Une page de plus au livre du père lachaise
ahhh que j'ai aimé ce lieu dès toute jeune,
n'ayant jamis lu quoique ce soit sur
les mythes etc..
C'est vrai c'est pas un cimetière,
C'est pas mort,
c'est plein de vie.Bashung est inhumé en belle compagnie. Près de lui, Chopin, Desproges, Petrucciani… | Alain
Bashung a été inhumé vendredi au cimetière du Père-Lachaise. Balade
dans la dernière demeure du chanteur français, décédé d'un cancer à
l'âge de 61 ans.PHILIPPE DUBATH | La sépulture de Frédéric Chopin, la plus fleurie du
Père-Lachaise, se situe à quelques pas de la tombe d’Alain Bashung. Le
cimetière, grand de 43 hectares, est aussi appelé Cimetière de l’est.
Le
Père-Lachaise (qui tient son nom d’un des jésuites qui en fut
propriétaire, au XVIIe siècle) est-il un parc, un musée, un village, ou
même… un cimetière comme le croient tous les gens qui le visitent?
Disons plutôt qu’il est un livre, qui accueille depuis 1804 les gens
simples comme les célébrités, pourvu que les uns et les autres résident
à Paris. Alain Bashung, depuis hier, est dans le livre. Avenue de la
Chapelle, vingtième division.
Cette semaine, pour façonner l’ultime maison du chanteur, les
ouvriers ont défait avec précaution une tombe très ancienne, très
fanée, qui ne recevait plus ni fleurs ni prières depuis bien longtemps.
Mercredi matin, 18 mars, tandis que les ouvriers travaillaient à ce
petit chantier,
il faisait tout doux, tout printanier sur les pavés
du Père-Lachaise. Pas un temps à mourir, mais un temps à se balader
dans le livre. Il suffit de marcher et de regarder.
Tout le monde n’est pas célèbre, ici, mais tout le monde semble
avoir été inspiré par la tristesse, par le mystère, par l’amour. Une
tombe, là, affiche simplement: «Ici reposent les deux frères». Pas de
nom de famille. Deux frangins, c’est tout. Ensemble. Un peu plus loin,
le modeste rectangle de granit de Louis Vigneron, dit l’homme-canon,
bête de foire et champion de boxe française au XIXe siècle. On arrive
chez Jim Morrison. La tombe, rénovée il y a quelques années, est
entourée de barrières, on ne veut plus ici de junkies ou de bagarres.
Les visiteurs ne s’arrêtent plus que quelques secondes, et tournent le
dos au mythe qui s’essouffle. Devant les tombes de Molière et de La
Fontaine, des enfants jouent à traduire les chiffres romains. Selon la
petite fille, Molière est mort en 1968. La maman sourit. On peut aussi
sourire en voyant que le marbrier qui signe pas mal de tombes, ici,
s’appelle Lecreux. Sur la tombe de Monsieur Quenouille, on lit ceci: «A
mon époux regretté et à sa chère épouse.» Quelle histoire, derrière ces
neuf mots?
On se perd vite dans le Père-Lachaise. Allées, contre-allées,
transversales, chemins. Les 18 kilomètres de pavés se ressemblent, et
pour s’y retrouver, on ne saurait guère se fier aux chats qui passent,
se glissent entre les tombes, se goinfrent de soleil, indécents, sous
les croix et sur les dalles. Deux dames les nourrissent, les attrapent,
les stérilisent, gèrent cette population à demi-sauvage. On ne suit
donc pas les chats, mais on peut soit se fier au plan (2 euros à
l’entrée, ce n’est pas volé, il est précieux), soit se laisser
embarquer en chemin par des personnes aimables qui ne demanderont pas
de sous, mais ne refuseront pas un pourboire, et qui connaissent le
cimetière par cœur. Elles guident, renseignent, racontent. Elles sont
des livres dans le livre.
Voilà la tombe de Marcel Proust. Sur le marbre noir, une fleur
dessinée et un petit billet écrit à la main: «Tu resteras toujours le
maître du temps. Avec tout mon amour et mon admiration. Mélissande» .
Un Américain s’agenouille, lit, photographie. Voilà la tombe de Piaf.
Incontournable. Chaque jour assaillie par les visiteurs et les fleurs.
Annie s’en occupe comme ça, par passion, elle aime les gens et les
cimetières et Piaf. Elle est fleuriste, alors elle arrange les fleurs.
Juste à côté, Henri Salvador. Tout près, mais il faut le savoir,
Modigliani. Un tendre dessin pour lui, aussi. Et un pinceau. Qui sera
remplacé par d’autres quand il sera volé. Car des gens volent, ici. Un
vase, une sculpture, une porte de chapelle.
Au coin de l’avenue des étrangers morts pour la France, Allan
Kardec. Mage, gourou, guérisseur, cent quarante ans après sa mort il
est avec Chopin le plus fleuri du cimetière. Les gens de toutes
conditions viennent devant la tombe de l’inventeur du spiritisme le
cœur plein d’espoir, touchent l’épaule gauche du buste, et font leur
vœu. Voilà Bécaud, et ses pots de fleurs habillés de tissu à pois,
comme ses cravates. Cette douce attention est signée Annie. Toute
proche, Marie Trintignant. Photographies, messages, émotion
contemporaine. «Il y avait aussi un petit buste de rien du tout qui a
été volé», dit Annie.
Repartons vers Bashung. Le rocker sera en bonne compagnie, car à
vingt pas de lui, voilà Chopin, justement. Une montagne de fleurs pour
la tombe romantique. Et Desproges. dont la modeste tombe a dû être
entourée d’une petite barrière, pour éviter que les gens occupés à
photographier Chopin ne l’écrasent. Petrucciani, aussi, non loin de
Bashung. C’est sûr, Bashung ne mourra plus. Il se reposera, et
conversera, ce sont les légendes du Père-Lachaise qui le disent, avec
ses voisins. Ça promet.
bon, je file..
ménage fait,
reste moi à reccurer,
avant l'arrivée de mes amis
dans des circonstances hards.
bises