La guerre engagée par
l’armée israélienne contre Gaza révèle, une fois encore,
l’extraordinaire sauvagerie de cette armée qualifiée par les
propagandistes de « la plus morale du monde ». Ces
agressions barbares contre le peuple palestinien sous
occupation ne seraient pas possibles sans la complicité de
nos Etats démocratiques et de journalistes ignorants ou
malhonnêtes. Cette impunité que l’on accorde à Israël est
intolérable. Il n’y a jamais aucun respect du droit
international quand il s’agit de victimes arabes et
musulmanes.Silvia Cattori a pu joindre, à Gaza où il
réside avec sa famille, le journaliste palestinien Rami
Almeghari, 31 ans (*) La situation ici est
très, très dangereuse. Indescriptible. Même nous, reporters
journalistes, nous n’arrivons plus à suivre les nouvelles.
Elles arrivent alarmantes seconde après seconde. Je fais de
mon mieux pour savoir ce qui se passe dans les différentes
zones.
C’est une vraie guerre.
Une guerre très épuisante et traumatisante
psychologiquement. L’invasion terrestre a frappé d’abord le
nord de Gaza. C’est à Jabaliah qu’il y aurait eu les plus
violents combats.
Toutes les communications
sont coupées ; tout le réseau de communication de Gaza été
endommagé. Je peux communiquer un peu car je suis branché
sur un générateur électrique.
C’est une véritable
catastrophe ! Nous sommes immobilisés à l’intérieur de nos
foyers. Tout est paralysé. Il n’y a rien qui bouge, hormis
les ambulances qui transportent les morts et les blessés qui
peuvent être évacués. C’est une situation désastreuse et
personne ne peut savoir ce que cela va encore réserver.
Ils sont toujours en
train de bombarder et de tout raser. Les autorités d’Israël
ont dit qu’elles allaient encore engager plus de troupes.
Comment ces gens qui disent être civilisés peuvent-t-ils se
conduire de la sorte ? Quel genre de civilisation est-ce ?
Question :
Le mouvement Hamas peut-il communiquer avec la population ? Ce n’est pas un
gouvernement : Gaza, ce n’est pas un pays. Israël et la
communauté internationale ont empêché le Hamas, une fois
élu, d’avoir un réel gouvernement et des moyens de faire
fonctionner les institutions. Il a fait du mieux qu’il a pu
avec le peu de moyens dont il dispose.
Nous sommes nés ici ;
nous ne pouvons pas partir ; nous n’allons pas partir, même
s’ils tirent au-dessus de nos têtes et détruisent nos
maisons.
Question :
Si les Egyptiens ouvrent la porte n’allez-vous pas vous
enfuir ? Je ne partirais pas. Où
aller ? Là où le régime égyptien va me torturer ? Me
réprimer encore plus que les Israéliens ? C’est un régime
très répressif.
Question :
Etes-vous pessimiste ? Je ne suis jamais
pessimiste. Je sais qu’au bout de ce tunnel on verra enfin
la lumière.
Question :
Je suis assez peinée et honteuse car mon gouvernement ne
réagit pas en faveur de la justice à Gaza ! Votre gouvernement seul
doit se sentir coupable. Pas vous. Nous savons qu’il y a,
au-dehors, de nombreuses personnes humaines qui sont à nos
côtés.
Ce qui se passe est une
effroyable injustice. C’était une terrible injustice faite
aux Palestiniens !
Déjà, dès 2004, l’armée
israélienne a utilisé des bombes à l’uranium appauvri. Cela
a été publié. Mais aucun Etat n’a jamais condamné Israël.
Maintenant, c’est
pareil [
1].
Personne parmi les gouvernements ne se soucie de nous, comme
si nous, les Palestiniens, venions d’une autre planète,
comme si nous n’étions pas des humains.
Tout cela nous frappe si
durement parce qu’un mouvement religieux est arrivé au
pouvoir par les urnes ! C’est vraiment paradoxal !
Que ceux qui nous
gouvernent soient islamiques ou pas, la Palestine représente
une situation unique qui devrait être traitée avec tact.
Très délicatement.
Mais les pouvoirs qui
participent à notre écrasement ne veulent pas l’entendre, ne
veulent pas nous traiter avec compréhension.
Malheureusement pour
nous, il y a des gouvernements arabes et des partis
palestiniens [le Fatah et les autorités corrompues de
Ramallah financées par l’Union européenne et les Etats-Unis,
nda] qui aident l’occupant à nous écraser.
Propos recueillis par Silvia Cattori (*) Rami Almeghari écrit
actuellement pour plusieurs medias, dont
The
Palestine Chronicle ,
aljazeerah.info ,
IMEMC.org ,
The
Electronic Intifada et
Free Speech Radio
News . Il a aussi été traducteur d’anglais et rédacteur
en chef du centre international de la presse du
Service palestinien d’information basé à
Gaza.