KaBoum! Ça Boume!
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| Les Routes de mon Jemin | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Les Routes de mon Jemin Mar 23 Déc - 14:14 | |
| Une fois, je naquis.
Une petite chose fripée et rose qui poussa un cri. La Vie est une longue conséquence : le vagin qui enfante produit un enfant qui vagit.
Je cherchai aussitôt un sein à qui vouer mon appétit, vivre est trop important pour s'embarrasser d'avoir honte d'exister et de ne pas exiger un peu des autres, surtout quand on n'est pas encore en mesure de prendre soin de soi. Quelles insidieuses prémices, tout de même, de naitre déjà aussi dépendant d'un autre. Maman n'en prit pas ombrage, qui m'enveloppa dans ses bras, un retour approximatif à l'utérus, ma première maison, ma seule vie de pacha où j'étais servi le pouce dans la bouche. J'y avais droit. Il me restait des devoirs à rendre... D'abord faut-il apprendre ses leçons. J'avais une mère et une maitresse, je naquis all-dressed. La Vie promettait d'être bella.
Je fus présenté à la famille et à la parentèle, elles se déplacèrent pour moi. Il était né, le divin enfant. Papa fut félicité et moi secoué dans les bras de maman, elle haussait les épaules souvent sous le coup de ce qu'elle entendait. C'est peut-être ainsi que je devins fataliste, apprenant à hausser les épaules face à ce qui ne peut pas être changé. Quand papa eut bu toute sa fierté génitrice, je devins le sujet des attentions. (Remarquez que je m'en fichais comme du cordon ombilical qu'on avait coupé, on me déconnecta de maman pour apprendre déjà à savoir me passer d'elle - je ne suis pas certain, après coup, qu'elle sut bien divorcer de moi, ainsi que de mes frères et soeurs, car je naquis seul, certes, mais empruntant un chemin déjà fréquenté. Quand la conscience me viendrait, j'aurais à les compter, ceux qui furent pendant un temps dieux à leur tour. On se croyait unique, les yeux fermés. De les ouvrir transforme la Réalité en la créant. Reste à l'accepter. Mais n'allons pas trop vite, surtout quand on n'a pas encore appris à marcher !)
Les gens m'auscultaient, ce n'était pas médical, c'était cosmétique. J'avais les oreilles de l'oncle Rolland, le nez de tante Noëlla, la bouche de maman, le front dégarni de papa, mais chez lui c'était irréversible, chez moi il allait se garnir au fil des mois à venir. On prétendit que j'avais les oreilles du voisin d'en face, apparemment un beau bonhomme. Maman s'est mise à rire, je connus ma première valse. Papa se racla la gorge, l'impertinent fut marqué d'un regard de feu. (Je n'ai jamais su de qui je tenais mon pénis, assurément n'était-ce pas d'un homme généreux.)
C'est parce que j'étais rassassié ou parce que j'étais sujet à l'ennui ? en tout cas je fermai les yeux, qui ne me servaient pas encore à voir.
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| Sujet: Re: Les Routes de mon Jemin Mar 23 Déc - 18:46 | |
| Un jour, je vis. Quelle découverte ! Auparavant, mes oreilles recevaient, c'était fantomatique, des sons. On ne nait pas tous Mozart. C'est apeurant juste des sons, on ne peut pas mettre de visage dessus, seulement des impressions. Quand on est bébé comme j'étais encore, on est un animal à part entière. Un rien affecte, un autre rien déconcerte, et on n'a même pas les jambes pour fuir ce qui apeure. On a rien, sauf une bouche qui a appris à sucer, parce que ça nourrit. Le principe premier de la vie est de s'alimenter.
J'étais couché (ce qui ne signifiait rien pour moi alors), j'ai ouvert les yeux et j'ai cessé de voir des formes inconsistantes, faciles à mélanger, je vis un visage. Je veux dire : une forme mieux établie. Ce n'était pas flou. Une forme qui avait de la personnalité, des détails dedans. Ce n'était plus une silhouette. C'était un visage avec des particularités. Cette forme-là, toute nouvelle, parlait, j'entendais des sons, apparemment venaient-ils de la forme penchée au-dessus de moi.
Rââââ ! le foutu discours humain appris à l'école ! Que savais-je que la forme mieux établie était penchée sur MOI. J'ignorais le Moi, j'étais si nouveau que je ne savais rien - et je ne m'en plaignais pas. Pas encore. Je n'avais pas à me justifier, méconnaissant de mon unicité, on ne défend pas ce qu'on ignore, on l'ignore. C'est bête mais naturel. Du fin fond de mon animalité à domestiquer, je sentais que ce visage, cette silhouette mieux découpée, mieux dessinée, me souriait, et ça m'était agréable. Je pense que j'ai dû lui répondre pas mes premiers gazouillis. Quel ton de douce voix provenait de ce qui était « penché » au-dessus de moi. Car j'étais couché sur le dos. Ce n'était pas demain que je saurais, même à force de bras, me redresser. J'étais encore une forme paresseuse, mais elle promettait. Maman le croyait.
Jour après jour (le « jour » !, une notion qui me dépassait alors de l'épaisseur de l'indifférence issue de l'ignorance intellectuelle - si vous voyez ce que je veux dire), néanmoins, de jour en jour j'apprenais à négocier avec ce Visage. Il était le premier Dieu auquel j'eus accès, avec conscience ou pas - car n'allez pas croire, des gens ont 80 ans accumulés et on ne peut pas dire qu'ils soient diablement plus conscients du Dieu qu'ils aiment encore mais ne leur demandez ni pourquoi ni comment, ils ravaleraient leur dentier. J'apprenais à réagir et, ô miracle, le Visage réagissait. À mon insu, il m'apprenait à me dire, à me manifester. C'est fou tout ce que j'inventai alors, du fin fond de mon landau, pour faire réagir ce Visage, convaincu avec le temps que c'est moi qui l'animais. Je ne savais pas encore être propre, mais l'orgueil, je connaissais déjà. J'étais déjà un Humain à part entière. Il me restait à le découvrir. Mais ça pouvait attendre, ça prend une vie pour se connaitre. Et la vie, c'est valable jusqu'à l'autopsie - euh, quand même une heure ou deux avant; à chaud, une autopsie, ça doit faire mal ; je ne peux pas en parler par expérience, pourtant suis-je certain de ne pas me tromper de beaucoup.
J'ai dit que les jours passaient ? À mon insu, ajoutè-je. Moi, je me contentais d'être en vie. Plus animal que ça, t'as ta cage. Et un nom cucul : Fido, Princesse, Rex ou Mabyca. Un jour vint où maman, mon Dieu à moi, le premier et le plus nécessaire, car celui-là m'aimait sans retour, et il n'avait pas besoin d'un intermédiaire pour me le prouver, ce jour-là, maman me mit par terre. Là sur le sol. En fait le plancher. Ce n'est pas le lendemain que j'irais dehors, parmi les autres animaux, avérés ou métaphoriques. Je restais encabané - et dire qu'il s'en trouve, aujourd'hui, en l'hiver de ma vie, pour s'étonner que j'aimasse autant mon salon ! Soupir. C'est la faute de maman. Elle n'avait pas le dos large, c'était une petite femme, mignonne en plus, mais c'est tout comme. Quand on a besoin d'un bouc émissaire, on lui trouve tout ce qu'il faut pour mériter de l'être.
Marche, me dit-elle. Je la regardais, de mes yeux qui voyaient, et de mieux en mieux, j'entendais car j'eus toujours une ouïe exemplaire, mais que pouvais-je comprendre ? Marche. C'est-à-dire marcher. Quand tu n'as que quelques mois, quels souliers cela te fait-il ? Maman était bizarre, me semblait-il déjà. Je le crois toujours. Elle avait la foi qui soulevait les montagnes, mais essayez donc de faire marcher un poupon de quelques mois à la force de votre foi ! Maman ne doutait de rien. À cette époque-là. Le doute, me concernant, il lui vint plus tard. C'est bête, c'était à cet âge où je ne désirais pas rencontrer le doute de ma mère, toujours mon Dieu à moi, car le plus visible. Mais ne précipitons pas les choses, revenons à cette journée-là.
Marche ! m'intima-t-elle, me tenant les mains et essayant, par sa force (petite était-elle, mais forte), de donner de la consistance à ma nouvelle position. J'étais né pour rester à l'horizontal, elle me présenta la verticale sans bristol d'invitation. Des fois, nos mères ne pensent pas bien loin. Je pense avoir essayé, il m'importait beaucoup de faire naitre un sourire rassurant sur ce Visage. J'obéissais à ma nature, qui était toute neuve, j'étais loin d'en avoir fait le tour, je ne savais même pas alors que c'était ma nature. On ne fait pas le tour de ce qui n'existe pas à la conscience, à moins d'être doué. À voir les grimaces de maman, je n'étais pas particulièrement doué. J'ai pleuré, de disgrâce. Pour pleurer, j'étais naturellement doué, j'étais né en pleurant - surtout que le Monsieur m'avait battu les fesses, sous prétexte de faire dilater mes poumons. Montre-moi que tu viables, petite chose rose et fripée, les vidanges passent dans cinq minutes. M'a vous dire que j'ai poussé un cri PRIMAL comme on n'en entendit pas depuis - si oui, ce ne fut pas homologué.
J'étais donc en train de témoigner que ce jour-là, non inscrit dans les Annales de l'Humanité, maman se mit en tête de déjà faire un homme de moi. Petit, certes, mais mâle déjà. Je ne sais pas si elle en demanda autant à ses filles, mes soeurs, je préfère ne pas y penser. Pensez-vous une seconde que je répondis bien à ses attentes. Mes fesses meurtries prétendent encore que non. J'avais beau ne pas tomber de bien haut, et d'avoir les fesses feutrées par la couche que maman changeait aux saisons de mes moissons, apparemment nombreuses, ça faisait mal vu que je m'y retrouvais souvent. C'est l'habitude qui crée l'organe, pas la fonction, du moins l'organe qui fait mal. Je pleurais. Ça la désolait.
Étais-je né de la bonne mère, susceptible de faire un homme de moi ?
L'avenir le dira.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les Routes de mon Jemin Mer 24 Déc - 16:46 | |
| Un jour, je connus ma première réprimande, et pourtant étais-je obéissant, réalisant ce que maman attendait de moi, que je sache me déplacer par mes propres moyens. De moyens de locomotion, j'en avais quatre: mes genoux et mes mains. Ça s'en allait en par-là ! J'étais à deux vitesses : quand je marchais la tête relevée, j'allais lentement, une tranquille vitesse de croisière. Lorsque je baissais la tête à quasiment balayer le plancher de mes cheveux maintenant abondants et longs, j'étais une F1, je filais dans la maison à corps accouru.
Cela n'énervait pas maman, que je fasse des parcours. C'est que j'avais déjà la curiosité à fleur d'âme. J'avais bien remarqué que maman s'abaissait parfois à mon hauteur parce qu'elle avait quelque chose à extirper des armoires du bas - évidemment, pour les armoires du haut, elle restait debout. Déjà que d'être droite comme un i ne suffisait pas toujours à réaliser ses souhaits, maman était petite pour une femme de son âge. Pour les tablettes les plus hautes, elle demandait l'assistance d'une chaise ou de Marcel, de mes frères encore à la maison le plus grand. Un homme déjà. Sous son nez la lèvre supérieure s'ombrageait, et sa voix avait mué, quand il s'adressait à moi, je sursautais chaque fois, c'était tonitruant à mes oreilles décollées et sensibles. Je n'aimais pas la colère des gens.
Maman me disputa ce jour-là quand j'avais sorti d'une de ses armoires du bas de quoi m'amuser, un chaudron et un marteau. « Un marteau ?! » direz-vous, épatés. Bien oui, un marteau. Il avait un trou dans le manche en bois, on le suspendait à un clou. C'était le marteau de tous les jours. Papa avait le sien, juste à lui, gardé secret dans son « atelier » situé de l'autre côté de la porte de la cuisine. J'avais déjà vu la porte de son « atelier » quand on ouvrit la porte de la cuisine. Rien ne m'échappait ! Sauf les objets que je tenais maladroitement. J'en brisais parfois. Maman ne faisait que me gronder en silence, de son regard brun qui noircissait. Vite mitigé par un sourire indulgent, qu'on pourrait qualifier de maternel. Quand tu aimes, tu pardonnes. Pour comprendre, c'est une autre histoire. J'avais pris le marteau faute de cuiller. Combien de fois j'avais surpris maman en train de brasser un tel chaudron, avec une cuiller en bois, en plastique ou en métal aussi. Maman était souvent devant la cuisinière, qui était un poêle à bois ; on n'était pas vraiment pauvres, ni bien modernes. On était heureux comme ça.
Je n'avais pas un an - je n'avais pas eu mon gâteau de fête encore, mais j'avais assisté déjà à deux fêtes, d'un frère et de ma seule soeur encore à la maison. Quand j'ai compris que j'aurais une fête aussi succulente à mon tour, il me pressait de vieillir, car j'avais compris, à reluquer dans son assiette, que le fêté avait une plus grosse part que les autres. Ma petite soeur, qui jouait trop souvent à la mère (elle me disputait), avait parfois besoin d'être laissée seule, me chassant loin d'elle. Que me restait-il à faire pour occuper mes journées entre deux endormitoires ? Découvrir ! La curiosité, c'est fait pour. J'aurais aimé expliquer à maman, vu sa réaction, que je n'empoignerais plus le marteau, qui de toute façon, bien que moins volumineux, était plus lourd que le chaudron, dont j'affectionnais le métal reluisant. Je savais marcher, du moins à quatre pattes, mais j'en étais encore au gazouillis pour me faire comprendre des adultes qui avaient leur parler, ils s'entendaient bien entre eux. Moi, j'apprenais. D'abord les sons les plus faciles, ma-man, pa-pa, pi-pi (mot employé après le fait, je portais encore la couche, elle devait servir), bo-bo et d'autres onomatopées plus savantes que celles de mon gazouillis. Ce que les adultes interprétaient le mieux étaient mes pleurs. Il suffisait de quelques larmes pour les alarmer et ils prenaient soin de moi, même mes frères qui n'étaient pas très doués pour jouer au père. Mais avec leurs jeux de grands gamins, attention !, leur habileté était confondante, même maman le manifestait : « Vous êtes agiles comme des singes, c'est pas Dieu possible ! » Je comprenais qu'elle les admirait. Moi, elle se contentait de m'aimer. J'allais apprendre plus tard à mériter mieux.
Un autre jour, ô désagréable surprise, je surpris les armoires du bas barrées par une grosse ficelle qui tournicotait autour des poignées qui ressemblaient à des champignons - maman en servait souvent, c'était même bon tout cru, ce n'était pas nécessaire d'avoir des dents pour les mastiquer. J'avais un faible spontané pour tout ce qui m'avantageait. J'engageai mon premier dialogue onomatopéïque avec maman. Un mémorable instant ! Je lui parlais gazouillis et mimiques, elle me répondait avec des phrases d'enfant qui avait grandi et appris. Et voilà que, tout à coup, elle se mit à gazouiller et à faire des airs de face, et je ne vous dis pas avec quel savoir-faire, j'en restai sans voix. Ce qui parut lui être seyant. Pas à moi ! J'ai pleuré ma déconvenue, je voulais avoir raison, j'étais vaincu.
« Bon, bon, bon, qu'est-ce qu'il y a encore ? Mon Dieu comme tu ressembles à ton père, toi, petit chenapan ! »
Ah ? Que voulait-elle dire, car j'avais plutôt bien compris son parler d'adulte ? Ne sachant pas comprendre, il me restait à pleurer plus fort.
« Viens voir maman, là, là », qu'elle susurra, me prenant dans ses bras. Elle fit mieux encore, me soulevant et tous les deux nous allâmes nous assoir dans sa chère chaise berçante qu'elle seule faisait mouvoir (je n'avais pas encore ni la force ni la prouesse de me hisser sur le siège, d'autant moins qu'en touchant la chaise, elle versait vers moi, on aurait dit une attaque défensive ; j'avais déjà appris à éviter cet objet récalcitrant, réservé à maman ; les autels ne sont pas tous consacrés à Dieu).
Je m'endormis contre sa poitrine, les poings serrés, comme lorsqu'on se sait aimé.
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| | | Invité Invité
| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les Routes de mon Jemin Jeu 25 Déc - 11:21 | |
| Quelle copine, cette lectrice anonyme !
Vends pas le punch avant qu'on ait ajouté l'alcool, on aura l'impression de boire un jus de fruits recyclé ! Le temps des Fêtes ne rend pas ton grand gosier joyeux, Patentecruelle ? Laisse le Panurge en moi te guider vers ta joie. Écornée, tu seras colombe.
Sois telle et t'es toi.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les Routes de mon Jemin Jeu 25 Déc - 17:21 | |
| Un jour, je fis mes premiers pas d'homme véritable, me positionnant à la verticale et faisant un nombre de pas que je négligeai de compter tant étais-je nerveux de ce que j'entrepenais tout à coup, mais il me parut avoir couvert un Monde en soi, je passai du salon, pièce dans laquelle je me mis debout sans trop vaciller, commettant un pas (du pied gauche puisque j'étais né gaucher) et l'autre pied se mit de la partie aussi, c'est ainsi que j'avançai, les bras en croix afin d'assurer un certain avenir à mon audace nouvelle, je m'approchai de la cuisine qui jouxtait au salon, comme il se doit.
« Regardez, maman, il marche, lui! » s'était écrié ma petite soeur sur un ton difficile à déchiffrer. Maman suspendit son travail en cours, domestique par essence, jeta vers moi un regard critique et peut-être aussi appréciateur teinté d'une émotion qui me laissa perplexe. Je ne savais pas encore bien exprimer ma pensée à mes familiers, mais je savais recevoir la leur, les non-dits avec. L'instinct vaut bien un diplôme scolaire. Me voyant marcher, et réellement marcher (je mettais du temps pour faire des choses, mais quand je les faisais, on avait l'impression que ça faisait longtemps que je les pratiquais - qu'est-ce que vous voulez, un gars doué, c'est un gars doué), me voyant faire, maman sentit sans doute comme le temps avait passé tout à coup, il y a peu je me trainais à peine, et voilà que je marchais comme un petit homme. Elle a dû se sentir vieillir d'un coup sec - comme d'une gifle. Elle a soupiré. Ce qui accentua ma perplexité : faisais-je quelque chose de mal à marcher par moi-même, sans chaise comme appui ou la main d'un marcheur comme béquille ?
La Vie nous fait se poser des questions très tôt, à un âge où les réponses ne peuvent que nous échapper. Ainsi nait l'embarras, fabricant de stress et de doutes qui nourrissent le premier. On doute de faire les bonnes choses, on veut tant être approprié. En apercevant maman, un vrai réflexe, mes bras en croix se projetèrent vers l'avant, et je marchai plus vite.
« Maman est occupée », me dit-elle comme tombe la lame du bourreau, rendant caduc mon projet premier, je n'avais plus à m'obstiner mais à obéir. Ma course bifurqua vers ma soeur, seul autre être vivant témoin de ma performance, mes bras étendus parurent lui être une menace affective dont elle n'aurait pas usage, elle s'enfuit de moi avec toute la vivacité de ses pieds qui avaient déjà beaucoup marché. Moi l'idiot (déjà !), je me mis en tête de la rejoindre, j'ai marché plus vite que mes pantoufles, me retrouvant sur le ventre à une vitesse telle que je me cognai le menton sur le plancher. Vaincu, un mâle conçoit plusieurs réponses, ça dépend en particulier de son âge. À l'âge que j'avais, n'ayant soufflé qu'une seule bougie (m'y reprenant trois fois, je soufflais vers mon nez de toute la force des poumons), je noyais ma déconfiture dans les larmes.
Ce fut un jour spécial. Auparavant, quand je m'abimais dans les pleurs, à tort ou à raison, les bras de maman me sécurisaient, elle était ma médecine naturelle. Pas cette fois-là. Elle était très occupée, à oublier son rôle auprès de moi, son bébé rempli d'avenir et de maladresses.
« Chantal, occupe-toi de ton petit frère. » « Mais maman ! » « Y a pas de mais maman, tu vois pas que je suis occupée ?! » « Mais maman ! »
J'appris ce jour-là comme ma soeur était têtue. Je l'appris sans le savoir - quand je serais en mesure de comprendre mieux, n'étant qu'humain après tout, je me forgerais une explication qui la désavantagerait du moment que ce qu'elle a fait ne me servit pas bien. On est comme ça, nous les humains, vrillés sur notre nombril. Sers-moi et je t'aimerai, parfois même jusqu'à te respecter. Obstiné, j'appris que je savais l'être aussi. Je retournai sur mes pieds incertains reprendre ma traque, courant après ma soeur en pure perte mais passionnément. Si je ne craignais pas d'exagérer, je prétendrais avoir accompli ce jour-là mon premier marathon, je m'écroulai au fil d'arrivée, qui ne parvenait nulle part, essoufflé et ému à ne pas savoir l'exprimer.
Le plus drôle, c'est que je me retrouvai sur les fesses aux pieds de maman toujours autant occupée, elle avait une passion évidente pour les chaudrons - que je ne lui chapardais plus.
« Bon, te voilà bien avancé ! » m'admonesta-t-elle de sa voix de mère, laquelle, de toutes ses voix possibles, m'était la moins agréable, elle remettait en question ce que je venais d'entreprendre, suscitant ce ton de voix-là car ce devait être une bourde de ma part. Tel n'était pas mon but, je voulais toujours être d'adon, approprié, on a plus à être reçus que rejetés. Même un bébé sait cela. L'instinct a du bon.
Je n'étais pas très calé en rhétorique à cette époque-là, j'avais l'argument étroit, pour ne pas dire primitif. Faute de mots, j'avais des larmes, et les cris qui les marquent. J'ai pleuré à la manière d'un déluge, partagé entre deux perplexités, ma soeur déjà chérie qui me fuyait et maman qui n'avait pas soin de me consoler.
Ce jour-là, d'une manière succincte mais sans équivoque, j'appris que je n'étais pas au centre du Monde. Tous mes caprices ne seraient pas couronnés de satisfaction. J'étais là sur mon séant à pleurer une détresse qui fit beaucoup de bruit sans m'apporter de réconfort immédiat. J'eus même droit à une remarque de ma jeune soeur : « Que c'est braillard, des garçons ! » J'allai d'instinct vers maman cueillir une désapprobation. Je la vis et entendis soupirer.
J'étais désapprouvé. Mon désarroi était tel que je trouvai encore dans mon aqueduc intérieur de quoi inonder ce monde cruel de larmes débordantes.
Je pleurai en vain. L'une me fuyait et l'autre était occupée. Je ne savais pas réussir mes amours. Les femmes seraient-elles trop exigeantes ?
J'ai fui sur l'heure la réponse. C'était la faute de ma soeur, qui me fuit la première. Voilà comment on éduque les garçons à devenir des hommes !
Pfff !
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les Routes de mon Jemin Ven 26 Déc - 4:52 | |
| "À l'âge que j'avais, n'ayant soufflé qu'une seule bougie (m'y reprenant trois fois, je soufflais vers mon nez de toute la force des poumons), je noyais ma déconfiture dans les larmes."
Pauvre pitchoun, même grand collectionneur de decennies, ça t'arrivera encore; les filles sont solides, elles pleurent pour un rien, mais les hommes qui perdent à l'âge adulte celui de leurs parents qu'ils ont le plus aimé, ou ceux encore qui sont abandonnés par une femme qu'ils ne se doutaient pas d'aimer autant, ne s'empêchent pas d'ouvrir les fontaines lacrymales.
La plus grande douleur exprimée d'un homme qu'on m'ait contée est celle d'un père qui s'est effondré dans l'eglise, sur le cercueil de son fils; les gens ont été d'autant plus frappés que c'etait un homme digne, dicret, plein de retenue. Ce qui veut bien dire, poussin, que les larmes ne sont pas necessairement fonction d'âge. Tu verras au jardin d'enfants, le sable dans les yeux, ce n'est pas mal non plus...
Mab, comment tâteuse |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les Routes de mon Jemin Ven 26 Déc - 17:39 | |
| « Tu verras au jardin d'enfants, le sable dans les yeux, ce n'est pas mal non plus... »
Au « Jardin d'enfants », dis-tu ? De kossé que cé, ça ? Je parle (raconte) ici à mon lectorat d'un temps qui était jadis. Les jardins d'enfants, nous ne connaissions pas. J'ai tant d'âge que la maternelle n'existait pas, même quand j'eus l'âge d'y participer. C'était la prime enfance et ensuite l'enfance scolaire, prélude à la jeunesse juvénile. On sait vivre en ce temps-là ! Avec bien peu de gadgets. Tu verras ! tu verras !
Que tu es impatiente, ô lectrice Mabyca. N'essaie pas de me faire devancer le temps de mon monde inventé. Car mes lecteurs ne croyaient quand même pas que j'autobiographais ? Hein ? hein ? Rassurez-moi !
J'invente. Tant et si bien que je vous nourris d'un premier jet. Je n'oserais pas ainsi maltraiter un éditeur, c'est un personnage tellement sérieux, un éditeur, un professionnel. Tandis que vous, mes lecteurs, assemblée d'anonymes... Oh ! Je vous aime bien quand même ! N'allez pas croire !
Bon, assez de tataouinage, revenons aux choses sérieuses.
UMP : la Mabyca, a m'énArve !! Mais je me soigne.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les Routes de mon Jemin Ven 26 Déc - 18:25 | |
| Un jour eus-je une surprise inattendue. C'était le matin, je sortais du sommeil, cette petite mort qui sert à apprivoiser la conscience à la grande, à l'ultime (mais en pure perte), je bondis de mon lit sis dans une chambre que je partageais avec deux de mes frères à l'étage, je ne dormais plus dans la grande chambre de mes parents sise au rez-de-chaussée.
J'allais avoir bient[ot 2 ans, je n'allais pas prétendre que j'étais un « petit homme » déjà, selon l'expression un peu indulgente de maman, mais assurément n'étais-je plus un bébé, la preuve est que j'avais ma chambre, partagé avec plus virils que moi. Je pouvais marcher mon content ou presque, suffisamment en tout cas pour parcourir deux pièces aller et retour, s'il vous plait (car je ne pouvais que parcourir le salon et la cuisine, deux pièces adjacentes, n'ayant plus droit à la chambre de mes parents, que les puristes appèlent « la chambre des maitres », va pas là, toi ! Je n'avais pas droit non plus à la trappe qui menait à la cave, et même pas à l'escalier qui menait à l'étage où j'allais dormir le soir pour toute la nuit. Quand l'endormissement me surprenait le jour, j'allais m'étendre sur le sofa (ou divan, comme vous voudrez) dans le salon et je faisais mon somme récupérateur.
Ce matin-là, pour mal faire, j'avais dormi plus longtemps que de coutume. Descendant à la cuisine, je fus étonné du silence qui régnait. Papa était depuis longtemps parti à l'usine, mes frères à l'école et... et ma soeur, où était-elle ? Je n'avais plus que ma soeur pour donner un sens à mes journées quand maman était trop occupée pour se préoccuper de ma présence. Et maman était une femme très occupée. Dans une vie mieux réussie, elle aurait été présidente directrice générale ! Elle n'était que ma mère et ça me convenait au mieux.
« Où est Chantal, maman ? » « Tu le savais pas ? »
Je n'avais pas tout à fait 2 ans, mais déjà à cet âge tendre j'avais acquis l'habitude de ne pas me demander ce que je savais. Cette hypocrisie-là, j'allais l'apprendre plus tard, afin de séduire. Maman, je l'avais déjà séduite, en naissant. Ce fut la part la plus facile de ma vie. Avant que surviennent les désillusions.
« Où qu'elle est ? » « Tu le savais pas ? »
Ça me fâchait déjà un peu que maman se répète alors que ma curiosité légitime allait de l'avant. Dieu merci, elle fut inspirée de compléter sa pensée.
« Ta soeur va à l'école, maintenant. »
La révélation faite à Hugo, vous ! J'étais là, la mandibule au ras du sternum, me demandant si maman disait vrai ou si elle ne riait pas de moi, pour m'amuser, elle le faisait parfois. Chantal allait à l'école ??! Première nouvelle pour moi. J'avais manqué un chapitre. C'est la vérité vraie, je n'étais pas au courant. Je savais déjà pour mes frères, je naquis tandis qu'ils étaient écoliers. Mais ma petite Chantal, n'était-elle pas dévolue naturellement à m'occuper en attendant le retour de mes frères, même s'ils ne voulaient jamais que je participe à leurs jeux ? Un pan de ma vie naissante basculait déjà ! (Moi, je ne savais pas que ma vie était à ses prémices, quand on pense à sa vie, on pense à sa totalité ; qu'elle ait une dizaine de mois ou une dizaine de décennies, c'est encore toute la vie à laquelle on a droit pour l'avoir vécue jour après jour ! Restons logiques.)
« À l'école ? » ai-je répondu à maman, pas mieux inspiré que ça. « Tu le savais pas ?! »
Quand que je ne savais pas quelque chose et qu'on me le reprochait ouvertement, j'avais pour principe de frétiller des lèvres et de mouiller de mes paupières, je n'aimais déjà pas être pris au dépourvu, les larmes me venaient, faute de mieux. Maman me regardait et attendait la suite. Elle fut rassurée, ce jour-là d'une découverte inattendue, je ne pleurai pas. Je m'en allai dans le salon occuper le fauteuil attitré de maman. Je n'en sortis que lorsqu'elle m'invita à déjeuner, repas qu'elle me préparait systématiquement, je n'avais pas à le prévoir, donc à y penser, il arrivait séance tenante. À l'heure de mon appétit. Je vivais les plus belles heures de ma vie, l'ignorant. Plus mâle que ça, tu te rases deux fois par jour !
« Jusqu'à quelle heure ? » demandais-je à maman, la glotte tressautante car le chagrin fomentait dans mon coeur, je risquais d'avaler ma surprise et de m'étouffer avec.
Non, j'ignorais la chose. J'avais pris pour acquis que ma soeur, bien que jouant peu avec moi, pas assez à mon gout, m'était néanmoins dévolue. Elle existait pour moi. Ce n'était pas tellement vrai puisqu'elle m'avait quitté sous prétexte de devenir à son tour une écolière. Je ne comprenais pas. Pourquoi m'avait-elle trahi ? J'avais déjà fait tous ses caprices ! Qu'exigeait-elle de plus ?
« Tu vas pas pleurer, quand même ? » me demanda maman, inquiète un peu.
Elle était tellement occupée, elle me serait absente si je m'abimais dans des larmes. Je ne connaissais, alors, de plus occupé que maman que papa. Tellement occupé était-il que souvent il n'était pas là. Je nourrissais beaucoup d'indulgence pour l'absent, et des questions douloureuses pour maman qui, elle, était présente pourtant, mais absente aussi. « Occupe-toi, tu veux ? » disait-elle de plus en plus souvent. Comme si je la dérangeais d'être. Je ne comprenais pas. Mais je voulais lui être agréable. Je m'occupais. Avec Chantal !
Mais Chantal n'était plus présente, elle non plus !!
Ce jour fut un jour de grand désarroi. Je ne prétendrai pas que je me sentis tant abandonné que j'étais comme mort tout à fait, je n'avais pas l'âge d'une telle métaphore. Et pourtant... Ce fut un jour spécial, ce matin-là où l'absence de ma soeur me frappa tel un reproche non mérité.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les Routes de mon Jemin Sam 27 Déc - 17:03 | |
| Un autre jour advint ceci. J'étais dehors, puisque maman y était. Il faisait beau, mais du diable si je pourrais me rappeler quelle saison il faisait, ce n'était pas l'hiver en tout cas, ce qui réduit le choix du quart.
Maman étendait son linge. Comme la famille avait grandi, tandis qu'elle vieillissait, elle faisait deux lavages par semaine. Nous étions lundi, jour traditionnel du lavage, ou jeudi, une journée qu'elle avait adoptée afin de libérer son vendredi, prélude au weekend. Le dimanche, personne ne travaillait. En ce temps-là qui est celui de mes réminiscences. Les choses sociales ont changé depuis, le « Jour du Seigneur » fait saigner plutôt nos comptes en banque plutôt que nos coeurs repentis car fidéistes (puisque la « raison » du croyant est dans la foi, pas dans l'analyse rationnelle, c'est de la Révélation).
Je jouais dans la terre, essayant de creuser des chemins pour des camions imaginaires dans l'« allée de garage », cette zone de gravier à côté de la maison où les voitures des visiteurs stationnaient après avoir vomi leur contenu humain, absorbé par la maison de mes parents. C'était de la visite, quoi. Le plus souvent mes grands frères et mes grandes soeurs, mariés et parents à leur tour. Je savais que j'avais comme voisin un garçon, un grand adolescent déjà, et costaud, il paraissait plus vieux que son âge, je ne lui avais jamais parlé. Maintenant que ma complice de jeu Chantal allait à l'école, j'étais paré à découvrir mes alentours humains jusqu'à y voir de l'intérêt. Comme ce jour-là.
Je traçais des chemins et Gilles, appelé Ti-Gilles par tout le monde, même ses parents (et pourtant il était grand, je le jure ! haut et large, c'était une « pièce d'homme ») sortit à son tour, mais lui ne jouait pas avec des camions imaginaires, il s'occupait à des choses constructives. Ti-Gilles (apprendrait plus tard) était un handicapé intellectuel, c'est pourquoi vu sa grandeur (et son âge correspondant) il n'allait pas à l'école, il avait fait sa première trois fois et sa deuxième deux fois. Si sa tête ne s'agrandissait pas en amplitude intellectuelle, son corps poussait en hauteur, ça n'avait pas d'allure de laisser un enfant de 11 ans recommencer pour la deuxième fois sa deuxième année scolaire, il était plus grand que sa maitresse. Mettez-vous à la place de cette sainte femme, elle y trouvait ombrage. Ti-Gilles n'allait plus à l'école - de mes frères étaient très envieux de sa « chance ». Il s'occupait de travaux domestiques, mais autour de la maison.
Ce jour-là, dont je me souviens, il sortit pour tondre la pelouse, qui était moins vaste que la nôtre, les Beloin, nos voisins, entretenaient un jardin, pas nous, les Lotte. Papa était trop occupé à travailler pour s'embarrasser d'un jardin de retour de l'usine. En ce temps-là, on allait au principal, les gadgets n'existaient pas encore. La Vie, c'était sérieux ! On allait même à l'école pour l'apprendre mieux, et non pour la diffamer. Je vis Ti-Gilles hésiter à se mettre à l'ouvrage. Comme il provenait d'une famille pauvre (son père gagnait un tout petit salaire, avais-je appris - mais c'était quoi, « un salaire » ? on ne me le disait pas, fallait que je devine, et je n'aimais déjà pas jouer aux devinettes), le voisin tondait la pelouse aux ciseaux. Papa n'en avait même pas, de ces ciseaux qu'on manie à deux mains, des ciseaux comme cinq fois plus gros que ceux de maman la couturière, papa avait une tondeuse mécanique (les tondeuses à essence n'existaient pas encore dans mon environnement, encore moins les tondeuses électriques, vivons une époque à la fois). Ti-Gilles ne se mit pas tout de suite à l'ouvrage.
Je jouais à l'ingénieur des ponts et chaussées, mon attention était concentrée, néanmoins une part de mon esprit constamment en ébullition sentit que j'étais observé. J'ai levé le regard vers la clôture mitoyenne. Ti-Gilles était là qui m'observait.
« Tu fais quoi ? » qu'il me demanda de sa voix pâteuse qui articulait mal souvent, mais cette fois-là, j'entendis bien, il n'y avait que trois mots.
« Je joue », ai-je répondu spontanément, car je ne voyais pas qu'est-ce que je faisais d'autre.
« Tu joues à quoi ? »
Là, je fus quelque peu étonné. Ça ne paraissait pas, à quoi je jouais ?? Un garçon agenouillé sur le sol, poussant un morceau de bois (un « bulldozer » dans sa tête habile), il est en train de faire quoi, pensez-vous-tu ? Il trace des routes. Ça va de soi. J'ai regardé mon voisin, un peu perplexe.
« Tu joues ?? » insista-t-il, mais sur un ton ricaneur.
Ma perplexité grandit. Bien oui, tu ne vois pas que je joue ? Que croyais-tu que je faisais, installé de même ? J'aidais maman à étendre son linge ?! Plutôt que de lui répondre, j'opinai du chef. Et retournai à ce que je savais faire, imaginer un Monde qui était à ma portée. Je n'avais pas su encore m'adapter à l'absence de Chantal, je n'avais plus que moi avec qui jouer, ce n'était pas évident que je sois le partenaire rêvé. La question obstinée du voisin Ti-Gilles jeta le doute en moi, j'arrêtai de racler la terre (assez peu coopérative) avec mon bloc de bois emprunté à papa, sans sa permission, j'étais là à me demander qu'est-ce que j'étais en train de faire de mes dix doigts.
Je dirigeai à nouveau mon regard vers lui, cet autre être humain issu de la Réalité, capable de concevoir ses propres objectifs. Il me regardait et je le regardais.
« T'aimes ça, jouer ? »
Qu'est-ce que tu penses ? dit ma tête, mais ma bouche était serrée. J'avais déjà besoin de savoir si on désirait ma réponse, ma propre compréhension, ou si on établissait une vérité à laquelle je devais m'abandonner. Bon, je pourrais dire ça plus simplement, et assurément qu'à cet âge-là je pensais mes émotions avec plus de simplicité. Je fais de mon mieux. Il m'avait embarrassé. Voilà. Je m'interrogeai sur ce que j'étais en train de faire, certes une création vouée à être foulée du pied, donc effacer, mes grands frères jouaient dans cette zone dès leur retour de l'école, leurs pieds agiles piétineraient aussitôt mes créations, il ne resterait plus rien du Monde que je m'inventais. Cette « censure » était déjà survenue plusieurs fois car ce n'était pas la première fois que je jouais à l'ingénieur des ponts et chaussées. Chaque fois, mon travail avait été rendu caduc, effacé comme mes écoliers de frères effaçaient leur faute, justement avec une efface. Leurs pieds sportifs étaient l'efface de mes vaines entreprises.
« Tu fais quoi ? » s'enquit-il, comme pas pressé de se mettre à l'ouvrage.
« Des routes. »
Il me considéra un instant. Je me demandais pourquoi. C'était évident que je traçais des routes puisque telle était mon intention. Ce n'était pas évident pour lui ? Étais-je mauvais artisan ? L'idée seule me dépassait. Si je m'y attardais, j'en deviendrais fâché. J'ai commandé à mon « bulldozer » de finir la route commencée. C'était difficile, il y avait tellement de pierres, le bloc de bois tressautait ou se trouvait bloqué, ça finissait par m'indisposer de rencontrer autant de difficultés. Et ce grand garçon qui me surveillait... Il y avait un témoin à mes travaux d'Hercule, qui ne passeraient pas à la postérité pour soulager ma vieillesse qui se console du présent en songeant aux hiers qui étaient si créatifs que ça lui valut de l'admiration, du moins de la considération - et parfois des cadeaux lors d'une fête commémorative. Un rien nous console, mais qu'est-ce qui nous construit ?
« T'aimes ça faire des routes ? »
Que croyait-il ? Pourquoi faisais-je des routes si ce n'était pas par passion ? Malgré moi me vint au coeur l'absence de ma soeur, tout le poids harassant de l'absence de ma complice préférée, en fait était-elle ma seule complice de jeu, mes grands frères, âgés de quatre ans et plus, ne se souciaient guère de m'amuser, encore moins de me faire participer à leurs jeux si habiles, que je trouvais tous tellement plus intéressants que les miens, inventés par moi faute d'autre chose, un jeu solitaire a moins d'envergure qu'un jeu de groupe. C'est un pis-aller.
Je n'ai pas réfléchi mon geste, je me suis retrouvé sur mes pieds et j'ai déguerpi vite fait à la maison, cacher ma peine.
Je n'acceptais pas encore mon divorce d'avec ma soeur, ma grande complice. Déjà que j'avais divorcé de maman pour naitre, perdre la présence de ma soeur paraissait me condamner à une fatalité dont je ne voulais pas. Hélas, je n'avais pas l'âge de réfléchir une telle chose.
Mais je savais bouder, par contre.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les Routes de mon Jemin Lun 29 Déc - 18:21 | |
| Cet autre jour dont il s'agit était un soir plutôt : la « journée » s'achevait, maman préparait le souper, mais papa n'en serait pas, il faisait des « heures supplémentaires » - au même salaire horaire, le syndicat était nouveau à l'usine, il n'avait pas encore le tour d'énerver le patron, de lui faire peur, les salaires n'avaient pas changé, mais les employés étaient contents, ils étaient syndiqués.
Dehors, depuis déjà le retour de l'école de mes frères et de ma soeur, la seule demeurant encore à la maison, parce que j'en avais d'autres, mes parents avaient été généreux, mais une fois que je suis né, ils mirent la clé dans la porte de la reproduction, que le curé se le dise !, dehors il ventait à écorner les boeufs (prononcé « beux » par mes parents, en fait par tout le monde). Ce n'était pas la première fois, on vivait dans une région venteuse - c'est pourquoi, sans doute, moi qui serais si sportif, je ne fus jamais bon au badminton, un « moineau », ça pogne tant dans le vent qu'on ne joue plus à deux mais à trois avec un joueur invisible qui gagne tout le temps. Ce jour-là, le vent rageur acquit une dimension que je ne lui soupçonnais. Pourtant sentais-je que mes frères, installés comme de coutume à la grande table pour faire leurs devoirs, et accessoirement apprendre leurs leçons, qu'ils étaient nerveux, levant le regard au plafond ou allant le perdre par l'une des deux fenêtres de la cuisine vers ce dehors tempétueux. C'était l'automne, il commençait à faire noir tôt. Vu que le ciel était lourd de nuages, il allait faire noir avant de finir nos assiettes. Maman préparait du « chiard », une recette héritée de sa mère qui en prit livraison de sa mère, une façon d'accommoder des restants de deux ou trois viandes comme si c'était un plat nouveau. Une dose de lard salé non entrelardé servait de poudre de perlimpinpin, en plus de jaunir les patates, c'était bon à en lécher le fond de l'assiette.
Ce soir-là mes frères ne mangèrent pas d'appétit. Je ne me préoccupais plus d'eux, mon attention était attirée ailleurs, maman interrogeait le plafond et je la sentais tendue. J'avais alors 5 ans, ma foi naturelle avait changé de Dieu, c'était papa. Puisqu'il était l'autorité, ce qui est plus impressionnant que d'être le premier pourvoyeur. De fait, à cet âge-là, j'avais déjà compris qu'il était aussi le grand pourvoyeur, si nous avions du pain sur la table et du beurre à mettre dessus, c'était de son office. Il travaillait pour que nous vivions encore, nourris et à l'abri. Maman était l'intendante de notre bienêtre secondaire, ses gestes nous apportaient le luxe de son amour. Papa n'avait pas le temps de s'occuper de nous, seulement de s'en préoccuper. Le temps ou l'énergie. « Laissez votre père tranquille, il se repose. » Maman n'avait jamais besoin de se reposer.
Ce soir-là, pourtant, elle remplit une fois nos assiettes et alla s'assoir sur sa chaise berçante et ne s'occupa plus de nous, mais du plafond. Je réalisai mieux alors qu'il craquait. C'est toute la charpente de la maison qui gémissait sous les coups de butoir du vent enragé. Les fenêtres vibraient, les hurlements d'Éole remplissaient le silence, on aurait dit que la maison voulait se mettre à genoux par humilité, elle n'avait pas les articulations pour le faire. Ça grinçait que diable. Je réalisai une autre chose, si ce n'était pas la première fois que j'entendais le vent hurler, la nouveauté est que papa était absent. Son absence me laissait à penser que le vent profitait de son absence pour faire du tapage, comme nous les enfants. Maman était plus permissive - ou bien elle aimait que ça s'agite autour d'elle. La Vie qui bat. Ce n'est pas gratuit de donner la vie, ce me semble, on assume son avenir aussi. La vie n'a de sens que dans sa durée, on lui offre le temps alors de se définir, de mériter la place qu'elle prend et les sentiments qu'on lui renvoie. Une vie écourtée sans bon sens se perd dans le regret des survivants, qui pourront imaginer ce qu'aurait été la vie du disparu, advenant qu'elle se soit prolongée. On ne parle pas de la même chose.
N'ayant ni devoirs à remplir ni de leçons à me rappeler mieux, j'allai vers maman comme si j'avais le pouvoir de la rassurer, elle qui me rassurait si souvent, parfois par sa seule présence. Justement, elle était présente, et sa présence était accentuée par l'absence inhabituelle de papa, mon Dieu reconnu, mais elle était absente aussi, seulement fixée sur ses propres émotions, les nôtres n'importaient plus. Je ne réfléchissais pas le moment, mais parions que c'est ça qui me fit aller vers elle, à côté de sa chaise berçante qui ne bougeait cependant pas, maman était comme figée, le regard au plafond, une prière inarticulée. Je déposai une main sur son avant-bras, d'ordinaire cela attirait son attention, pas cette fois-là. J'ai appuyé mon geste. Pour un même résultat.
C'est alors que j'ai réalisé cette troisième chose : ce vent était différent des autres connus auparavant. Un gros vent chahutant durant l'absence de papa. Pourquoi était-il absent ce jour-là, qui était déjà un peu le soir, prématurément, quand la nuit s'installe à demeure ? La veille, tout à coup je m'en souvins, d'une maladresse qui ne m'avait pas affecté, d'un geste avais-je abimé un... un objet, disons, qui ne signifiait rien pour ma compréhension. C'était un chevalet. Nous n'avions pas de peintres dans notre entourage, aussi loin que portait mon regard et ma connaissance du milieu humain, je ne savais pas à qui pouvait servir cette chose-là que j'avais aperçue tout à coup dans la « shed », l'« atelier » de mon père dont nous n'étions pas censés violer la nature. La « shed » servait de salle de débarras, et aussi d'établi pour papa que je savais « menuisier », on le disait, mais j'ignorais ce que ça signifiait en gestes, d'être menuisier. Papa était « ouvrier », pas « menuisier ». Je n'avais que 5 ans, quand même ! Pour laitier, boulanger, plombier, électricien, je savais, pour les avoir vus à l'oeuvre. Quand papa ne savait pas rafistoler quelque chose, maman appelait quelqu'un, qui était plombier, électricien ou encore. Comme je ne vibrais pas encore de la foi enseignée, mon Dieu à moi avait le droit de ne pas être parfait. Il était ainsi plus facile à aimer, il me ressemblait un peu, tout en me dépassant. M'attirant vers sa plénitude. Il m'aimait en retour.
J'avais les yeux fixés sur maman, comme deux questions qui ne se risquaient pas. Maman ne les entendait pas, elle demeurait statufiée, le nez en l'air, la bouche entrouverte. À mon tour ai-je regardé ce plafond qui enseignait ce que je ne recevais pas. On aurait dit que j'entendis alors mieux craquer (gémir) la maison, prenant conscience en même temps qu'elle était ma protectrice, qu'il ne fallait pas que le plafond s'en aille, absent à son tour, je serais livré à moi-même. Je sentais bien, et mieux encore, que tous les autres, maman comprise, n'avaient d'attention que pour ce vent qui... il voulait quoi ? Détruire la maison ?
Je pense que la question s'insinua alors en moi, dans cette âme peu propice à lui faire un nid convenable. Alors connus-je la peur à mon tour. Ce n'était pas que du vent, mais un prédateur. Il bousculait la maison comme... comme... et je me rappelai. Papa avait acheté un téléviseur l'année précédente. Les « étudiants » avaient le droit d'en regarder les émissions, dits « pour enfants », dès leur retour de l'école, et jusqu'à 17 heures, alors ils faisaient leur devoir et soupaient, afin de libérer la place à papa qui arrivait à la maison ponctuellement à 18 h 09, le temps qu'il prenait pour marcher de l'usine à la maison. Papa marchait vite. Quand il allait à l'usine à bicyclette (nous en étions avertis auparavant), il arrivait à 18 h 02, max, gros max. Papa pédalait vite. « Allez jouer dehors, les enfants, votre père s'en vient. » Moi compris. Je ne m'en plaignais pas ! Quand le temps était bien mauvais, on s'en allait dans notre chambre. Quand on attendait le téléviseur, papa avait fini de souper, on avait le droit d'aller dans la cuisine exister encore un peu avant d'aller nous coucher, dans la même chambre d'attente devenue une chambre de nuit. Je vivais dans un Monde magique !
Le vent ne fut plus jamais, à partir de ce jour-là, qui était un soir prématuré, un simple être géographique, il devint un prédateur. Comme cet animal (dont j'ai oublié le genre) qui secouait... une tortue, je crois, pour en retirer de quoi manger. J'avais vu ça la veille (pour mal faire !) à la télévision avec mes frères - ma soeur-à-la-maison ne s'intéressait pas à la télévision, et ce serait vrai sa vie durant. C'est ainsi que j'appris à avoir peur du vent, il voulait briser la maison pour me manger !
Mais quel mal je lui faisais ? Sans doute le même mal que j'avais fait à papa, sans faire exprès, quand j'avais brisé le chevalet, cette bizarre construction apparue dans la « shed », dans son « atelier ». On ne me disait rien à moi, je n'étais que le bébé de la famille ! Papa n'était pas qu'« ouvrier », il était « ébéniste » aussi. Papa était créateur à sa façon. Il remplissait des commandes pour des gens. J'apprendrais, bien bien et bien des années plus tard, que le chevalet que je brisai par maladresse avait été fabriqué par papa pour le fils même de son patron, un artiste. Il lui fut livré, mais plus tard que le jour de sa fête. C'était alors moins un cadeau qu'escompté.
Depuis ce jour-là, chaque fois que le vent rageait dehors, je me demandai quelle gaffe j'avais fait. Car le vent voulait éventrer la maison que j'habitais pour me manger. Quand le vent prédateur s'exerçait alors que je n'étais pas chez moi, dans ma maison, je n'avais jamais peur.
C'est-y bête ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les Routes de mon Jemin Lun 29 Déc - 22:24 | |
| Vint forcément le jour où ce fut à mon tour d'être un écolier. Je vécus ma première journée d'école.
Je ne vous dis pas ma hâte ! Déjà, vers l'âge de 4 ans, je crois (je n'ai pas bonne souvenance de la chose), je fus comme initié à ma vie future d'écolier par ma jeune soeur devenue écolière, au couvent des Soeurs de la Congrégation de Marie - je ne vous dis pas ! Je me rappèle vaguement que lors d'un de ses retours du couvent, donc de l'école (ne soyons pas sexistes), il lui prit le besoin de m'enseigner. Auparavant, Chantal et moi, nous jouions à « papa et maman » ou « au docteur ». Vous devinez sans peine de quoi il retournait. Tout à coup, elle devint ma première maitresse. Et je ne savais rien du sexe encore, surtout pas extraconjugal ! Je ne savais pas encore l'histoire des fleurs et des abeilles, maman était très timide, côté éducation sexuelle. Tout ce que je savais des abeilles est qu'elles piquaient si on les dérangeait. Imaginez si je ne le dérangeais pas, vu que je n'étais pas né ni suicidaire ni masochiste. Plutôt normal, finalement.
Donc, Chantal, c'est ma soeur, que je n'avais pas choisie et elle ne me choisit pas, mais elle m'appréciait néanmoins, j'étais tellement preneur de tous ses caprices... soupir, or donc, disais-je en l'écrivant, Chantal fit de moi un écolier avant terme. C'est charmant, direz-vous. Foutaise ! Avez-vous idée de tout ce que je savais quand j'entreprenai ma première année ? Je savais écrire mon nom, imaginez-vous donc ! Un génie, j'étais ! Et je savais compter jusqu'à onze, presque sans me tromper. Pourquoi pas à douze, ou à treize, et même à quatorze, tiens ? Demandez à Chantal ! Je savais compter jusqu'à onze, voilà. Et je ne me servais pas de mes doigts, que je savais au nombre de dix. J'y allais de mémoire, avec l'assurance du jeune égo qui ne doute de rien, sauf quand il se trompe. Je pleurais alors. J'avais encore l'âge du droit à pleurer pour rien. C'était la belle époque, je vous jure !
Quand maman m'annonça, à un moment donné durant l'été, pendant les vacances scolaires des plus vieux, mais pas assez vieux pour gagner leur vie, que je deviendrais un élève à mon tour l'été fini, c'est-à-dire en septembre (car l'été québécois est si bref qu'on l'oublie très vite), je ne vous dis pas ma joie, c'était même de l'agitation. Comme de l'énervement, mais utile. J'étais content, bref. Je deviendrais un peu un homme à mon tour. C'est important dans la vie d'un enfant d'arrêter d'en être un. Je ne tins quasiment pas en place jusqu'au jour magique où j'allais faire mes premiers pas dans la vie de l'adolescent, antichambre à la vie adulte, cette époque de la Vie où on est respectés (oui, j'étais naïf à cet âge-là, pas vous ?).
Ce jour-là, béni entre tous, il vint. Oui ! Ma foi du bon Dieu, ce jour-là, m'extirpant de mon lit, constatant la chose, tout à coup, n'étais-je plus autant emballé. C'est maman qui m'accueillit à la cuisine. Elle avait coutume de se lever avant papa afin de lui préparer le déjeuner, comme elle lui préparait le diner et le souper (car au Québec on soupe le soir, nous sommes civilisés depuis de nombreuses générations !) Je me rappèle bien, une vie plus tard, je descendis l'escalier à marches comptés, je réalisais que ma vie changerait à tout jamais, sans vraiment savoir pourquoi. La veille encore, je criais ma joie, à un point tel que mes frères m'intimèrent de la ferme, je les énervais. Je ne comprenais pas pourquoi. Il faut avoir vécu une, deux ou même trois années scolaires pour comprendre pourquoi mon empressement les énervait, les vrais écoliers ont tant hâte à l'arrivée des fameuses années scolaires qu'ils ont moins hâte au retour des classes. Ainsi est la nature humaine, qui oublie les premières passions pour s'agrémenter douloureusement de regrets, du temps qui a passé.
« T'es prêt ? » me demanda maman de sa voix de mère amoureuse, le regard un peu triste quand même (que je ne savais pas interpréter à ce moment-là, j'étais encore trop jeune pour connaitre les pièges des âges qui traversent les générations, et aussi les modes de vie).
Que pouvais-je lui répondre ? Je voyais bien que j'étais habillé, pas en pyjama, plus prêt que ça, un mâle ne le pouvait pas. Plus vieux, il aurait les clés de l'auto en main, patientant l'amour de sa vie, jamais prêt, sauf quand elle est devenue maman, exigeant de ses enfants d'être ponctuels, ce qu'elle ne sut jamais être. Drôles d'engins, que les filles.
Lorsque Chantal apparut (la première des enfants scolarisés) à la cuisine, maman décréta sur-le-champ qu'elle serait mon mentor. Je ne vous dis pas la face épatée qu'elle fit, il y avait dedans un mélange d'émotions diverses dont perçaient la mauvaise surprise, le désaccord et finalement l'accord obligé. Il ne nous était pas permis, en ce temps-là (et même par les temps d'après) de remettre en question l'autorité de nos parents. On faisait avec - et nos futurs thérapeutes de nous soigner de. Faut bien nourrir l'Économie !
Vint l'heure fatidique que j'eus à divorcer une seconde fois de maman, la naissance étant la première. Moi un petit homme nouveau, je descendis notre rue, perpendiculaire à la rue principale, les épaules retroussées, non mais, regardez-moi, je ne suis plus un enfant. Mais dès que je mis un, UN, pied sur la rue Principale, que je n'avais pas fréquentée encore, ma superbe en prit pour son rhume et un sanglot monta à ma gorge. Maman était déjà bien loin, trop loin, j'étais en terrain étranger, la rue Principale ! pensez-y un peu. Je m'exilais ! J'étais rendu si loin que je doutais de savoir comment retourner chez moi. J'avais gambadé, comme dans un jeu, en descendant notre rue, mais une fois à... à l'étranger, le doute, le maudit doute me pogna. Chantal sentit une résistance dans sa main, je ne suivais plus aussi allègrement. Je peux même prétendre qu'elle sentit une résistance. Elle pensa à elle, comme cela va de soi.
« Marche, toi ! Je veux pas arriver en retard au couvent ! »
Je l'entendais sans comprendre, car mes urgences sonnaient ailleurs. Maman ! Où était ma maman ? Je regardais dans mon dos et je ne voyais qu'une rue bordée par le trottoir que j'empruntais avec ma soeur, mon tracteur. Et elle tirait fort, la démone !
« Avance ! avance ! »
Forte et impatiente. Ma soeur n'était pas aussi femme que maman, qui savait être indulgente, ce n'était qu'une femme qui se pratiquait. De l'indulgence, ma soeur ne savait rien. Pas une maudite miette de ! Je ne sais combien de fois elle m'admonesta d'un « Avance ! », jusqu'au temps où elle rafraichit son cri, à l'heure normale de ses émotions : « Avance, maudite marde, où je te laisse là !! Avance, Hugo, avance !! » C'était un cri, une réprimande, je fautais, j'étais désagréable. Je n'aimais pas être désagréable. J'étais un garçon obéissant, moi - presque tout le temps, et toujours quand maman n'était pas témoin de mes désobéissances. Ça ne comptait plus, alors. Pas de témoin, pas de crime. Mais elle, ma soeur, Chantal, elle était comme ma maman temporaire. Son cri me ramenait au jugement de la femme la plus importante de ma vie. À qui je ne voulais pas déplaire. Merdouille, je m'ennuyais déjà, moi ! De ma vie avais-je été si éloigné de ma maman que je ne savais pas par quel point cardinal retourner vers son réconfort. Mettez-vous à ma place !
De pleurs en gémissements plus ou moins affirmés, ô surprise, je me retrouvai devant une immense bâtisse où se retrouvait déjà une mer et Monde de garçons dont l'âge variait. Certains riaient, d'autres pas, et il y en avait qui n'en menait pas plus large que moi. Ils seraient mes condisciples, comme moi si loin de maman qu'ils suffoquaient déjà un peu. Je pensais vivre déjà les affres de l'agonie, j'appris qu'il y avait mieux. Quand Chantal m'inséra dans le groupe qui était le mien, car elle savait voir ce que je ne percevais pas encore, quand je la vis s'en retourner, donc me tourner le dos, DONC m'abandonner à mon sort, les mots mes manquèrent et les émotions submergèrent. J'étais entre crier à l'aide ou à pleurer déjà vaincu, et ma soeur, ma seconde maman, s'en allait inexorablement, indifférente à moi. Comment supporter un divorce quand on en vit un deuxième dans la même journée ? J'étais là, perplexe et pantelant, tourné vers ma soeur qui me quittait, sourd à ces nombreuses gens qui s'animaient autour de moi (sauf les comme moi que le chagrin faisait délirer, leur peine ne m'aurait pas fait négliger la mienne, en ces heures douloureuses, nous sommes uniques), et j'étais sourd aussi au discours officiel et annuel du Frère directeur qui nous souhaitait la bienvenue. Imaginez ! Si j'étais réceptif à un tel discours, moi abandonné comme un rasoir jetable après usage !
J'avais essayé de m'imaginer ma première journée d'école, qu'on y songe, mon INITIATION à la pré-vie adulte, ce n'est pas rien ! Je n'avais pas l'imagination bien développée, vais-je vous avouer. Je ne pensais jamais, ô grand jamais, que l'école était autant de monde, mais du monde, non vous n'avez pas idée, du monnnnnde, il y en avait plein partout. Et je ne connaissais personne ! Si, il ya vait mes frères chéris et rassurants. Je le savais ! Mais bon yeu de sapré diable, j'avais beau regarder, je ne les voyais pas ! M'avaient-ils abandonné eux aussi ???
Dire que ce jour-là, où je divorçai à perdre âme, je ne sus pas voir mes frères, dont le premier qui était dans la file d'élève juste à ma droite (car les élèves étaient placés des plus jeunes aux plus vieux, la porte du collège servant d'étalon - ma jeune soeur savait ça, elle ! juste à voir on voyait bien, elle avait déjà vécu, elle !). Plus abandonné que ça, tu l'enterres, en sol païen. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Les routes de son Jemin Mar 30 Déc - 4:44 | |
| Il grandit à une de ces vitesses, ce drôle... |
| | | LiseCC
Nombre de messages : 28 Date d'inscription : 13/12/2008
| Sujet: Lire et se taire Mar 30 Déc - 7:13 | |
| Juste un mot comme un signe, comme un clin d'oeil, comme un froncement de sourcils : " et tu vas oser nous dire, Cousin-Voisin, que si MSN n'avait pas fermé les groupes, tu aurais laissé tout ceci dormir quelque part ? " Je lis, je relis, je savoure. Mais ça ne s'arrêtera pas là. Laissons passer les Fêtes : en 2009, l'avenir est à nous CC | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les Routes de mon Jemin Mar 30 Déc - 10:21 | |
| Il n'y avait rien en dormance, Voisine, mais c'était en puissance.
Où m'en vais-je sur mes skis ? Je ne le sais qu'un peu. Prendre une route pour découvrir ses décors, ça donne un sens aux pieds et aux yeux.
T'as lu ? voilà que le temps virtuel qui passe fait vieillir quelqu'un manifestement ! Magie ! magie ! Le verbe se fait rides. Déridant.
Je ne me relis pas avant de poursuivre, j'y vais donc au pif, guidé par des interrogations, un projet qui se définit au fur et à mesure, pour un temps dont j'ignore la durée. Si j'allais jusqu'au bout, je ne sais pas ce que je ferais de ce premier jet. Je pourrais alors désirer explorer un autre projet. Je suis un peu comme un joggeur qui s'applique jour après jour à maintenir et même améliorer la forme, mais ce n'est pas en but d'une compétition sportive, pour une réussite publique.
Disons que je m'abandonne à un vice. Vous ne me trouvez pas trop exhibitionniste ? Hé, Lise, tu ne croyais pas que je faisais de l'autobiographie ? Ils sont des millions qui pourraient se reconnaitre, je traite de l'Homme. Tout se peut, mais qui a vécu cela ? Broder une histoire autour d'émotions qui font la part de Dieu et du Diable. Les émotions sont vraies, le reste est un arrangement, un accommodement discursif. |
| | | LiseCC
Nombre de messages : 28 Date d'inscription : 13/12/2008
| Sujet: Exhibitionniste, dit-il Mar 30 Déc - 11:22 | |
| D'abord, je vais te répondre ici et là-bas. Un peu ici, beaucoup là-bas, plus tard. Parce que j'en aurai pour une longue page sur le sujet de l'exhibitionnisme, Auteur-Voisin-Cousin. Et sur le sujet, y accolé, de l'imaginaire cotoyant le réel, dans cette alchimie de la création écrite. Les choses vont vite, de plus en plus vite, roule-roule-cours-cours, c'est la vie sur la toile que rien n'arrête. Car je lis ton message ci dessus et je peux imaginer que tu es là encore, puisque tes mots y sont et que jes entends résonner ; et tu liras mon message lorsque je serai déjà repartie, moi, mes mots, mes doigts, mon clavier et mes émotions. Qui, elles sont vraies., tu l'as bien dit. Et tout le reste ? mais tout le reste, nous le savons, est littérature. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les Routes de mon Jemin Mar 30 Déc - 12:28 | |
| C'est de la littérature en cela que ça permet de s'évader un peu. Pas trop ! En ne trafiquant pas les émotions, on garde un pied-à-terre dans la Réalité.
Chaque fois que la Réalité nous convient comme un gant à la main, on plonge dedans, on n'a pas de « littérature » à faire, trop occupés à déguster les nourritures existentielles. On n'a pas besoin de béquilles temporaires - que l'usage peut rendre permanentes si on n'y prend pas garde.
Il me semble toujours que vivre est s'adapter parce qu'on baigne dans un milieu sur lequel on n'a qu'un contrôle limité et évanescent, qui était complice hier peut me tourner le dos aujourd'hui et demain, on verra. Soi-même n'est-on pas fiable à souhait, on peut se lever du pied gauche !
Il vente trop aujourd'hui pour aller jouer dehors, jouer est censé être plaisant pas une corvée. Justement, il y a quelques corvées à faire dedans, au chaud...
J'ai choisi ? Peut-être de ne pas laisser tomber les bras. Des victoires arrangées. Préférables à des défaites manifestes. |
| | | LiseCC
Nombre de messages : 28 Date d'inscription : 13/12/2008
| Sujet: en fait de béquilles... Mar 30 Déc - 12:40 | |
| .. Cousin-Voisin, je crois que nous avons tous les nôtres et que nous faisons avec - au point même d'oublier qu'elle nous soutiennent. Nous sommes des animaux invertébrés, souvent et de plus en plus ; notre ossature, qui avant s'appelait morale, s'effondre, c'est facile à constater en glissant un coup d'oeil autour de nous, but who cares ? Et faut pas employer le mot "morale" c'est indécent ! Du moment que nous avons d'abord des béquilles, et, plus tard, le fauteuil roulant, avec ou sans petit moteur électrique, hein ( on est moderne dans nos structures existante-ciel ! ), du moment que nous arriverons à nous déplacer pour aller jouer dans le tas de sable que nous avons élu, je répète : who cares ? Je parle, ailleurs, de l'Image en morceaux, du puzzle, à reconstruire - mais n'est-il pas déjà trop tard ? Je t'envie, d'en être encore aux préliminaires, et je me rajeuni en lisant tes premiers pas dans ce monde de l'école que tu nous fais découvrir : sans savoir, pas plus que toi, ce que tu feras de cette chronique, mais est-ce important, de savoir ? le régal est là, à chaque ligne. Ce qu'il faudrait, surtout, c'est que tu n'en perdes rien. Car ce serait grand dommage.
CC | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Gné ? Mar 30 Déc - 12:55 | |
| "Chaque fois que la Réalité nous convient comme un gant à la main, on plonge dedans, on n'a pas de « littérature » à faire, trop occupés à déguster les nourritures existentielles."
Mais qu'est ce qu'il raconte, Nounours ? Il généralise, encore ?
Si j'ai bien compris, tu trottines sur ton Jemin sans vraiment extrapoler ton vécu -ou ce que tu en imagines, si je me refere à l'epoque odorante où tu remplissais conscienchieusement tes langes ? Mais c'est tres triste, ça. J'aime à penser que ce qu'on me livre tient par un bout d'une histoire pour de vrai, comme on dit lorsqu'on est enfant.
Tiens, moi, je raconte à 80%; les 20% restants, c'est ce que je ne peux pas dire au risque de me fâcher avec les protagonistes.
À propos de "lis tes rature" et de realité, il me semble que la seconde soutient efficacement la première, ou alors c'est de la science fiction -ou friction, si c'est à connotation érotique. Tu veux que je te repete ce que je pense de la realité ? A quel point elle est moche et sans saveur, selon les canons des XXe et XXIe siecles ? Combien il est important de passer par-dessus lorsque c'est possible, si on ne veut pas pourrir celle de ceux qui nous entoure ? Le nombre de sombres cretins confits dans un pessimisme qu'ils nomment realisme et qui leur interdit d'etre heureux, meme par lambeaux ?
Mab, nom de Zeus |
| | | LiseCC
Nombre de messages : 28 Date d'inscription : 13/12/2008
| Sujet: La recette !!! Mar 30 Déc - 12:57 | |
| .. je veux la recette !! puleeze, mabica-ma poule-en or ?? je me traîne à tes genoux !! La recette des sombres cretins confits | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Les cretins confits Mar 30 Déc - 13:01 | |
| Lise, sois raisonnable : contrairement à ce que chante Kog, c'est tres mal, le cannibalisme.
Mais je te dois celle de l'Oriokoukaff, sur ton blog.
Mab, gastrognome |
| | | LiseCC
Nombre de messages : 28 Date d'inscription : 13/12/2008
| Sujet: Re: Les Routes de mon Jemin Mar 30 Déc - 13:36 | |
| oui, oui, oui !!! et si tu as aussi des ou une photo de l'ouriakoukaff ??? | |
| | | LiseCC
Nombre de messages : 28 Date d'inscription : 13/12/2008
| Sujet: Kog, on se tait, Mar 30 Déc - 13:37 | |
| on repart en cuisine nous les femmes, on te laisse la bilbiothèque pour toi tout seul - allez, viens, Ma : sinon il va encore nous dire que nous le distrayons .... grrr... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Les Routes de mon Jemin Mar 30 Déc - 13:45 | |
| « Mais qu'est ce qu'il raconte, Nounours ? Il généralise, encore ? »
Il était dit qu'on retourne à ce qui nous convient, c'est du plaisir ; ce qu'il faut faire est une tâche qui alerte la conscience, cette part humaine de l'animal qu'est l'Homme.
« Si j'ai bien compris, tu trottines sur ton Jemin sans vraiment extrapoler ton vécu -ou ce que tu en imagines, si je me refere à l'epoque odorante où tu remplissais conscienchieusement tes langes ? »
M'étant déjà commis dans la publication, j'ai réalisé la puissance de ce réflexe commun à tous, ou peu s'en faut, de rechercher dans les personnages romanesques de l'auteur des sujets réels, dont on escompte apprendre quelques secrets (dont les affliger ?). Chaque fois qu'un auteur parle d'une soeur, d'un frère, de père et mère et voisins, il se réfère à ce qu'il a reçu de personnages réels, mais il est à même de faire une autre recette avec un canard que le classique canard à l'orange. Je prenais les devants face à ce vécu : ce que Koganwel raconte ne se veut pas autobiographique, quand je lis (au fur et à mesure qu'il écrit) ce qu'il raconte sur sa petite soeur Chantal, moi qui connais intimement l'auteur sais que cette « Chantal »-là est un melting pot. Ce n'est pas factuelle, sa « littérature », celle-là, mais un accommodement de cuisinier qui n'est pas menotté à un livre de recettes (ou à une commande spécifique de la table du client), il improvise à partir de ce qu'il sait, il va créer bel et bien une assiette digestible, qui au départ n'a pas de nom connu, comme « canard à l'orange ».
Pourquoi les faits devraient-ils être authentiques pour le lecteur qui, 99,999 % du temps, ne connait pas les personnages qui reconduisent la plume de l'écrivain ? Ce qui va enrichir le lecteur est la réalité des émotions, celles-là ne doivent pas être trafiquées. Ainsi un Ian Fleming et un John Le Carré, deux auteurs d'espions, ne doivent pas être confondus, le premier exploitait des émotions arrangées dans le cadre d'une ambiance proprement cinématographique ; John était plus près de la Réalité de ce monde occulte, et les émotions de ses personnages collaient au vraisemblable. James Bond parait être l'ange gardien de la mâletude, laquelle ne fait toujours pas en 2008 très bon ménage avec une émotivité emportée, aussi notre 007 pouvait-il regarder un canon de pistolet droit dans les yeux sans même ciller. Les personnages de Le Carré étaient infiniment plus fragiles. Plus des fonctionnaires que des héros ramboesques.
« J'aime à penser que ce qu'on me livre tient par un bout d'une histoire pour de vrai, comme on dit lorsqu'on est enfant. »
Mais puisque chaque lecteur finira par reconnaitre de sa propre réalité dans cette histoire sans appellation contrôlée. On ne risque pas de violer le copyright du monsieur en faisant soi ce qu'on dégage de la lecture ! Du moment que tu colles à l'humanitude, tu es toujours dans une vraie histoire. Appèle-moi Le Carré rectangulaire, surtout pas Fleming enflammé !
« Tiens, moi, je raconte à 80%; les 20% restants, c'est ce que je ne peux pas dire au risque de me fâcher avec les protagonistes. »
Idem - je prends les proportions par commodité, comment ferions-nous pour les démontrer ? De fait, une des raisons pourquoi j'ai toujours réinventé le Réel, qu'apparemment je décrivais, c'était pour ne pas froisser, et aussi parce que je ne voyais pas, et ne vois toujours pas, l'utilité de m'en tenir au vrai de vrai puisque je jouis d'une certaine imagination, de la possibilité de transformer les formes sans trop nuire aux natures. Je suis plutôt essentialiste, finalement.
« À propos de "lis tes rature" et de realité, il me semble que la seconde soutient efficacement la première, ou alors c'est de la science fiction -ou friction, si c'est à connotation érotique. »
La « littérature » est une interprétation par l'esprit des agitations biologiques qui ont envahi la conscience de l'artisan. Déjà de les revivre par l'encrier, l'auteur trahit en partie le vrai de vrai qu'il a vécu parce qu'il n'avait juste pas le choix de le vivre. Tenir une plume tend à amplifier les émotions, à les ajuster au discours logique - que même les auteurs les moins doués suivent encore, les plus doués use de cette « cohérence » pour aimanter encore davantage son lectorat, on dit alors que l'histoire est prenante. Il y a beau avoir le quasi-néfaste mot « logique » dans l'expression littéraire « discours logique », faut pas croire, l'émotion y a la part belle. L'aspect apparait logique car le tout est conservé justement dans une cohérence psychologique, autrement ce serait du n'importe quoi.
« Tu veux que je te repete ce que je pense de la realité ? A quel point elle est moche et sans saveur, selon les canons des XXe et XXIe siecles ? Combien il est important de passer par-dessus lorsque c'est possible, si on ne veut pas pourrir celle de ceux qui nous entoure ? Le nombre de sombres cretins confits dans un pessimisme qu'ils nomment realisme et qui leur interdit d'etre heureux, meme par lambeaux ?»
C'est pourquoi écrire est s'évader un peu. De quoi ? De sa propre réalité humaine immédiate, mais aussi planétaire, l'électronique y pourvoyant. Chercher ses « routes » en dehors des sentiers battus d'une existence consommée plutôt qu'assumée, à jouer des personnages parce qu'on ne sait pas proposer son propre caractère, sa vérité intérieure. J'essaie avec ma plume de trouver un sens à cette obligation de vivre apportée par la naissance, désirée par d'autres que soi (et parfois n'est-elle même pas désirée). C'est obligé, oui, la Nature a prévu l'instinct de conservation. Pas conne, la salope !
N'étant que très peu nostalgique, je ne suis pas tenté de me resservir sur papier des moments de mon enfance comme si j'y étais encore. J'y recherche des réponses, pas des consolations pour le présent trop souvent inapproprié, faut le masquer un peu, ça l'enjolive. Pis on ne se ment pas trop en réagissant ainsi, c'est plus de la légitime défense que de la manipulation. |
| | | LiseCC
Nombre de messages : 28 Date d'inscription : 13/12/2008
| Sujet: Tu es pardonné Mar 30 Déc - 13:49 | |
| ... tout ( ou presque ) est permit à celui/celle qui sait créer. A toi de jouer, Bil.. hmm.. Cousin ! Mais écris, c'est tout ce qu'on te demande, bon'yeu ! | |
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