Sri Lanka : le chef des Tigres tamouls encerclé avec ses combattantsVelupillai
Prabhakaran, le chef des Tigres tamouls, est toujours à la tête de ses
troupes encerclées par l'armée du Sri Lanka, selon des responsables
tamouls ayant fait défection, tandis que des dizaines de milliers de
civils restent prisonniers des combats.Selon un porte-parole des
Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), qui s'est rendu mercredi
aux troupes gouvernementales, le chef des Tigres s'apprête à livrer une
dernière bataille, a annoncé vendredi le général Shavendra Silva à des
journalistes.Le porte-parole des Tigres a assuré "que
Prabhakaran vivait à l'intérieur (du périmètre où sont retranchés les
Tigres, ndlr) et qu'il y resterait jusqu'au dernier moment", a ajouté
le général. "Mais, même à la dernière minute, il tentera de
s'échapper", a précisé le général.Acculé et invisible depuis 18
mois, Tigre numéro un, comme on le surnomme, est depuis plus de 30 ans
à la tête d'une guérilla sanglante et jusqu'au-boutiste. Comme leur
chef, les principaux cadres des "Tigres", préférant mourir plutôt que
se rendre, portent une pastille de cyanure.Face à la vaste
offensive des forces gouvernementales, de nombreux combattants rebelles
veulent aujourd'hui se rendre, a ajouté le général Shavendra Silva, qui
s'exprimait devant des journalistes transportés en avion, puis en
hélicoptère à Kilinochchi, l'ancienne "capitale" politique des Tigres
tamouls, dans le nord du pays, à 330 km de la capitale du Sri Lanka,
Colombo.A Kilinochchi, l'armée a montré aux journalistes des
mortiers et d'autres armes saisies aux rebelles avant de les conduire à
Puttumatalan, à 1h30 de route, tout près de la zone de combat, d'où des
explosions pouvaient être entendues. Plus de 6.500 civils ont
probablement été tués et 14.000 blessés depuis le début de l'année dans
les combats, selon des estimations de l'ONU communiquées vendredi à des
diplomates.Selon Catherine Bragg, sous-secrétaire générale de
l'ONU pour les affaires humanitaires, environ 50.000 civils sont
coincés dans la zone des combats, tandis que 95.000 personnes ont pu
rejoindre les camps de réfugiés.L'armée du Sri Lanka a quant à
elle évalué à entre 15.000 et 20.000 le nombre des civils toujours pris
au piège dans l'étroit périmètre où les rebelles tamouls sont encerclés
par les forces gouvernementales.Vendredi, le secrétaire indien
aux Affaires étrangères, Shivshankar Menon, et le conseiller à la
sécurité, M. K. Narayanan, ont eu des entretiens à Colombo avec le
président Mahinda Rajapakse. Selon New Delhi, les deux émissaires
devaient souligner la gravité de la crise humanitaire.Selon des sources officielles, New Delhi n'a pas appelé directement à un cessez-le-feu.Jeudi,
le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a annoncé l'envoi immédiat
d'une équipe humanitaire des Nations unies sur place.Mais l'idée a de nouveau été rejetée vendredi par Colombo."Il
n'y a pas besoin d'envoyer dans ces zones des équipes étrangères", a
déclaré à des journalistes le ministre des droits de l'Homme, Mahina
Samarasinghe."Il y a déjà là-bas une opération militaire visant
à secourir des civils", avait dit à la BBC le ministre sri-lankais de
la Défense Gotabhaya Rajapakse.Selon le Comité international de
la Croix-Rouge (CICR), les combats ont fait "ces derniers jours des
centaines de morts et de blessés" civils."Ces tueries doivent
cesser. Le gouvernement srilankais a la responsabilité de protéger ses
propres citoyens et les LTTE doivent mettre un terme à leur tentative
barbare de retenir en otages des civils", a martelé jeudi le ministre
indien des Affaires étrangères, Pranak Mukherjee.L'Inde, engagée
dans un long processus électoral, est très soucieuse de répondre aux
inquiétudes des 50 millions de Tamouls de l'Etat du Tamil Nadu (sud).