui vous faut?

Ouiiiii!

Avez-vous un pèse-valise? Ha-ha! Vous en sortez un de votre sac et vous le mettez sur la table familiale. Imaginez les yeux des enfants. Hon! Un pèse-valise! Juste au moment où tu pensais que t'avais tout dans la vie, voilà soudain que t'as plus encore. C'est ici, précisément ici, que la civilisation touche au merveilleux.

J'en pleurais samedi. Tu pleures ou tu ris? m'a demandé ma fiancée qui revenait du jardin sans se douter de rien. Les deux mon amour. Je lisais les petites descriptions sous la photo de chaque modèle: la poignée de celui-ci «épouse la forme de la main». Fallait y penser quand même. La poignée de cet autre modèle encore plus ergonomique est carrément «en forme de poignée». Incroyable. Mais le boutte du boutte du raffinement, c'est le modèle «le plus léger sur le marché». Seulement 22 grammes!

Tu t'en crisses-tu que ta valise pèse 84 kilos, ton pèse-valise ne pèse que 22 grammes.

En passant, 22 grammes, 21 en fait, c'est aussi le poids moyen de l'âme humaine. Ça ne peut pas être un hasard.

L'AUTRE MARÉE Obama et la marée noire. Quelques questions auxquelles on n'aura pas de réponse de sitôt: M. Obama et son administration supervisent-ils vraiment les opérations de colmatage? Depuis quand? Washington était-il au courant que BP, dans un premier temps, s'est plus soucié de récupérer le pétrole qui s'échappait que de boucher le trou? La solution étant d'abord technologique, M. Obama ne doit-il pas, de toute façon, s'en remettre à... la technologie des pétrolières?

On dit que M. Obama et son administration sont en train de sombrer dans cette marée noire.

On reparle beaucoup de la supposée insensibilité de M. Bush lors de Katrina. Je ne vois pas très bien le rapport. Une catastrophe secoue, submerge, dévaste, arrache le toit des maisons, on compte les morts, on déblaie les décombres, mais pas celle-ci, l'horreur de celle-ci est dans la durée. Elle s'étale. Empoisonne. Une catastrophe biologique comme on dit une arme biologique.

Rappelons qu'il s'agit de boucher un trou. M. Obama devrait-il descendre lui même dans un scaphandre avec sa petite pelle et son seau?

Ma suggestion est idiote, mais au moins, elle n'est pas qu'idiote. L'argumentaire des nombreux analystes politiques qui reprochent à M. Obama de n'en faire pas assez, ou trop tard, me fait hurler. Quand je pense que ces gens-là sont toujours les premiers à me reprocher mon cynisme. Quand je pense à toutes les conneries qu'ils débitent sur la nécessité d'aller voter.

Il y avait un de ces experts samedi midi à l'émission de Lacombe, j'oublie son nom et c'est aussi bien, il trouvait que M. Obama manquait de compassion, de chaleur, sa suggestion, et c'est ici que je hurle: M. Obama aurait dû aller dîner dans une famille de pêcheurs.

Au lieu d'une trempette vendredi, M. Obama aurait dû passer les trois jours du long congé du Memorial Day dans le golfe.

Euh... excusez-moi monsieur, vous êtes professeur de politique ou de marketing?

Est-ce là ce que vous enseignez à vos étudiants en politique: communiquez, communiquez, il en restera toujours quelque chose? Un trou: shootez des images et bientôt vous l'aurez bouché. L'image d'un président à la table d'humbles pêcheurs. Trois jours en famille sur les plages du golfe, l'image de Michele et des petites qui sortent de l'eau toutes goudronnées.

Savez-vous, monsieur, cette marée noire, eh bien! ils vont finir par en venir à bout. Tandis que cette marée de merde qui submerge la démocratie et qu'on appelle aussi «marketing électoral», je n'en suis pas sûr du tout.

LES GUERRES ASYMÉTRIQUES ET MOI - Jocelyn Coulon, chroniqueur «de guerres», en fait d'opérations de paix, rapportait récemment dans nos pages la réflexion d'un autre analyste de guerre, Edward Luttwak, qui disait à propos de l'Afghanistan que la nouvelle stratégie fondée sur l'augmentation du nombre de soldats occidentaux et la mise en oeuvre de principes de bonne gouvernance mettrait UN OU DEUX SIÈCLES à produire des résultats... pas forcément probants!

Aussi, ce monsieur Luttwak, que Jocelyn Coulon qualifie d'un des meilleurs analystes des guerres asymétriques, suggère de retirer les troupes, d'armer les ennemis des talibans et de laisser les Afghans à leurs us et coutumes.

Ce n'est pas pour me vanter, mais il me semble avoir écrit cela une bonne demi-douzaine de fois depuis 2001, d'avoir écrit, presque dans ces mots-là, «qu'il fallait laisser les Afghans à leurs us et coutumes»... Pour être bien certain qu'on se rappellera que je l'ai dit, j'aimerais que la chose soit gravée sur ma tombe, à côté de «considérable chroniqueur de vélo», à côté de «spécialiste des Balkans», j'aimerais qu'on ajoute: «et probablement le meilleur analyste de guerres asymétriques de toute la Haute-Yamaska».
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MessageSujet: Re: En Brassant le Couscous... suite   En Brassant le Couscous... suite - Page 12 EmptySam 5 Juin - 6:39

Nous ne sommes pas antisémites

En Brassant le Couscous... suite - Page 12 8120

Pierre Foglia
La Presse



L'antisémitisme existe, je l'ai rencontré. Je le rencontre chaque fois que j'écris une chronique comme celle-ci. Des gens vont déblatérer samedi dans mes courriels contre «la juiverie internationale»; on ira jusqu'à me dire que «Hitler n'avait peut-être pas tort», on niera la Shoah, des jeunes gens ne sembleront pas savoir que le plus grand crime de l'histoire de l'humanité ne remonte pas à la nuit des temps - leur grand-père était ado tandis que ce crime-là se perpétrait, leurs arrière-grands-parents en ont été les contemporains et peut-être un peu les complices, par indifférence au moins.

L'antisémitisme vient de bien plus loin que les nazis, largement relayé au cours des siècles par l'Église catholique. L'impensable, c'est qu'il est toujours là, aussi virulent, prenant racine dans la même viscérale ignorance.

Suis-je en train de dire que d'autres camps, d'autres fours seraient possibles aujourd'hui? C'est exactement ce que je dis.

Pour des siècles encore il faudra protéger les Juifs, particulièrement contre ceux-là qui s'apprêtent à m'écrire: tu ne trouves pas qu'ils se défendent très bien tout seuls?

Pour des siècles encore, les grandes puissances de ce monde auront à prendre le parti d'Israël contre ceux qui souhaitent sa disparition.

Cela étant dit, la question que pose cette chronique, la question qui se pose chaque fois que rebondit le conflit israélo-palestinien, comme cela vient d'arriver cette semaine avec ce bain de sang en haute mer, la question: est-ce que le conflit israélo-palestinien suscite une nouvelle forme d'antisémitisme de gauche?

Est-ce que les progressistes, par leur détestation de l'État hébreu, par leur soutien aux Palestiniens, sont devenus les nouveaux antisémites? Vous, par exemple, monsieur Foglia, êtes-vous antisémite? Oui, répondent les philosophes de droite (Finkielkraut, BHL, même Sollers) qui ont lancé le débat il y a une dizaine d'années, surtout Finkielkraut.

Bullshit, je vous réponds. Bullshit mais surtout: intimidation. Je ne suis pas antisémite parce que je trouve honteux le blocus autour de Gaza -d'ailleurs appliqué aussi par l'Égypte-, qui prive un million et demi de personnes (dont la moitié sont des enfants) de bouffe, d'eau, de tout. Je ne suis pas antisémite parce que je trouve cynique le vrai motif de ce blocus, qui n'est pas d'empêcher les armes d'entrer à Gaza, mais de punir la population de Gaza d'avoir élu (démocratiquement) le Hamas, qui dérange tout le monde (l'Égypte presque autant qu'Israël).

Je ne suis pas antisémite parce que je me souviens que le blocus de Gaza a été précédé d'une offensive de 22 jours qui a fait près de 1500 morts, dont 330 enfants. Opération assimilée à un crime de guerre par un rapport des Nations unies, le rapport Goldstone, qui relève l'utilisation d'armes interdites, comme des obus au phosphore blanc tirés sur des zones résidentielles et une école.

Je ne suis pas antisémite parce que je ne comprends pas comment on peut attaquer un cargo dans des eaux internationales, avec des troupes d'élite héliportées qui lancent des grenades avant d'arriver sur le pont, et affirmer ensuite, comme Israël le fait, que c'est l'autre qui a attaqué. Neuf morts, des dizaines de blessés dans le cargo turc, tous du même côté, et ce sont les Israéliens les victimes? Cherchaient quoi, dans le cargo? Des armes? On peut les voir?

Le communiqué de la défense israélienne dénonce l'acharnement et la violence inouïe des militants embarqués à bord des bateaux arraisonnés. Des militants qui ont tendu un guet-apens aux pauvres soldats israéliens. On dirait un communiqué de l'Iran ou de la Corée du Nord.

Je ne suis pas antisémite parce que je ne comprends pas pourquoi les États-Unis ne peuvent pas à la fois protéger Israël et le rappeler à l'ordre quand il commet des crimes qu'on ne permettrait à aucun autre pays.

Je ne comprends pas pourquoi les États-Unis ne mettent pas fin aux colonies, au moins ne font pas en sorte qu'il n'y en ait pas de nouvelles.

Je ne suis pas antisémite parce que je ne comprends pas comment Obama a pu laisser tomber comme une vieille chaussette sale l'espoir qu'il a soulevé par son discours du Caire le 4 juin 2009. Nombre de Juifs espéraient qu'il ferait pression sur Israël, tout comme près de 1 milliard d'Arabes, bien sûr.

Deux choses encore, pour être bien clair. Le règlement du conflit israélo-palestinien ne changera rien à l'antisémitisme. Il sera toujours là, virulent comme avant, ancré pour longtemps encore dans l'ignorance.

Mais que ce conflit atteigne de nouveaux sommets d'horreur, comme il n'y manquera pas, qu'Israël se montre plus colonialiste encore, aucun risque que je devienne moi-même antisémite. Je ne suis pas antisémite. Ne le deviendrai jamais.

Quelques centaines de millions d'humains sont dans mon cas et un peu tannés, comme moi, de se faire dire le contraire chaque fois qu'ils condamnent Israël.
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MessageSujet: Re: En Brassant le Couscous... suite   En Brassant le Couscous... suite - Page 12 EmptyDim 6 Juin - 14:00

Comme ce serait bien si tout etait aussi manicheen que semble le penser monsieur Foglia...

Moi, betement, je me moque comme d'une guigne qu'on me critique parce que j'ai fait ce que j'ai dit; alors je ne trouve pas bizarre, scandaleux, etrange ou immoral que les israeliens aient appliqué tres exactement leur avertissement. Je deplore que de vrais pacifistes aient été pris dans la bagarre mais nous venons d'un monde où chacun fait selon sa conscience.

A propos, que dit la communauté internationale des assassinats de femmes par les milices religieuses du Hamas et de l'enseignement scolaire pronant l'eradication des juifs ?


Mab
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MessageSujet: Re: En Brassant le Couscous... suite   En Brassant le Couscous... suite - Page 12 EmptyDim 6 Juin - 14:11

Eddie a écrit:
et je sais ce que je fustige : je suis surdiplômé...

Personnellement, je suis sous-diplomée (enfin, en realité, juste un niveau en-dessous de sous-diplomée mais je ne sais pas comment cela s'appelle) et ça ne m'empêche pas de distribuer genereusement mon savoir et mes appreciations.

Mon fils s'etant dans le meme elan imperialement pris les pieds dans le tapis et realisé que les etudes de droit l'emmenaient droit, heu... dans le mur, je lui ai proposé de devenir plombier -non, ce n'est pas une plaisanterie, j'ai d'ailleurs fait valoir que j'avais besoin d'un plombier.
Rien à faire, ça ne le tente pas plus que tailleur de pierre (il m'en faudrait un aussi, mais n'allez pas croire que ce ne soit QUE pour ces raisons que j'ai glissé ces options à mon reformateur de rejeton).

Bref, les parents ne sont pas systematiquement responsables des orientations preoccupantes de leurs enfants.


Mab -il m'en reste une à caser, est ce que "plombiere", ça se dit ?-
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Karoli

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MessageSujet: Re: En Brassant le Couscous... suite   En Brassant le Couscous... suite - Page 12 EmptyDim 6 Juin - 14:32

Il y a plus de 100 000 personnes âgées dans les CHSLD
Il y avait hier dans La Presse une chronique extrêmement percutante de Pierre Foglia. Il décrit le travail “anormal” des préposés qui s’occupent des vieux dans les CHSLD. Pour ceux qui critiquent ces employés, il remet les pendules à l’heure. Voici son texte à lire absolument à la fois très cru et très touchant.La caméra pas cachéeUne plainte monte du couloir.
Encore M. Filion, dit une préposée. Encore constipé.
La plainte devient une sorte de beuglement,
Ça doit être coincé et ça le déchire, commente une autre préposée, j’y vais.
Elle entre dans la chambre où M. Filion , prostré, impuissant, humilié sans doute aussi, pleure doucement. La préposée lui prend la main. Là, là, M. Filion, on va arranger ça. Elle baisse son pyjama, défait sa couche et, de son doigt ganté, dégage l’anus du vieux monsieur.

La caméra avec laquelle j’écris cette chronique n’est pas cachée. Ce que je vous montre, n’importe qui peut le voir.
Prenons la plus courante des tâches, celle qui est répétée le plus souvent dans tous les CHSLD de la province. Le bain partiel quotidien.

Avec un gant de caoutchouc, la préposée lave la figure, les fesses, la vulve, le pénis du vieux ou de la vieille.
Enlève les champignons de son nombril avec un coton-tige. Éponge le liquide brun et épais qui suinte de ses oreilles.

J’ai dit la job courante. Mais une job comme une autre ? Journaliste, plombier, institutrice, vendeuse chez Renaud Bray, ça, ce sont des jobs normales, comme les autres.
Changer la couche des petits enfants dans une garderie, c’est aussi une job normale. Mais changer la couche d’un monsieur de 88 ans, ce n’est pas une job normale. Pas normal pour le vieux monsieur. Pas normal pour la vieille madame, pas normal pour la préposée.

Laver la vieille dame sous les seins, mais pas sous les aisselles parce que son bras,
trop raide, ne décolle pas et qu’il faudrait être deux pour le lever.
Alors forcément, demain, après-demain, la vieille dame va puer un peu.
Mais elle puerait de toute façon : 80 % des bénéficiaires des CHSLD portent des couches.
Lave-les tant que tu veux, ils puent toujours un peu sous le parfum dont on les asperge le matin.

Couper les ongles des orteils, qui poussent tout croche. Gare s’ils déchirent les bas.

La famille en fera tout un plat. Leur avocat convoquera les médias. Et Maisonneuve va encore s’exciter.
S’occupent pas de notre papa, c’t'écoeurant. La faute au syndicat.

Nettoyer les ongles des mains. Mais surtout sous les ongles. Je viens de le dire, 80 % des bénéficiaires sont en couche.
Plusieurs jouent dedans. Avec la sénilité revient, comme chez les tout-petits, la fascination de la merde.
Mais parfois, aussi, c’est tout simplement parce que ça les pique.
Les nourrir. Madame X, madame Y, monsieur Z ont pris place dans leur chaise à têtière, qui leur tient la tête droite.
Pour les gaver, une seule préposée, assise, elle, sur une chaise à roulettes pour pouvoir aller plus aisément de l’un à l’autre.
Hop, une petite cuillère de crème de blé à madame X. Hop, une autre à madame Y.
Oups ! Monsieur Z ne veut pas ouvrir la bouche. Ben alors, monsieur Z, on n’a pas faim, aujourd’hui ? Miam-miam, la bonne crème…
Hop, elle revient à madame X, qui a régurgité.
D’abord lui essuyer les coins de la bouche avec une serviette en papier. Hop
madame Y, c’est bien, madame Y ! S’il vous plaît, monsieur Z, je vais me faire gronder par l’infirmière si vous ne mangez pas.

La préposée insiste un peu avec sa cuillère.
Les lèvres de M. Z se desserrent, il aspire un peu de crème de blé. S’étouffe, la recrache. La préposée en a plein ses lunettes. Finalement, c’est madame Y qui a presque tout mangé. Et quand elle a été bien pleine , elle a déféqué. Hon ! Madame Y ! Venez, on va vous changer.

Too much information ? Vous préférez quand la caméra cachée surprend le préposé en train de traîner le petit vieux sur le plancher comme une poche de patates ? Désolé, vous me confondez avec le Téléjournal ou avec une émission de radio qui sévit le midi.

Les épidémies, les rhumes, les petites contrariétés qui déclenchent des cataclysmes dans le quotidien des pas-tout-à-fait-déconnectés. Le fils chéri vient de téléphoner, il ne viendra pas samedi. Ou le contraire, il est venu et ça ne s’est pas bien passé.
Les familles ! Faudrait faire aux familles le coup de la caméra cachée.
Montrer les engueulades des enfants dans la chambre du vieux, les disc ussions d’argent. La paranoïa ambiante.
Où est passé le haut de pyjama de mon père ? On ne sait pas, madame.
Votre père l’aura oublié dans une chambre où il est entré en pensant que c’était la sienne. On le retrouvera.

La violence des bénéficiaires. Coups de pieds, coups de poings aux préposés, insultes.
Deuwwors ! crie la vieille à la préposée Noire qui vient d’entrer pour la laver : “Je ne veux pas d’esclave dans ma chambre.”
Le cul. Les vieux qui sortent leur truc. Qui laissent traîner leurs mains. La frénésie des vieilles à l’arrivée d’un nouveau.

La mort, quand ne c’est pas eux qui meurent mais un proche, un de leurs enfants, accident, cancer.
Alors ils engueulent le bon Dieu. Pourquoi c’est pas moi que t’es venu chercher ?

Il y a plus de 100,000 vieux dans les CHSLD. Plus de la moitié totalement déconnectés, vertigineusement absents, ni passé, ni présent, incapables de reconnaître leurs propres enfants. Le regard vide, la couche pleine.
Et ce dont on n’arrête pas de parler, c’est de quelques dérapages ?
Sans montrer d’abord la chiennerie de fin de vie dans laquelle s’inscrivent ces dérapages ?

Lâchez-moi avec votre dignité.

Est-il d’autre dignité, rendu là, que la mort ?
Mettons que, pour toutes sortes de raisons à la con, dont quelques-unes religieuses, vous me répondiez non, c’est pas ça, la dignité.
La dignité, c’est d’essuyer avec un coin de serviette en papier la crème de blé qu’a régurgitée la vieille.
La dignité, c’est de dégager avec son doigt l’anneau anal du vieux constipé.

OK, d’abord.

Reconnaissez au moins que ce n’est pas une job comme les autres.
Que ce n’est pas une job normale.
Reconnaissez que ceux et celles qui la font sont admirables.
Pour moins de 400 piastres net par semaine, sacrament, les mains jusqu’aux coudes dans la marde de vos parents.
Et vous les espionnez ? Et vous les traitez de chiens sales ?


Vous n’avez pas honte ?

================
On apprenait dernièrement que 61 % des décès de personnes ayant 50 ans et plus, cette année, en Montérégie, étaient des suicides. Le gouvernement québécois, dans sa grande magnanimité, a décrété que ces suicides étaient attribuables à des dépressions, à des cas de santé mentale ... Évidemment, nos élus ne peuvent regarder la vérité en face, ils ont aussi peur de leur propre mort que nous de la nôtre. Quand on lit une chronique comme celle que Folia vient d'écrire pour décrire une situation «normale» chez les vieillards ; quand des émissions de télé nous apprennent que les directeurs de Centres pour personnes âgées consacre à peine .70 sous pour un repas non équilibré ; que nos détenus sont mieux traités que nos vieux ... quand on est encore un peu allumé ou que l'on sent le commencement de la fin qui s'annonce, on se donne le coup de pouce pour garder un minimum de dignité et ce geste qui, selon nos élus, est conditionné par une dépression sévère ... Rions jaunement, mais 45 % de la population québécoise décédée cette année a posé le geste fatal en toute connaissance de cause. Bien entendu, devant le sort réservé au vieux, l e gouvernement n'a plus un rond à leur donner, il doit montrer une figure honorable, sauver la face, mais les ti-vieux ne sont pas bêtes et savent ce qui est bon pour eux.
Des élus ont rencontré des associations de retraités pour qu'elles soient le chien de garde du gouv. et cherchent et s'occupent des cas de gens déprimés qui penseraient au suicide . Rions jaunement. Quand on fait semblant d'aider les gens ... En Brassant le Couscous... suite - Page 12 Icon_sad En Brassant le Couscous... suite - Page 12 Icon_sad En Brassant le Couscous... suite - Page 12 Icon_sad
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MessageSujet: Re: En Brassant le Couscous... suite   En Brassant le Couscous... suite - Page 12 EmptyDim 6 Juin - 14:41

Karoli, la vieillesse et son cortège de petites miseres sont un sujet delicat qui degoute beaucoup de personnes en bonne santé et reste un tabou dans les details.
Si nous apprenions à considerer avec plus de "normalité" les dereglements de l'âge, les personnes âgées seraient moins pressées de mourir. Mais il faudrait oser parler de choses qui ne se disent pas entre la poire et le fromage...


Mab
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MessageSujet: u   En Brassant le Couscous... suite - Page 12 EmptyDim 6 Juin - 15:08

Mara-des-bois a écrit:
Comme ce serait bien si tout etait aussi manicheen que semble le penser monsieur Foglia...

Moi, betement, je me moque comme d'une guigne qu'on me critique parce que j'ai fait ce que j'ai dit; alors je ne trouve pas bizarre, scandaleux, etrange ou immoral que les israeliens aient appliqué tres exactement leur avertissement. Je deplore que de vrais pacifistes aient été pris dans la bagarre mais nous venons d'un monde où chacun fait selon sa conscience.


Tu vois Mab, chez nous il est bien difficile d'oser dire du mal d'un Juif. Les plus conservateurs d'entre eux font tout ce qui leur plaît à Mtl et ils sont loin de se plier aux règlements de la Ville : même que le vendredi, qui est jour de sabbat, ils ne peuvent déplacer leurs voitures pour respecter les règles du stationnement, sans aucune pénalité. Bien entendu, y a pas un Québécois pure laine qui pourrait agir de la sorte. Les Juifs ont une boucherie près d'une belle rivière... Ils jettent négligemment cetaines parties de l'animal dans la rivière, en ignorant les règlements d ela Ville car cela est strictement défendu et les odeurs nauséabondes incommodent les riverains pendant la saison chaude et ils ne reçoivent aucune pénalité pour cela. Même la ministre de l'Éducation a essayé de modifier le calendrier scolaire des Québécois parce que les Juifs enseignent que la Torah dans certianes de leurs écoles subventionnée par Québec et ils ne se plient même pas aux exigences du régime pédagogiques du ministère de l'Éducation !!!
Depuis l'histoire de l'holocauste, les Juifs sont des intouchables. ILs ont des lobbys, de l'ARGENT, ils profitent de leurs influences et ils vivent parmi d'autres gens en les ignorant tout à fait. Pourtant les Arméniens, au début du siècle, ont subi un génocide qui ressemblait de très près à celui des Juifs. Ils en parlent peu parce qu'ils n'ont pas autant d'argent, autant de personnes influentes dans leur communauté pour faire autant de propagande.
Dernièrement, je me suis inscrite à un cours sur la littérature juive parce que je n'y connaissais absolument rien. Ben, la jeune prof. nous a parlé de la littérature juive reliée à l'holocauste !!!! Pourtant, l'holocauste cette tuerie aussi inacceptable, aussi inexcusable qu'elle soit a duré pendant à peine six ans ... C'est court sur un millénaire. Parler des Juifs, c'est parler de l'holocauste et aucun, mais aucun reproche ne peut être adressé à un Juif. Ils sont maintenant immunisés contre tout. Regarde comment Israël agit.

A propos, que dit la communauté internationale des assassinats de femmes par les milices religieuses du Hamas et de l'enseignement scolaire pronant l'eradication des juifs ?
Concernant la condition féminine, la communauté internationale n e peut faire grand-chose. Ce sont des pays dans lesquels sévit un tel machisme et les femmes, les premières, veulent rester ainsi. Même en émigrant, elles veulent conserver ces conditions : être l'objet d'un homme ; conserver leur voile, leur tchador, leur burqa ; suer même quand monsieur est en bermuda...
Quand elles voudront une meilleure qualité de vie, elles feront ce qu'on fait les féministes occidentales, elles poseront quelques gestes avec les conséquences qui en découleront car elles sont trop bêtes pour profiter des avancées de nos sociétés.
La civilisation s'améliore dans un pays quand les femmes sont scolarisées et qu'elles sont capables de discerner les faussetés des preachers des principes humanistes. Ce sont les femmes qui élèvent les petits garçons. Dans un foyer où il n'y a pas de papa ou qu'il est présent de corps seulement, ben, les dommages sont grands.

Mab
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MessageSujet: Re: En Brassant le Couscous... suite   En Brassant le Couscous... suite - Page 12 EmptyLun 7 Juin - 11:07

Citation :
A propos, que dit la communauté internationale des assassinats de femmes
par les milices religieuses du Hamas et de l'enseignement scolaire
pronant l'eradication des juifs ?

Qui se préoccupe de ce que peut bien dire la communauté internationale de toutes façons puisque quand bien même elle condamne de des dizaines d'années le comportement d'un pays voyou, celui-ci s'en contrefiche comme de l'an quarante et crée un memorial du ghetto de Varsovie dans sa propre cour par son blocus de la bande de Gaza?

Qui condamne officiellement le comportement de l'Arabie Saoudite, du Pakistan, de la Chine, etc...

Mieux vaut condamner qui? Ah oui, j'oubliais... Cuba. 40 ans de blocus pour avoir choisi le mauvais camp!

Condamner les voyous sionistes d'Israël, est-ce excuser la bêtise et les horreurs commises par les extrémistes de l'autre camp? Si oui, on avait oublié de me le faire remarque.

La Hasbara, vous connaissez?
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Karoli

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MessageSujet: Re: En Brassant le Couscous... suite   En Brassant le Couscous... suite - Page 12 EmptyLun 7 Juin - 14:09

Mara-des-bois a écrit:
Karoli, la vieillesse et son cortège de petites miseres sont un sujet delicat qui degoute beaucoup de personnes en bonne santé et reste un tabou dans les details.
Si nous apprenions à considerer avec plus de "normalité" les dereglements de l'âge, les personnes âgées seraient moins pressées de mourir. Mais il faudrait oser parler de choses qui ne se disent pas entre la poire et le fromage...


Mab

===============

Oui, tu as bien raison. Ces horreurs qui seront peut-être les nôtres un jour, il vaut mieux éviter d'en parler, de les montrer que d e regarder lucidement les choses et essayer d'améliorer le sort de ces gens. Y a pas un hôpital vétérinaire qui traite un chien comme ça. J'ai bien peur que le taux de suicide va continuer d'aller en augmentant. N'en parlons plus, c'est trop laid et déprimant. Un peu de pensée magique : vieillir et dépérir, cela arrive seulement aux autres
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MessageSujet: Re: En Brassant le Couscous... suite   En Brassant le Couscous... suite - Page 12 EmptySam 12 Juin - 14:51

À Propos:


Oui, je le veux


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Pierre Foglia, La Presse


Christiane aurait eu 54 ans ces jours-ci. Quand elle a rencontré Michel il y a six ou sept ans, elle était déjà en fauteuil roulant, atteinte de sclérose en plaques.

Son état s'est dégradé dramatiquement au cours des deux dernières années. Si bien qu'il y a quelques semaines, elle a annoncé à Michel - dont elle était séparée - que sa décision était prise: elle irait très bientôt mourir en Suisse où le suicide assisté est légal. Elle avait déjà fait toutes les démarches nécessaires auprès de Dignitas, l'organisme qui s'occupe des «détails» de la chose. Tout est réglé, coupa-t-elle dans les protestations de Michel, tout est réglé et c'est toi que j'ai choisi pour m'accompagner.

Peu de gens étaient dans le secret, son frère, une amie, son neurologue, forcément, qui devait attester de son état auprès de Dignitas, et Michel. On mesurera sa détermination dans cette lettre que ses amies ont reçue après le fait accompli.

Le temps est venu pour moi de quitter ce monde. Je ne supporte plus la souffrance et le désespoir qui m'habitent... Malgré une immense trouille, je plonge. J'espère qu'il existe un au-delà où tous les humains sans exception sont heureux, je fais le pari de vous y retrouver, Christiane.

Michel a 70 ans, il en paraît 55, visiblement sportif, petit look militaire, on le devine organisé, efficace, sûrement autoritaire. Je l'ai rencontré jeudi dans un café de Longueuil. Il m'a raconté ce voyage dont il est revenu seul.

***

Nous sommes partis le 18 mai dernier, c'était un mardi, un vol direct pour Zurich où sommes arrivés à 6h du matin. Le voyage a été pénible pour Christiane, mal assise dans la chaise étroite fournie par la compagnie aérienne. La sienne, trop large pour les allées, était dans la soute. J'ai déplacé 100 fois son oreiller, elle souffrait.

Dignitas nous avait fourni une liste d'hôtels et de compagnies de taxis qui assuraient le transport spécialisé. On avait réservé une chambre dans un hôtel de la petite ville de Rümlang, le Dorval de Zürich. Épuisés, nous avons dormi toute la journée.

Le jeudi matin on a eu la visite du médecin de Dignitas. Il a questionné Christiane, lui a longuement répété qu'elle n'était pas obligée d'aller jusqu'au bout, vous m'entendez bien, madame? Jusqu'à la dernière seconde, vous pouvez changer d'idée. Il parlait un français teinté d'un assez fort accent allemand, mais parfaitement compréhensible. Sa visite a duré une heure. Je ne me souviens plus de ce que nous avons fait après. Christiane pleurait beaucoup.

Vendredi matin, 21 mai. Christiane a mangé un peu. Puis elle s'est longuement maquillée et m'a demandé de l'aider à passer sa plus belle robe. À 11h, le transport spécialisé - le même qu'à l'aéroport - est venu nous prendre à l'hôtel pour nous conduire à la maison de Dignitas.

Nous avons roulé une heure en silence. Christiane ne pleurait plus. Je sentais qu'elle ramassait toutes ses énergies, bandait toute sa volonté. Une cinquantaine de kilomètres au sud de Zürich, au bord du lac du même nom, nous sommes arrivés dans un hameau nommé Pfäffikon. À la sortie du hameau, en plein champ, une belle maison de campagne, c'était là. Un décor de douces collines, des vaches, je me souviens d'une piste cyclable.

La dame qui nous a ouvert la porte nous a salués chaleureusement et menés à un bureau où nous attendait le gérant des lieux pour la signature de différents papiers et autorisations. Christiane signait avec un tampon portant sa signature, tampon qu'elle s'était fait faire quand elle s'était mise à trembler trop il y a quelques mois.

Le monsieur lui a demandé son passeport en lui disant qu'il serait remis au consulat canadien de Zürich. Il a brièvement été question de crémation. Tout cela était aussi irréel qu'une visite à son propre salon funéraire une heure avant de mourir.

Avant de quitter la pièce, on nous a informés que dans une autre partie de la maison, au même moment, un autre «patient» était dans le même processus que nous. Je ne crois pas qu'on ait employé le mot processus. Leur français était un peu hésitant. On s'adressait à moi en anglais pour plus de clarté. Je me suis demandé pourquoi on nous informait de la présence de cet autre «client», de toute façon on n'a vu personne.

On nous a conduits dans une chambre où il y avait un lit et un fauteuil en nous précisant que tout ce qui se passait dans cette pièce était filmé. On a demandé à Christiane si elle préférait le lit ou le fauteuil. Elle a pris place dans le fauteuil. On nous a proposé un café que j'ai accepté.

Le même médecin qui nous avait rendu visite à l'hôtel a fait son entrée. Il a rapidement ausculté Christiane, lui a redit qu'elle pouvait changer d'idée jusqu'à la dernière seconde. Elle pouvait partir, revenir demain, ne pas revenir demain.

On a apporté à Christiane un jus dans lequel il y avait un anxiolytique inoffensif. Elle n'en serait pas indisposée si elle décidait de s'en aller après l'avoir bu.

Christiane avait apporté ses propres pailles de Montréal. Elle a bu le jus.

Il s'est écoulé une quinzaine de minutes, je suppose pour laisser le temps au relaxant d'agir. Puis un employé qu'on n'avait pas encore vu est entré avec le fameux liquide fatal. Pour la couleur on pouvait croire à de l'eau. Pour la quantité, deux ou trois petites gorgées.

On a donné à Christiane un morceau de chocolat en lui expliquant que c'était pour atténuer l'amertume du liquide en question. On lui a redemandé une dernière fois, voulez-vous vraiment aller jusqu'au bout, madame? Je lui tenais la main.

Elle a dit oui, je le veux.

Vous allez entrer dans un sommeil profond, vous ne ressentirez aucune douleur. Le préposé tenait le verre. Christiane y a plongé sa paille. Le verre vidé, le préposé est reparti avec.

Les yeux de Christiane étaient déjà fermés. Elle s'est endormie. Plus tard, j'ai senti sa main devenir molle, molle. Elle est morte sans un tressaillement.

On m'a laissé avec elle.

Plus tard un médecin légiste et son assistant, travaillant pour le Canton de Zürich, sont venus constater officiellement le décès. Puis deux policiers m'ont interrogé pour la forme.

Le lendemain, le samedi, je suis allé me promener dans Zürich. Comme Christiane me l'avait demandé, j'ai jeté le contenu de sa valise, elle n'avait pas apporté grand-chose.

Je suis rentré à Montréal le dimanche. J'ai rapporté sa chaise qui appartient aux services sociaux.

La mort à tout prix

Il en a coûté 11 500$ à Christiane pour son petit verre de liquide amer (du pentothal, paraît-il), cela inclut la crémation, cela n'inclut pas le séjour à l'hôtel, les deux billets d'avion et les frais de séjour.

DES TOURISTES QUI NE REPARTENT PLUS - De sa fondation en 1998 à 2008, 868 personnes sont mortes dans les locaux de Dignitas. En tout, 85% n'étaient pas suisses. Une majorité d'Allemands, mais aussi des Français, des Américains.

Au total, 868 personnes sont passées à l'acte sur 7368 demandes d'assistance; 70% des gens qui voulaient mourir ne rappellent jamais, 18% rappellent, mais disent vouloir encore attendre.

Dignitas, qui n'est pas très bien accepté par les Suisses, a dû déménager ses locaux souvent, mais toujours dans la région de Zürich. Ce qui est mal perçu par les Suisses, c'est le côté «tourisme de la mort» de la chose. Réponse cinglante du fondateur de Dignitas, Ludwig A. Minelli: évidemment, le tourisme bancaire dérange beaucoup moins mes concitoyens.

(Notes tirées d'une entrevue que Minelli a donnée au journal Le Monde en août 2008)

LES ALZHEIMER - Pour des raisons tant légales que médicales, Dignitas ne peut offrir son assistance aux gens atteints de la maladie d'Alzheimer qui voudraient s'éviter le long calvaire annoncé. Ces malades ne seraient légalement «assistables» qu'en arrivant au stade de la démence. Mais alors, ils ne sont plus en état de donner leur accord.
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MessageSujet: Re: En Brassant le Couscous... suite   En Brassant le Couscous... suite - Page 12 EmptyMar 22 Juin - 7:28

Remets-moi ça, Marcel


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Pierre Foglia
La
Presse


Ah! les Français. Ont-ils été assez ridicules ces jours derniers? Non, pas assez. Le monde entier en redemande, aimerait se moquer d'eux encore un peu, et les Québécois, bien sûr, ne sont pas les derniers à rigoler comme des fous.

Au fait, qu'y a-t-il donc de si Français dans ce psychodrame?

Tout cela a commencé par une injuste qualification pour le Mondial (contre l'Irlande), injuste parce que survenue sur une erreur d'arbitrage. Il n'y a rien de français là-dedans. Dans la polémique qui a suivi non plus. Il a beaucoup été question de respect des règles et d'honneur. Cela a donné lieu à un débat plutôt intéressant sur la morale sportive.

Ça s'est gâté sur le terrain. Les Bleus ont mal joué leurs deux premiers matchs. Il faut bien dire qu'ils n'ont pas une grande équipe. Le creux de la vague. Il n'y a rien de particulièrement français dans l'immense déception du pays après les deux premiers matches. Les Italiens capotent tout autant, et les Anglais aussi.

Au coeur du psychodrame des Bleus, un homme, Raymond Domenech, le sélectionneur français. Pas si Français que ça, d'ailleurs : fils d'un immigré catalan antifranquiste réfugié en France, personnage déroutant, de gauche - du moins syndicaliste, c'est lui qui l'a dit en entrevue à L'Express.

Mais surtout, au coeur du psychodrame, il y a la stratégie de Domenech, qui elle non plus n'a rien de français, même qu'elle est d'inspiration nord-américaine. Je l'appelle la stratégie de la perdrix. Quand une perdrix sent que ses petits sont menacés, elle se dépêche d'attirer l'attention sur elle. Elle s'arrange pour croiser votre chemin en tirant de l'aile. Vous vous dites : ah, tiens une perdrix blessée, et vous courez après. C'est ainsi qu'elle vous éloigne de ses petits.

C'est ainsi aussi que les entraîneurs de quelques grandes équipes sportives se mettent à tirer de l'aile pour attirer les prédateurs loin de leurs petits - je veux dire pour éloigner les journalistes de leurs joueurs. Domenech a porté cette stratégie à un tel point d'exacerbation, il a tellement écoeuré les journalistes, il les a promenés par tant de chemins sans issue que cela a fini par se retourner contre lui.

Cette fois, les journalistes n'ont pas couru après la perdrix; ils ont cherché son nid, l'ont trouvé et ont placé un espion dedans. L'espion leur a tout rapporté : va te faire enculer, fils de pute. Puisque c'est comme ça, on ne s'entraînera pas. C'est qui, le traître, que j'y casse la gueule? Et autres pantalonnades, encore là, pas particulièrement françaises.

Sans Domenech pour faire écran, les joueurs se sont montrés tels qu'ils sont : des psychoses à crampons. Tels qu'ils sont dans tous les pays, dans presque toutes les disciplines. Tout, chez eux, est surdimensionné : le succès, la fortune, la bêtise. L'ego, bien sûr. Le pire exemple à ce Mondial n'est pas français, il est portugais : Cristiano Ronaldo. Le deuxième pire exemple non plus n'est pas français, il est argentin : Maradona.

Le même psychodrame, avec les mêmes rebondissements et les mêmes excès de langage, pourrait toucher l'Angleterre, l'Italie, l'Espagne, le Brésil, le Canada. Imaginez si l'équipe canadienne ne s'était pas qualifiée pour les quarts de finale à Vancouver, l'hiver dernier.

En fait, c'est le contraire de ce qu'on raconte : ce psychodrame n'est pas de nature française. Par contre, il agit comme un révélateur sur la nature de la France. Il en donne une photographie en couleur.

J'adorerais être en France ces jours-ci, comme un anthropologue rêve de débarquer chez les Wawayouyous au moment d'une éclipse totale du soleil. J'adorerais faire ma chronique en direct du Café du Commerce d'Angoulême. Je ferais semblant de lire mon journal...

Ah! les cons! Tu sais, ils nous prennent vraiment pour des cons.

Attends, j'te suis pas, là. Les cons, c'est eux ou c'est nous?

Les deux. Y a que des cons, dans ce pays. Y a les cons, et y a les autres cons. Remets-moi ça, Marcel.

***

On n'a pas arrêté de dire qu'un match nul entre l'Uruguay et le Mexique éliminerait les Bleus, comme si l'Uruguay et le Mexique allaient s'entendre sur ce nul qui enverrait le Mexique à l'abattoir au tour suivant (contre l'Argentine).

Pour se qualifier, les Bleus doivent souhaiter que le Mexique et l'Uruguay ne fassent pas match nul. Ils doivent aussi cartonner très fort contre l'Afrique du Sud, genre 5-0. Le gardien titulaire des Africains n'est-il pas suspendu? N'empêche. Qui, pensez-vous, serait plus ridicule que les Français s'ils devaient se qualifier ce matin? Vous!

AVEC MES EXCUSES À CHARLES BAUDELAIRE - Il y a tellement plus désolant que les Français, ces jours-ci... Il y a ce pauvre Obama. Mais lui, c'est pas de sa faute... Semblable au prince des nuées/Qui défiait les tempêtes, se riait des archers/Exilé sur la plage au milieu des huées/Ses ailes de goudron l'empêchent de marcher.

On ne sait ce qui est le plus désespérant : la chute du prince, les gouffres amers. Les riverains de la marée noire qui pataugent dans la marde noire mais n'en réclament pas moins la levée du moratoire qui leur redonnera des jobs sur les plateformes de forage. Je crois que c'est cela, le plus désespérant : les gens. C'est toujours les gens, le plus désespérant. C'est toujours le Café du Commerce.
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MessageSujet: Re: En Brassant le Couscous... suite   En Brassant le Couscous... suite - Page 12 EmptyMer 23 Juin - 7:35

Y'avait quand même quelque chose de bien franchouillard dans cette histoire... les télés ne s'interessaient qu'au foot; on a eu des inondations épouventables dans le Var, plus de vingt morts...
Je te laisse deviner quel sujet passait en premier et le plus longtemps... peuple de merde
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Karoli

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MessageSujet: Re: En Brassant le Couscous... suite   En Brassant le Couscous... suite - Page 12 EmptyMer 23 Juin - 13:50

On voit où vont les valeurs des gens ...


À tous les kaboumeurs, je vous quitte pour une partie de l'été, ce sont les vacances !

À plus tard !
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MessageSujet: Re: En Brassant le Couscous... suite   En Brassant le Couscous... suite - Page 12 EmptyVen 25 Juin - 5:56

Bonnes vacances Carolis !
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MessageSujet: Re: En Brassant le Couscous... suite   En Brassant le Couscous... suite - Page 12 EmptySam 26 Juin - 6:57

Les Canadiens sont formidables

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Pierre Foglia
La Presse

Cette semaine, trois jours durant, dans le cadre des sommets que l'on sait, La Presse a publié un sondage de l'Institut Historica-Dominion sur la perception qu'ont les étrangers du Canada et des Canadiens.

On a sondé 23 pays, de très grands, comme la Chine, l'Inde, l'Indonésie, les États-Unis, le Brésil, la Russie; des influents comme la Grande-Bretagne, l'Allemagne; d'autres comme la Turquie, la Hongrie, l'Afrique du Sud, la Corée du Sud.

Ce sondage par internet procédait par propositions plutôt que par questions. Par exemple: Le Canada dispose de certains des paysages naturels les plus beaux du monde. Oui? Non? Imaginons M. Chon, un des 500 Coréens choisis Dieu sait comment: Je réponds quoi, là? Qu'est-ce que je sais des paysages du Canada et des autres dans le monde?

Au fait, nommez-moi un pays qui n'offre pas de paysages parmi les plus beaux au monde? Juste autour de chez moi, je peux vous montrer 20 des paysages naturels les plus beaux au monde. Même si j'habitais à Laval, je pourrais vous en montrer. Réglons-le une fois pour toutes: les beaux paysages du monde sont tous au même endroit, au carrefour de la poésie et de la géographie (1).

Dans Matin de guerre (éd. Les 400 Coups), page 36, une photo de Marcel Saucier: une route et un ciel, quelque part en Abitibi, de loin le plus beau paysage du monde. Dans un livre du MOMA sur Walker Evans, page 141, une arrière-cour, un arbre, un poteau de téléphone, au loin la petite ville minière de Bethlehem (Pennsylvanie), ici encore le plus beau paysage du monde. Dans Scattered City, page 78, photo de Gabriele Basilico montrant le tournant d'une autoroute à Beyrouth avec un pont et un immeuble carré, le plus laid paysage du monde, mais si c'est vraiment le plus laid, n'en devient-il pas formidablement beau? De quoi parle-t-on, au juste? D'une carte postale des Rocheuses avec une police montée?

Et maintenant la plus téteuse des propositions du sondage: Les Canadiens sont des gens que j'inviterais volontiers à manger chez moi. Dites-moi, à moins d'être grossier, comment répondre non à ça? N'empêche, 20% des étrangers consultés ont osé dire non.

Un citoyen du monde sur cinq ne veut pas de Canadien à souper. Dont M. Chon. Je l'ai appelé. Vous n'aimez pas les Canadiens, M. Chon? Y puent ou quoi? Pas du tout. Moi recevoir amis canadiens tous les ans, Ron et Maggy, très gentils, viennent à Séoul à la foire de l'ustensile en plastique, lui représentant Tupperware pour toute la Saskatchewan, mais pour le souper préfèrent aller au McDo. En fait, les trois quarts des propositions de cet incroyable sondage auraient pu se résumer en une seule question: Allô, le monde? Est-ce que vous nous aimez? Devinez quoi? Vouiii, le monde nous aime. Alléluia. Les Canadiens sont cool. Vouiii. Les Canadiens sont éduqués. Vouiii. Les Canadiens sont polis -je vous jure, c'était dans le sondage. Vouiii, sont très, très polis, lisses, y a rien qui dépasse. Sont gentils avec les immigrants. Vouiii. Sont tolérants. Vouiii. Sont en santé. Vouiii. Sont riches. Vouiiii. Sont généreux. Vouiii. Sont beaux? En fait le sondage a eu le culot d'employer le mot sexy.

C'est le plus bas résultat obtenu par le Canada: 53%. Donc, le reste du monde ne trouve pas les Canadiens particulièrement sexy? Je ne crois pas que ce soit la bonne interprétation. Je crois que le reste du monde trouve les Canadiens un peu cons de poser ce genre de question. Ce sondage «mondial» était concurremment mené aussi au Canada.

Le Canada est un pays accueillant pour les immigrants. D'accord, disent 72% des étrangers, tandis que 94% des Canadiens n'en reviennent pas d'être aussi accueillants. Le Canada est un pays très généreux dans son aide aux pays pauvres. Soixante-deux pour cent des étrangers acquiescent. Et 91% des Canadiens s'applaudissent d'être aussi généreux.

Pour 21 des 23 propositions du questionnaire, les Canadiens s'évaluent et évaluent leur pays pas mal plus haut que ne le font les étrangers. Et me reviennent en tête Vancouver et ses débordements de patriotisme. Et me revient en même temps le fossé entre ma perception et sans doute la vôtre. J'ai toujours trouvé les Canadiens chauvins -je m'empresse d'ajouter: normalement chauvins.

Par normal, j'entends qu'il est normal que ce soient les nations les plus jeunes, les moins sûres de leur identité qui manifestent cette identité le plus bruyamment. Mon réel étonnement est ailleurs. Il est au coeur de la perception que les Canadiens ont d'eux-mêmes. Au centre de la psyché canadienne, il y a la modestie, l'effacement, peut-être bien même une timidité de souris.

Cela, bien sûr, toujours ressenti en regard du voisin, cet Américain arrogant auquel on ne veut tellement pas ressembler. On ne m'aimera pas, ici. Je trouve mes voisins américains -des paysans, il est vrai-, sans parler de ceux que je fréquente dans mes lectures, tellement plus sereins sur le thème de la nation. Bref, je ne suis pas certain que ce sondage nous dise ce que les Coréens, les Indiens, les Russes, les Chinois pensent vraiment des Canadiens.

D'ailleurs, en pensent-ils quoi que ce soit? Vous pensez quoi des Coréens, vous? Par contre, je suis certain que ce sondage nous dit très exactement ce que les Canadiens pensent d'eux-mêmes: que du bien.

(1) Carnets du grand chemin, Julien Gracq.
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MessageSujet: Re: En Brassant le Couscous... suite   En Brassant le Couscous... suite - Page 12 EmptyMar 29 Juin - 7:28

Un jeu


Pierre Foglia, La Presse


La question que je me pose, un peu philosophique, oh à peine, est celle-ci : faut-il corriger les fautes d'arbitrage?

Le sport est un territoire de jeu. DE JEU. De conventions. On convient que lorsque le ballon traverse entièrement cette ligne, il y a but, ou remise en touche, ou corner. On convient qu'il y a ou non hors-jeu. On convient que cette faute mérite d'être sanctionnée par un pénalty.

Dans la vraie vie, les lignes séparent le bien du mal. Dans le sport, les lignes sont affaire de convention, pas de morale. L'arbitre siffle une faute imaginaire ou le contraire : ne siffle pas une vraie faute, cela fait partie du jeu. C'est une péripétie du jeu. À la fin, il en résultera peut-être une défaite. Mais la défaite aussi fait partie du jeu.

Si j'étais entraîneur dans un sport collectif, je demanderais à mes joueurs de considérer les erreurs d'arbitrage comme un faux rebond de ballon, comme une trajectoire inattendue, comme un aléa. Surtout pas comme une injustice.

Pareillement si j'étais entraîneur d'un sport jugé - gymnastique, patinage, plongeon. Tu penses que tu méritais mieux? Peut-être. Mais tu ne peux pas demander une révision de ta note comme à l'UQAM. C'est fini. Plongeon suivant.

Tu suspectes une magouille de la juge biélorusse? Tu sais que la fille - je ne sais pas pourquoi je dis la fille - qui t'a battue au sprint était dopée? Mais tu ne peux pas le prouver. Je pense à Caroline Brunet à Sydney. À Lyne Bessette souvent. À Maryse Turcotte tout le temps. T'as le choix : ou tu débarques et tu deviens infirmière ou représentante de Wonderbra en Beauce et dans le Bas-du-Fleuve ou tu continues de faire ce que tu aimes. En te rappelant que c'est UN JEU.

Vous vous rappelez Salé-Pelletier à Salt Lake? Non, vous ne vous rappelez pas. Vous vous rappelez qu'ils s'étaient fait voler. Vous ne vous rappelez pas leur exemplaire retenue pendant que tout le monde criait au scandale planétaire. Leurs sourires étaient douloureux, mais ils montraient cette élégance, cet état d'esprit véritablement sportif dont je veux parler ici, ils n'ont jamais quitté le territoire du jeu. DU JEU.

Ce n'est pas eux qui ont fait changer la décision, c'est la foule, la pression médiatique. Juste en parler et mon indignation de l'époque - bien peu partagée! - me revient, intacte. C'était bien comme ça. Une médaille d'or en tôle. Et celle d'argent magnifique.

Mais c'était si injuste...

On s'en crisse. Dans le sport comme dans la vie, la foule, cette bête, ce troupeau de bêtes, ne peut pas avoir le pouvoir de faire changer une décision, un jugement. C'est plus grave que l'injustice.

Mais je reviens à ce ballon anglais que le monde entier a vu traverser la ligne, le monde entier, pas le juge de touche. Ce n'est même pas une erreur. Le jeu s'est déplacé trop vite, il lui était physiquement impossible de se rendre là où il aurait pu juger du tir.

Et on revient à notre point de départ. Vous dites : raison de plus d'avoir recours à la vidéo.

Je redis que les fautes d'arbitrage font partie du jeu, comme les autres fautes, celles des joueurs qui trichent, qui tirent le maillot, qui se dopent, qui font semblant d'être blessés. Tout le monde se trompe sur un terrain. Dans tous les jeux collectifs, victoires et défaites se décident sur des erreurs. C'est l'essence même du jeu.

Quand l'erreur est vraiment énorme comme l'autre jour le but anglais qui n'a pas compté, si on voulait vraiment réparer, alors il y a toujours le fair-play. Cette vieille chose tombée en désuétude qu'il faudrait bien réactiver.

Le fair-play, c'est par exemple une erreur de l'arbitre spontanément corrigée par l'équipe à qui cette erreur profite. C'est ainsi qu'on voit parfois des équipes donner volontairement le ballon à l'adversaire qui vient d'être lésé par une mauvaise décision. Il est vrai, jamais pour des gros trucs, comme un but refusé, un pénalty.

Dimanche, j'aurais osé un gros truc. Si j'avais été l'entraîneur des Allemands, à la mi-temps, j'aurais montré à mes joueurs la reprise de ce but évident qui n'a pas été accordé aux Anglais. Messieurs, on mène 2-1 mais en réalité, c'est 2-2. Voici ce que nous allons faire : à notre retour sur le terrain, on ne bouge pas sur la mise au jeu, on laisse les Anglais aller compter ce but qui leur a été volé.

Et après, on les plante.

Je déconne? Pas tant que ça. J'aurais créé l'événement du Mondial. Dans 100 ans, on en parlerait encore. Même que les gens penseraient que ce sont les Allemands qui ont inventé le fair- play. Les Allemands! T'imagines!
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MessageSujet: Re: En Brassant le Couscous... suite   En Brassant le Couscous... suite - Page 12 EmptyMar 29 Juin - 7:45

Quand l'erreur est vraiment énorme comme l'autre jour le but anglais qui n'a pas compté, si on voulait vraiment réparer, alors il y a toujours le fair-play. Cette vieille chose tombée en désuétude qu'il faudrait bien réactiver.

Le fair-play, c'est par exemple une erreur de l'arbitre spontanément corrigée par l'équipe à qui cette erreur profite. C'est ainsi qu'on voit parfois des équipes donner volontairement le ballon à l'adversaire qui vient d'être lésé par une mauvaise décision. Il est vrai, jamais pour des gros trucs, comme un but refusé, un pénalty.

Dimanche, j'aurais osé un gros truc. Si j'avais été l'entraîneur des Allemands, à la mi-temps, j'aurais montré à mes joueurs la reprise de ce but évident qui n'a pas été accordé aux Anglais. Messieurs, on mène 2-1 mais en réalité, c'est 2-2. Voici ce que nous allons faire : à notre retour sur le terrain, on ne bouge pas sur la mise au jeu, on laisse les Anglais aller compter ce but qui leur a été volé.

Et après, on les plante.

Je déconne? Pas tant que ça. J'aurais créé l'événement du Mondial. Dans 100 ans, on en parlerait encore. Même que les gens penseraient que ce sont les Allemands qui ont inventé le fair- play. Les Allemands! T'imagines!


C'est le seul match que j'ai vu de ce mondial
J'ai trouvé que les deux équipes jouaient bien alors j'ai regardé...
Effectivement j'ai pensé à ça... ce serait noble de la part des allemands de laisser la anglais mettre un but, sans bouger...

Ca aurait pu être possible... s'il n'y avait pas de tels enjeux financiers... dommage
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MessageSujet: Re: En Brassant le Couscous... suite   En Brassant le Couscous... suite - Page 12 EmptyMar 3 Aoû - 9:03

Phoque de phoque, de lui je m'ennuyais presque...


Je veux faire du cinéma multiculturel

Pierre Foglia, La Presse

Je vous raconterai mes vacances une autre fois, d'ailleurs je ne suis pas bien certain qu'elles soient terminées. En vérité, j'hésite à reprendre la chronique. Je songe à me lancer dans une nouvelle carrière: le cinéma. Acteur. Voilà, c'est dit.

L'envie m'en est venue subitement en passant devant la ferme des Édoin, sur le chemin du Bois, où l'on tourne en ce moment un film. Un long métrage avec des acteurs très, très connus. Même moi, je les connais, c'est vous dire.

Le réalisateur, un tout jeune homme, est le fils des fermiers. C'est juste à côté du pont couvert et du petit bois où je cueille les premiers champignons de la saison. Je passe par là à vélo 12 fois par semaine. Le film est tourné à la ferme même, encombrée depuis un mois par les camions de la régie.

C'est dans ce film-là que je voudrais commencer ma carrière. Je pense à un petit rôle de rien du tout. Les gens de cinéma disent un «caméo», mais ce n'est pas français - il faut dire une apparition. J'apparaîtrais donc au moment où l'actrice principale irait chercher son courrier. Elle lèverait la tête, elle dirait: tiens, un cycliste. Moi, je dirais rien. Ou peut-être je dirais bonjour Pascale. Non, pas Pascale, c'est son vrai nom dans la vie. Je ne sais pas son nom dans le film. Bonjour Marie, ou n'importe quoi, même Linda, ça me dérangerait pas.

Comme je le disais au jeune Édoin, je n'ai aucune expérience cinématographique. Par contre, une fois, j'ai fait du vélo à Hollywood. J'étais allé pédaler je ne sais plus quel parc national du coin et, avant de reprendre l'avion, j'avais pédalé Hollywood en suivant un autobus découvert de touristes néerlandais. J'entendais ce que le guide disait, mais c'était en néerlandais. Le seul mot que j'ai compris, à un moment donné, c'est Zsa Zsa Gabor. Je garde de cette visite guidée un souvenir émerveillé.

Le jeune Édoin n'a pas semblé impressionné par mes références hollywoodiennes et je devine qu'il ne donnera pas suite à mon offre. J'ai pourtant une raison très sérieuse de vouloir figurer dans son film. Une raison que je ne lui ai pas encore exposée.

Voici.

Jacob Tierney, cela vous dit quelque chose? C'est ce jeune réalisateur juif montréalais qui, il y a un mois ou deux, a lancé un pavé dans la mare fétide et croupissante de notre cinématographie en déclarant que le cinéma québécois de souche (ouache) ne reflète pas la réalité québécoise parce qu'il ne fait aucune place aux immigrés.

Il a mille fois raison. Je ne comprends pas que notre industrie cinématographique, à l'exemple de la fonction publique, ne se soit pas donné des règles pour corriger cela, règles qu'on pourrait appeler «de représentation positive». Pour être financé, tout film québécois devrait obligatoirement compter dans sa distribution un juif, cinq Haïtiens, deux Pakistanais, deux Indiens des Indes, un Bulgare, trois Libanais, un Iranien, un Russe et un Indien de chez nous, tous en costume national.

Je reviens au jeune Édoin. Quand j'ai vu débarquer sa gang de cinéma dans ma campagne, je n'ai rien dit, mais aussitôt l'immigré en moi s'est senti une fois de plus rejeté. Des actrices et acteurs connus, des producteurs de renom, des techniciens chevronnés, mais des immigrés? Pas un seul. Même pas un Luxembourgeois. Rien.

Je le dis en toute modestie: je pourrais épargner à ce film une autre critique justifiée de nos amis anglos en lui donnant, par ma seule figuration, la dimension multiculturelle indispensable qu'il n'a pas pour l'instant. D'ailleurs, il me vient qu'au lieu de tout simplement dire à mon passage?: tiens, un cycliste, la dame qui tient le rôle principal pourrait être plus précise: tiens, un cycliste franco-italo-canadien.

Mais c'est peut-être trop. Je vous dis cela parce la semaine où Jacob Tierney a dénoncé la consanguinité de notre cinématographie, j'ai loué à mon club vidéo un film indo-canadien tourné par un Indien qui vit à Toronto, intitulé Cooking with Stella. Ça raconte l'histoire d'un chef (de cuisine) canadien qui déménage à New Delhi pour y suivre sa femme, qui vient d'y être nommée haut-commissaire.

Une merde, mais une merde! Qui a bien évidemment enchanté le Canada anglais, où faire des films de merde n'est pas si grave pour autant qu'ils soient multiculturels.

Je reviendrai sur le sujet prochainement - je vous parlerai d'un de mes amis qui vient de finir sa thèse de doctorat sur l'absence totale de ratons laveurs dans le théâtre grec, particulièrement dans les tragédies d'Eschyle, de Sophocle et d'Euripide.

Rien n'est jamais parfait, finalement.

VACANCES - Je vous ai ratés, dimanche. Je voulais vous accueillir à la grande douane de Saint-Armand, j'avais mon carnet, mon enregistreuse, comme un vrai journaliste. Pas pu me rendre jusqu'à vous. Je n'avais pas prévu que l'attente serait plus longue pour entrer aux États que pour en sortir. Il fallait bien que j'entre pour vous rejoindre de l'autre côté. Cinquante minutes pour entrer, une file de 2 kilomètres. Quand j'ai commencé à doubler les voitures, ça s'est mis à crier: Get back in line!

Ceux-là, une plaque du New Hampshire, arrivaient du festival Osheaga, où ils avaient vu Arcade Fire la veille au parc Jean-Drapeau. Ceux-ci revenaient de vacances en Ontario. Ceux-là... J'ai viré de bord. C'est vous que j'étais venu voir.

Pis? Ogunquit? Kennebunk? Le parc Acadia?

Moi, c'est un peu plus haut, Monhegan Island, très tard à l'automne, juste avant la neige. On prend le ferry à Port Clyde. Dix milles en mer, un rocher d'une ingratitude presque irlandaise. Ça prend absolument un livre pour s'asseoir sur le rocher. Pas de la fiction, pas de la poésie non plus. Entre les deux?: Pessoa... Voyager, perdre des pays...
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MessageSujet: Re: En Brassant le Couscous... suite   En Brassant le Couscous... suite - Page 12 EmptyJeu 5 Aoû - 19:04

Anyone with pain

Pierre Foglia, La Presse

La revue Urbania est une superbe revue, unique au Québec, surtout par sa présentation, par ses textes aussi, flyés sans trop d'affectation. Un peu d'affectation, quand même - on a parfois l'impression, comme dans les autres revues pop art du genre, que ce sont les graphistes qui l'écrivent. Ce n'est pas un reproche. Mais c'est un genre, c'est sûr.

Une revue originale dans sa façon d'explorer un thème par numéro. Le numéro de cet été se penche sur les vieux.

En couverture, la magnifique photo d'une vieille en noir et blanc avec des toiles d'araignée. Il n'est pas précisé s'il s'agit de cette vieille dont le jeune homme qui fait une fixation sur les vieilles, en page 59, dit: elle me suçait avec intensité, amour et minutie comme si c'était sa dernière pipe.

Mais l'article le plus saisissant, celui qui explore le plus loin le douloureux naufrage de la vieillesse, raconte la visite qu'un reporter a faite à Édouard Carpentier (le lutteur). Assis sur le siège des toilettes, Édouard Carpentier essaie de défaire les bandages qu'il a sur les jambes. Aide-moi, dit-il au reporter.

Je ne suis pas votre infirmier, M. Carpentier, je viens pour l'interview.

Oui, oui. Mais aide-moi.

Toute la revue est de cette eau - je veux dire de fort belle tenue, sauf quelques formidables et j'imagine incontournables clichés, comme celui-là qui nous dit que «la vieillesse, c'est dans la tête». Ben tiens, Chose. Un petit peu dans la queue aussi, non?

Il y a aussi Gregory Charles qui nous dit que, lorsqu'il sera vieux, il sera à la fois actif, compétitif, curieux, effervescent, lyrique, passionné et amoureux de la vie.

Vous comprenez maintenant, jeunes gens, pourquoi je vous ai dit non quand vous m'avez demandé ma collaboration? Qu'aurais-je pu ajouter à ce que vous a dit Gregory Charles? Gregory qui, en passant, est presque mon voisin. On ne se croise jamais mais, savez-vous, il ne m'étonnerait pas du tout que, secrètement, il m'ait pris pour modèle du vieux qu'il rêve d'être plus tard.

Actif, compétitif, curieux, effervescent, lyrique, passionné, amoureux de la vie, ça ne peut être que moi. Ou Janette Bertrand.

***

Je vous disais donc que mes vacances m'ont fait grand bien, même s'il m'a fallu deux semaines, à roulotter alentour, à aller aux champignons - fabuleuse année pour les champignons -, avant de m'apercevoir de la chose: cout'donc, je suis en vacances! Si j'allais quelque part? J'ai déplié une carte du Vermont et mis mon doigt sur Springfield, là. Je prendrai cette route-là. Je ne sais pas si cela vous arrive aussi, vous tracez votre trajet au marqueur jaune, youpi-laye, c'est tellement facile sur la carte, par là jusqu'à Saxton, retour par Townshend, vous y êtes le lendemain... Et paf, ça commence par une côte à 22%, c'était pas prévu. Vous montez les deux premiers kilomètres à pied, il en reste 121. Longue journée.

J'avais oublié que le sud du Vermont est plus habité, plus récréotouristique, même un peu Saint-Sauveur. Plus de trafic aussi. J'ai pas regretté parce que c'était les vacances et qu'il faut bien aller quelque part, mais vous ne le répéterez pas? Le nord du Vermont est mille fois plus beau. C'est au nord du Vermont que sont les plus belles routes à vélo du monde.

À Springfield, je logeais sur les hauteurs, le Hartness House, où venait se reposer Charles Lindbergh dans les années 30. Un grand manoir près d'un grand cimetière, aujourd'hui un peu négligé (le manoir, pas le cimetière), encombré de navrants pots de fleurs en plastique, tenu par une Russe qui ferme les portes à 18h pour se retirer dans ses appartements. Les portes et les escaliers grincent comme dans les films d'Hercule Poirot. L'endroit était vide, sauf deux jeunes dames un peu toutounes, peut-être lesbiennes, peut-être en voyage de noces. Peut-être aussi que l'une d'elles est chroniqueuse dans un journal de Boston ou de New York et qu'elle écrit à l'instant même?: l'endroit était vide, sauf un vieillard renfrogné en cuissards de vélo, il lisait un livre en français sur le perron en mangeant des cerises dont il crachait les noyaux dans le massif de pétunias. Peut-être un mort revenu du cimetière voisin? Mais non, les morts ne mangent pas de cerises. Plus probablement un type un peu malheureux. Anyone with pain.

C'est peut-être le titre de sa chronique. En tout cas, c'est celui de la mienne. Anyone with pain.

***

Comme je vous le disais dans ma chronique de mardi, je songe sérieusement à faire du cinéma, mais évidemment il faudra que je change de voiture. On n'a jamais vu un acteur en Yaris. J'ai pensé à une Porsche, il y en avait une l'autre jour dans La Presse, la Panamera. Si j'ai bien compris ce qu'en disait notre chroniqueur auto, c'est une voiture «bonne pour l'image». Un peu chère, peut-être: 92 000$. Mais bon, il se trouve que je les ai depuis hier.

Figurez-vous que j'ai hérité. Quatre millions d'euros. Comme ça, par courriel. Une dame que je ne connais même pas. Non, non, non, rien à voir avec les attrape-nigauds habituels sur le Net, ces soi-disant épouses de potentats nègres assassinés ou en fuite qui veulent transférer leur fortune à la caisse populaire de Clarenceville. Celle-ci est française, elle m'a envoyé sa photo, Agnès Montagne, 54 ans, en phase terminale d'un cancer de la gorge. Mon mari décédé était un pétrolier libyen... Bref, elle n'a ni famille ni enfants, que voulez-vous qu'elle fasse de sa fortune? Probablement qu'elle me lisait sur le Net, qu'elle aimait ça, et voilà... Je lui ai répondu un petit mot drôle, pour essayer de la distraire de sa fin prochaine?: Vous dites, madame, que votre mari était un pétrolier libyen. Vous avez épousé un bateau-citerne?

Je l'entendais rire d'ici, hihihi. Ah non, c'est vrai, elle a le cancer de la gorge: rrrhah, rrrhah...

La Porsche? Je suis moins sûr. Je viens de lire ceci dans «les moins» de notre chroniqueur: les porte-gobelets sont ridicules.

Tss, tss, je sais ce que vous allez dire. Retenez-vous.
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MessageSujet: Re: En Brassant le Couscous... suite   En Brassant le Couscous... suite - Page 12 EmptyJeu 5 Aoû - 19:11

Le Bonheur
Pierre Foglia



Pour mon grand-père maternel (1861-1949), le bonheur était de revenir des champs, de s'asseoir au bout de la table commune, de laper sa soupe à grand bruit, puis d'aller se coucher. S'endormir abruti de fatigue. Pour mon grand-père, le bonheur était une sorte de coma. Un grand malheur l'endeuillait pour toujours : la mort de ses deux garçons à la guerre. Tous les matins, en allant aux champs, il passait sans s'arrêter, sans même un regard, devant le cimetière où ils étaient enterrés. Il leur en voulait de l'avoir laisser seul avec ses neuf filles. C'était avant la mécanisation de l'agriculture. Les filles ne valaient rien pour faucher ou pour mener les attelages de bœufs dans les sentiers pierreux.

C'était aussi le début de l'exode rural. Dans la banlieue de Milan, les premières grandes filatures embauchaient à pleines portes. Mon grand-père avait du mal à recruter des ouvriers pour les travaux des champs. Une fois, dans un village voisin, il en avait trouvé un qui s'appelait Carlo. Sobre et dur à l'ouvrage, Carlo est resté deux ans, le temps de s'amouracher de Ambrosina, la plus jeune des filles de mon grand-père et de l'emmener à Milan. Lazzarone! Voleur!

Carlo (1896-1993) et Ambrosina (1902-1982) ont eu deux filles et un garçon.

Le garçon c'est moi (1940-).

Carlo et Ambrosina ont déménagé en France pour un avenir meilleur. Mon père travaillait comme manœuvre maçon. Ma mère comme femme de ménage. Sans jamais s'en parler, ils ont réglé le cas du bonheur une fois pour toutes: ce ne serait pas pour eux. Ils avaient, de toute façon, trop de travail pour s'occuper de ça. J'ai entendu mille fois ma mère répéter cette phrase épouvantable: "che felicità? Votre père et moi on est juste des pauvres ignorants". Ma mère n'était pourtant pas si humble. En fait ma mère visait plus haut que le bonheur: elle visait la sainteté en se sacrifiant pour nous. Ça aussi, elle nous l'a dit mille fois: "Pourquoi pensez-vous que je frotte tous ces planchers? Pourquoi pensez-vous que je lave la merde des Français? Pour vous. Pour que vous soyez heureux un jour." Elle ne nous promettait pas le bonheur. Elle nous y condamnait, en reconnaissance pour elle. Après tout ce qu'elle avait fait, nous "lui devions" d'être heureux. Nous avions le choix d'être heureux ou d'être ingrats.

Il revint à ma sœur aînée Rosina (1926-) de s'essayer la première au bonheur. Avec un certain succès je dois le reconnaître. Elle commença par immigrer en Amérique qui est un endroit fantastique pour être heureux, la preuve en est qu'elle y trouva presque tout de suite un mari officier dans la marine marchande, et une civilisation électroménagère beaucoup plus avancée que dans la petite ville de la Champagne pouilleuse où nous vivions à l'époque. Ma sœur nous a envoyé des photos de son mariage, on la voyait coupant le gâteau, ou plutôt on ne la voyait pas, tant le gâteau était gros. Ma mère montra les photos au charcutier chez qui elle faisait le ménage à ce moment-là. Le charcutier avait une fille à peu près du même âge que Rosina, énorme avec des lunettes, elle se rongeait les ongles et travaillait à la Sécurité sociale.

Ma seconde sœur Louisa (1934-) partit pour l'Amérique peu après, y trouva également le bonheur, avec un fils d'immigré mexicain, mais très correct pour un fils d'immigré. Sur la première photo qu'on reçut de lui, il portait un t-shirt de UCLA. Ma mère expliquait à la voisine que c'était le nom d'une des plus grandes universités du monde.

Moi j'étais encore trop petit pour aller chercher le bonheur en Amérique. Et d'ailleurs, j'étais trop maigre. Ma mère qui craignait que je sois refusé par les services de santé de l'immigration me faisait bouffer du steak haché de cheval cru auquel elle mêlait un jaune d'œuf battu. J'aimais bien. J'aimais aussi le beurre de peanut qu'envoyait ma sœur aînée. Nous recevions des lettres fleuves qui racontaient l'Amérique, c'est moi qui les lisais à maman et je me souviens d'une histoire qui m'avait beaucoup impressionné, à San Francisco, un homme venait de subir la première opération transsexuelle de l'humanité. Ça n'a aucun rapport, mais c'est à peu près vers la même époque que je devins communiste avec un très net penchant pour le prolétariat paysan. Bref j'avais 15 ans, et savais maintenant où trouver le bonheur: dans un kolkhoze en Californie. Et tant qu'à changer encore de pays, pourquoi pas changer de sexe aussi, je trouvais la transsexualité amusante comme tout, je verrais rendu sur place s'il y avait moyen de moyenner. La suite vous la connaissez. Je vous l'ai racontée plusieurs fois. Je suis allé en Californie mais pas dans un kolkhoze. Et juste avant de devenir transsexuel j'ai rencontré une jeune fille de Saint-Jean-sur-le-Richelieu. On est revenus au Québec. On a eu deux enfants. Et voilà.
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MessageSujet: Re: En Brassant le Couscous... suite   En Brassant le Couscous... suite - Page 12 EmptyJeu 12 Aoû - 5:30

Les géants


Pierre Foglia
La Presse


Quelqu’un du Nouvel Observateur a appelé, m’annonce ma fiancée. C’était il y a un mois ou deux, je revenais des champignons.

L’hebdomadaire français?

Oui, oui ils préparent un numéro sur les géants de la pensée.

Bref, j’ai complètement oublié de rappeler, ce qui explique que je ne figure pas dans la courte liste des géants de la pensée que le Nouvel Obs présente dans le numéro actuellement en kiosque. Ne me faites pas dire de niaiseries, ceux qui sont nommés sont très bons aussi, mais je réponds d’avance à votre légitime surprise: tiens, Foglia n’est pas dans la liste?

Peut-être vous demandez-vous ce qu’est un géant de la pensée? C’est un homme – plus rarement une femme – de grand savoir, on peut dire un génie, dans un domaine particulier: la sociologie, l’histoire, la médecine, l’économie, qu’importe. Ce qui va faire que ce spécialiste deviendra un géant, c’est qu’il transcendera, sublimera sa spécialité pour atteindre à l’universel.

L’exemple qui vient forcément en tête: Lévi-Strauss. À partir de l’étude des peuplades primitives, il s’est mis à réfléchir sur la religion, sur la démocratie, sur l’écriture, sur les droits de l’homme, pour en arriver ultimement à la conclusion que nous sommes tous des primitifs.

Un autre exemple? Moi. Comme Lévi-Strauss, à partir d’une spécialité que j’ai explorée à fond – la bicyclette –, je réfléchis sur les même grands sujets universels: la religion, l’éducation, la médecine, la littérature, pour en arriver à la même conclusion que nous sommes tous des primitifs. J’ajoute: certains plus primitifs que d’autres. Je ne sais pas si vous avez déjà entendu parler du festival de Saint-Cyprien, dans le bout de Lac-Etchemin. Le Festival de la boucane, c’est son nom officiel. La boucane est produite en faisant des «burns» avec les pneus... Tout un beau samedi après-midi d’été à laisser des traces de pneus sur l’asphalte avec son char, son 4x4, son pick-up jacké.

Tiré de Tristes tropiques: «Nous venons de dresser le campement. Les Indiens préparent le souper – queues de caïmans grillées – pendant que les bêtes reposent.»

Sachez, mon cher Lévi, que vous auriez eu plus à observer à Saint-Cyprien que sur le haut plateau du Mato Grosso. À Saint-Cyprien, les bêtes ne reposent pas.

Parmi les géants de la pensée recensés par le Nouvel Obs, ce Maurice Allais, Nobel d’économie, qui a littéralement tricoté le néolibéralisme avec Hayek et Friedman dans les années 40, au sein de la célèbre et sulfureuse Société du Mont-Pèlerin. Sauf que, depuis, Allais a changé d’idée: il est presque devenu altermondialiste. Je vous en parle parce qu’il est la preuve vivante que les géants de la pensée sont souvent, au début, de petits cons. Ça prend du temps pour devenir un géant: Allais aura 100 ans l’an prochain et moi, 70 cet automne.

Un mot sur la seule femme de la liste, Jacqueline de Romilly, helléniste qui invite à la redécouverte de l’enseignement des humanités. Combien de fois dans cette chronique vous ai-je tenu le même discours? Eh bien! Il n’y a pas de hasard: il se trouve que je viens aussi de Romilly, où j’ai habité durant une quinzaine d’années, au 13 de la rue Paul-Bert. Je n’invente rien. Comment Romilly, une petite ville industrieuse de la Champagne pouilleuse environnée de champs de betteraves, a-t-elle pu être le berceau de deux géants de la pensée alors qu’une ville comme Québec, pourtant classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, n’en compte aucun? La géographie est juste.

Souffrez que j’arrête de déconner cinq minutes. Le seul des sept géants de la revue que j’ai fréquenté (dans ses œuvres), le seul dont la pensée m’est familière, c’est Edgar Morin. Les gens de ma génération l’ont abondamment lu – surtout Journal de Californie. Je gage qu’Edgar Morin a été l’auteur le plus lu par les étudiants de l’UQAM entre 1970 et 1990. Je relis aujourd’hui encore ses textes incontournables sur la pensée complexe mais, pour moi, Edgar Morin est aussi – je n’ose pas dire d’abord – le juif qui a rompu avec le peuple élu: «Je romps avec le peuple élu, mais demeure dans le peuple maudit» (Mes démons, 1994).

Dans un texte intitulé «Israël-Palestine: le cancer», cosigné par Sami Naïr et Danièle Sallenave dans Le Monde du 4 juin 2002, ces deux passages: «On a peine à imaginer qu’une nation de fugitifs, issue du peuple le plus longtemps persécuté dans l’histoire, ayant subi les pires humiliations et le pire mépris, soit capable de se transformer en deux générations en "peuple dominateur et sûr de lui"»... Plus loin: «Les juifs d’Israël, descendants des victimes d’un apartheid nommé ghetto, ghettoïsent les Palestiniens. Les juifs, qui furent humiliés, méprisés, persécutés, humilient, méprisent, persécutent les Palestiniens.»

Accusés de «diffamation raciale», Edgar Morin et ses collègues seront déclarés innocents dans un premier jugement. Un second (en appel) les reconnaîtra coupables d’imputer à l’ensemble des Juifs d’Israël d’humilier les Palestiniens, jugement que cassera finalement la Cour de cassation en tranchant que les propos de Morin et des deux autres «relèvent du débat d’idées sans porter atteinte à l’honneur de la communauté juive».

Des propos discutables? Certes. Cela nous dit que la lumière comme la pensée ne sont pas toujours lumineuses et n’ont pas à l’être non plus. L’ombre aussi nous éclaire.
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MessageSujet: Re: En Brassant le Couscous... suite   En Brassant le Couscous... suite - Page 12 EmptySam 21 Aoû - 8:10

Les Oiseaux de Proie
Pierre Foglia
La Presse

Je ne soupçonnais pas que la vallée du Richelieu puisse être si belle hors de ses villages mondains que sont Saint-Marc, Saint-Ours, Saint-Denis.

Saint-Jude et ses alentours, 25 kilomètres au nord de Saint-Hyacinthe, c'est autre chose. J'entrevoyais des porcheries, des poulaillers, la culture extensive du blé d'Inde et du soya, c'est exactement ça, mais c'est aussi le rang Salvail qui zigonne le long la rivière du même nom, des belles maisons de ferme, des chemins qu'on dirait maillés tout exprès pour le cycliste.

J'étais à vélo bien sûr et le fermier sur son tracteur, je criais pour qu'il m'entende: les affaires de gaz c'est où?

Un mille plus loin, à gauche, cria-t-il à son tour, à ras les poulaillers, vous allez voir. Mais vous ne verrez rien parce que y a rien à voir. Y'ont tout démanché.

Je m'étais tracé un parcours d'une soixantaine de kilomètres qui devait me mener aux trois sites de forage de gaz de schiste de région. Celui-là était le premier, sur la commune de La Présentation, et c'était ma foi vrai: il n'y avait rien à voir. Sauf un talus herbeux qui ceinturait un bassin de la taille d'une grande piscine.

En face, une garderie. La jeune femme, Maryse Méthot, était dans sa cour avec les enfants.

Bonjour madame. Vos voisins d'en face sont partis?

Vont revenir!

Ça n'a pas l'air de vous enchanter. Sont dérangeants?

Plutôt! Une flamme de 25 pieds de haut, ça dérange. Quand ils ouvrent la valve pour relâcher la pression, pendant trois minutes c'est comme un Jet qui décolle dans ta cour. Avec les camions qui vont et qui viennent toute la journée, tu te sens comme dans un parc industriel. Ta maison perd de sa valeur au lieu d'en prendre, ça dérange beaucoup, oui. Il y a aussi la manière. Un beau matin on a vu arriver les camions, on s'est demandé quécéça, et voilà, c'était le gaz de schiste.

Peut-être vous inquiétez-vous pour rien, madame, M. Caillé n'arrête pas de dire que ça va finir par une borne-fontaine que vous ne verrez même pas.

Ah oui? En attendant, vont revenir pour d'autres forages, d'autres décollages de Jet dans ma cour, et puis ce gaz, il faudra bien l'envoyer dans un gazoduc, d'autres travaux, d'autres camions, des années de plaisir, au moins trois, nous promet-on.

Je suis arrivé dans Saint-Jude assoupie vers midi. Des travailleurs mexicains en pause syndicale cassaient la croûte sur la place de l'église.

Après Saint-Jude, la rivière Salvail, très encaissée, a raviné des gorges spectaculaires. Quatre ou cinq kilomètres plus loin, la route s'arrête soudain: elle est littéralement tombée dans le ravin. Vous vous rappelez peut-être ce glissement de terrain qui a englouti toute une famille en mai dernier? C'est ici. Restent les fondations de la maison. 300 mètres d'éboulis. En bas la rivière essaie de se creuser un nouveau lit. Un décor qui serait magnifique si ce n'était celui d'une tragédie.

M. Gérard Montpetit, qui habite dans le coin, note qu'après le drame, les géologues convoqués ont expliqué que toute cette région a été façonnée au cours des siècles par des éboulis comme celui de mai, et cela à cause des caprices de la glaise du sous-sol qui devient presque liquide lorsque trop irriguée, et devient alors sujette à des glissements qui ont déjà emporté le pont de chemin de fer qui passait à Saint-Jude, là où aujourd'hui, se trouve l'école du village.

Insinuez-vous, M. Montpetit, que les vibrations des forages pour fracturer la roche de schiste pourraient...

Non non, je n'insinue rien du tout. Je causais pour causer.

M. Lanoie était dans son jardin, à moins d'un kilomètre des éboulis. De tous les gens que j'ai rencontrés dans cette virée, assurément le plus posé. À vol d'oiseau, son jardin est à quatre kilomètres du site de forage de Saint-Barnabé.

Je n'étais pas du tout inquiet, dit-il, mais je le deviens. C'est un problème d'information. On ne sait rien. Ils ont vidé le site de Saint-Barnabé pour le transplanter à Saint-Thomas en pleine nuit. On dirait des voleurs. On pose des questions, ils ne répondent pas. Qu'ont-ils donc à cacher?

Je suis arrivé au site de Saint-Barnabé par le rang Basse-Double. On accède au site par un chemin de gravelle qui contourne la ferme d'élevage de veaux de lait de Joël Lebanc. Le site est vide, sauf une pelleteuse qui déplaçait une boue nauséabonde et un camion avec une curieuse benne inclinée venue chercher un réservoir. C'est fini, m'a dit le chauffeur, ils ne reviendront plus.

Je ne l'ai pas contredit. Mais si, ils vont revenir. C'est comme ça qu'ils procèdent. Un premier forage. Puis reviennent, pour un autre plus exploratoire. Au fait, pourquoi si peu de transparence sur leur modus operandi? On a le choix entre le silence, la bullshit et le moto Mme Normandeau: drill baby, drill.

Pourquoi le grand boss des pétrolières et gazières du Québec, André Caillé, faisait-il délibérément l'andouille l'autre midi à Maisonneuve en confondant exprès les «bornes-fontaine» selon sa propre image pour représenter un puits, et les sites d'explorations... J'ai lu, se moquait-il, qu'il y aurait des milliers de sites, ha ha ha, ces journalistes! Il n'y en aura jamais plus de 50 en même temps, par année, au Québec, protestait-il.

Il voulait dire 50 chantiers d'exploration qui donneront chacun une moyenne de 6 «bornes-fontaine», ça fait 300 puits par an, en trois ans ça en fait 1000, en dix ans 3000, qu'il faudra reforer, refracturer régulièrement pour un meilleur rendement. Au lieu de jouer sur les mots, M. Caillé pourrait-il nous dire quelle sera la norme d'implantation au Québec? Au Texas, au début de l'exploitation on avait convenu d'un puits par 640 acres. Les voilà rendus à un puits par 20 acres.

Le troisième site est situé sur le rang du Point-du-jour, sur la ferme Lemonde, une porcherie de 200 truies. La tour de forage est à un jet de pierre de la porcherie. Le fermier a loué 5 acres a la division albertaine de la compagnie américaine Schlumberger. Les trois camions sur le site viennent de Calgary.

On entend les moteurs diesel de la tour de forage à un demi-kilomètre de là. Le fermier, Patrick Lemonde, 26 ans (j'ai oublié de lui dire que j'étais journaliste, mes excuses), me raconte que c'est la deuxième fois qu'ils viennent: l'automne dernier ils ont creusé vertical. Là ils explorent horizontal.

S'ils trouvent du gaz, cela vous rapportera combien par année?

Ils ne l'ont pas dit.

En ont-ils trouvé?

La bonne question est plutôt: en trouveront-ils assez pour l'exploiter? Ça peut prendre des années avant de savoir. Vont s'en aller, vont revenir...

Le bruit ne vous dérange pas?

Non.

D'où vient l'eau utilisée pour la fracturation?

Je ne sais pas. Elle arrive par camions. 40 camions par jour. Des fois moins

C'est quand la prochaine étape?

Je ne sais pas.

J'ai repris le chemin de Saint-Jude pour m'arrêter en route à cet étonnant centre de réhabilitation d'oiseaux de proie baptisé «Chouette à voir». On y recueille les oiseaux de proie blessés par des chasseurs ou des autos, ils sont soignés à Saint-Hyacinthe, puis vont en convalescence à Saint-Jude, avant d'être relâchés dans la nature.

Il arrive parfois que, leur convalescence se prolongeant, ils s'habituent à l'homme au point de ne plus vouloir le quitter.

Pas moi.
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